Eudes 1er de Champlitte dit le Champenois (vers 1123-vers 1187)
Seigneur de Champlitte-Vicomte de Dijon
Il est un prétendant au titre de comte de Champagne [1]. Fils illégitime du comte de Champagne Hugues 1er et d’Isabelle/Elisabeth de Bourgogne fille du comte de Bourgogne [2] Étienne 1er et de Béatrice de Lorraine fille du duc de Lorraine [3] Gérard 1er.
A sa naissance en 1123, le comte de Champagne Hugues 1er ne reconnaît pas sa légitimité et le chasse avec sa mère. En 1125, Hugues 1er décide de devenir Templier [4]. Il déshérite alors Eudes et lègue le comté de Champagne à son neveu Thibaut II de Champagne ou Thibaut de Blois.
Eudes est alors recueilli par sa famille maternelle et devient seigneur de Champlitte [5] qu’il tient probablement du chef de sa mère Isabelle ou de la libéralité de son oncle Renaud III , comte de Bourgogne. Il entre également en possession de celles de Port-sur-Saône [6] et Champvans [7].
Il prendra le surnom d’Eudes le Champenois en mémoire de sa naissance et des prétentions qu’il avait au comté de Champagne.
Vers 1137, son mariage avec Sybille de La Ferté [8] fait entrer le titre de vicomte de Dijon dans la maison de Champlitte-Pontailler [9].
En 1143, ses prétentions semblent pouvoir se réaliser. Le roi de France Louis VII le Jeune est en guerre avec le comte Thibaut II de Champagne et s’empare de la ville de Vitry [10] et place Eudes le Champenois en possession de cette ville, probablement dans le but de lui donner par la suite le comté de Champagne tout entier. Toutefois, la paix entre le roi et le comte est restaurée et Eudes est obligé de rendre la ville.
En 1148, à la mort de son oncle Renaud III de Bourgogne, le comté de Bourgogne revient à Béatrice 1ère de Bourgogne, qui épouse 8 ans plus tard l’empereur Frédéric Barberousse.
Eudes devient alors le cousin par alliance de l’empereur germanique qui lui accorde l’usufruit de trois fiefs provenant de la succession de Renaud III : Quingey, Isle-sur-le-Doubs, et Loye.
En 1171, il accompagne le duc de Bourgogne Hugues III et le comte de Sancerre [11] Étienne 1er en pèlerinage en Terre Sainte.
Notes
[1] Le comté de Champagne et de Brie est issu de la réunion des terres de la dynastie des Thibaldiens, c’est-à-dire la branche issue de Thibaut « le Tricheur » (Thibaud 1er de Blois) : comté de Meaux, comté de Troyes. Le comté de Champagne est rattaché au domaine royal par le mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, et du dauphin Philippe le Bel en 1284. Le rattachement est rendu définitif par leur fils Louis X le Hutin.
[2] Le comté de Bourgogne, appelée aussi Franche Comté de Bourgogne était un important comté fondé en 986 par le comte Otte-Guillaume de Bourgogne et dont le territoire correspond aujourd’hui approximativement à l’actuelle région de Franche-Comté. Il avait pour capitale Dole (château de Dole) et était gouverné du 10ème au 17ème siècle par les comtes palatins de Bourgogne. Ce comté est formé par la réunion des quatre circonscriptions administratives carolingiennes (pagi bourguignons) : l’Amous (région de la Saône, de l’Ognon et du Doubs), l’Escuens (région de Château-Chalon), le Portois (région de Port-sur-Saône) et le Varais (région enserrée dans le « M » que forme le tracé de la rivière le Doubs).
[3] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.
[4] L’ordre du Temple était un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge, dont les membres étaient appelés les Templiers. Cet ordre fut créé à l’occasion du concile de Troyes, ouvert le 13 janvier 1129 à partir d’une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Il œuvra pendant les 12ème et 13ème siècles à l’accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête ibérique. Afin de mener à bien ses missions et notamment d’en assurer le financement, il constitua à travers l’Europe chrétienne d’Occident et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies. Cette activité soutenue fit de l’ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l’époque, le menant même à effectuer des transactions sans but lucratif avec certains rois ou à avoir la garde de trésors royaux. Après la perte définitive de la Terre sainte consécutive au siège de Saint-Jean-d’Acre de 1291, l’ordre fut victime de la lutte entre la papauté et le roi de France, Philippe le Bel. Il fut dissous par le pape Clément V le 13 mars 1312 à la suite d’un procès en hérésie.
[5] Champlitte est une commune située dans le département de la Haute-Saône. Les quartiers d’habitation se fixent à l’intérieur de la forteresse, dans la basse-cour, le bourg se développe dans la vallée, entre le château et le pont ; les halles et les murs sont mentionnés depuis 1252 : le fossé est le premier obstacle à franchir pour celui qui vient de l’extérieur, il peut mesurer entre 15 et 20 mètres et derrière le fossé se trouve le rempart à l’origine certainement en bois. La proximité du château assure la protection des activités marchandes et artisanales. La ville va ensuite se peupler de monastères. La seigneurie de Champlitte appartient ensuite à une branche cadette de la maison de Vergy, et la ville prospère sous la protection des sires de Vergy.
[6] Port-sur-Saône est une commune située dans le département de la Haute-Saône. La ville de Port-sur-Saône a été fondée sous le nom de Port Abucin. Une voie romaine passait sur le site de Port. Par la suite, Port-sur-Saône devient la capitale du comté de Port, vaste territoire qui correspondait approximativement à l’actuel département de la Haute-Saône. Au 13ème siècle, Jean III de Vergy possédait la moitié des terres de Port en fief du domaine des comtes de Bourgogne. C’est en 1263 que la comtesse Alix et Hugues de Chalon achetèrent l’autre moitié du village. Port-Sur-Saône fut divisée en deux seigneuries jusqu’en 1789
[7] Champvans est une commune située dans le département du Jura.
[8] Laferté-sur-Aube est une commune située dans le département de la Haute-Marne.
[9] La famille de Champlitte-Pontailler est une vieille dynastie seigneuriale originaire de l’ancien comté de Champagne. Elle possède du 13ème siècle au 17ème siècle, un vaste domaine à cheval sur ce que sont alors le duché et le comté de Bourgogne. Ses membres ont occupé de hautes fonctions civiles, religieuses, ou militaires auprès des ducs de Bourgogne, et des empereurs germaniques.
[10] Vitry-en-Perthois est une commune, située dans le département de la Marne. Vitry fut un site important au Moyen Âge, elle était une seigneurie et un château et d’un bailliage important pour les comtes de Troyes. Elle s’appelait autrefois Vitry-le-Brûlé, après avoir été entièrement détruite par le feu, d’abord par l’armée de Louis VII en janvier 1143, puis en 1544 par les armées de Charles Quint.
[11] Sancerre est une commune française située dans le département du Cher. Sancerre se situe à la limite orientale du département du Cher et de la région Centre-Val de Loire, limitrophe du département de la Nièvre et de la région Bourgogne dont elle est séparée par la Loire. Le canal latéral à la Loire traverse le territoire communal.