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L’histoire pour le plaisir

Les Phéniciens (1ère partie)

lundi 18 janvier 2021, par lucien jallamion

Les Phéniciens : peuple de marins ou de marchands ?

De la même façon que les Vikings [1] ont été contraints au voyage du fait de la rudesse de leur climat et de leur pays

les Phéniciens seront pratiquement jetés à la mer par le relief même de leur contrée. Correspondant grossièrement au Liban actuel, la Phénicie formait une étroite bande de terre bordée par de hautes montagnes d’un côté et par la Méditerranée de l’autre. Logiquement, donc, c’est vers la mer que leurs regards vont se tourner, d’où la vocation quasi obligatoire de marins qu’auront les Phéniciens. Mais contrairement aux Vikings, les Phéniciens ne seront jamais de grands marins. Pas plus que leur conquête, purement commerciale, ne deviendra politique ou militaire, n’entraînant, de fait, aucun apport réel de leur civilisation.

Vraisemblablement originaires des côtes du golf Persique et de l’Arabie du Sud, ceux qui allaient constituer le peuple phénicien sont des sémites dont on ne sait quasiment rien. Soumis à de multiples influences, les Phéniciens n’ont même pas de nom, celui employé étant tout simplement un terme d’origine grec signifiant hommes rouges. Un terme qui venait de la commercialisation de la murex [2] qui, au 2ème millénaire avant jc, servait à produire la couleur pourpre.

Les principales cités phéniciennes, Tyr [3], Sidon [4], vont rapidement devenir des plaques tournantes du commerce méditerranéen, aussi bien par voix de terre que par voix de mer. Les épices, les pierre précieuses, les parfums, l’or, les étoffes précieuses provenant aussi bien d’Arabie que du Caucase ou d’Afrique, tout passait entre les mains des commerçants phéniciens. Des commerçants qui, lorsqu’ils utilisaient la voix des mers, se limitaient presque exclusivement au cabotage, comme le prouvent d’ailleurs les multiples comptoirs qu’ils créeront en Méditerranée. Chypre [5], Carthage [6], Cadix sont au nombre de ceux-là. S’il faut y voir un essor admirable, un sens du commerce inégalé à l’époque, difficile de voir dans les Phéniciens un peuple de navigateurs.

Relais d’autres civilisations, maîtres du commerce et donc des richesses, les Phéniciens vont être en proie aux désirs de peuples plus conquérants. Leur déclin, cependant, a autant à voir avec ces velléités de conquêtes qu’avec le manque de cohésion de ce peuple, qui a essaimé à travers toute la Méditerranée. Et ce n’est guère qu’à travers Carthage, fondée par Tyr et Sidon, que se perpétuera le monde phénicien.

Pour voir Les Phéniciens (2ème partie cliquez)

P.-S.

Source : Histoire antique, Histoire orientale par Mathilde Dumas.

Notes

[1] Les Vikings sont des explorateurs, commerçants, pillards mais aussi pirates scandinaves au cours d’une période s’étendant du 8ème au 11ème siècle, communément nommée âge des Vikings. Par extension, on emploie le terme en français pour désigner la civilisation scandinave de l’âge du fer tardif, c’est-à-dire à partir de la fin du 2ème siècle à l’âge du fer romain. Ils sont souvent appelés Normands, c’est-à-dire étymologiquement « hommes du Nord », dans la bibliographie ancienne.

[2] Le nom vernaculaire murex a été directement emprunté au mot latin murex qui, dans l’Antiquité, désignait les mollusques gastéropodes dont on extrayait la pourpre.

[3] Tyr se situe dans la Phénicie méridionale, à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth et à 35 km au sud de Sidon, presque à mi-chemin entre Sidon au nord et Acre au sud, et à quelques kilomètres au sud du Litani.

[4] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’antiquité la capitale incontestée de la Phénicie. La ville était construite sur un promontoire s’avançant dans la mer. Ce fut le plus grand port de la Phénicie sous son roi Zimrida, au 18ème siècle.

[5] L’île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L’histoire de Chypre fut très mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.

[6] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,