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L’histoire pour le plaisir

Joseph Addison

lundi 10 février 2020, par ljallamion

Joseph Addison (1672-1719)

Homme d’État-Écrivain et poète anglais

Portrait de Joseph Addison D'après Godfrey Kneller (National Portrait Gallery, Londres)Il est connu surtout pour avoir fondé avec son ami Richard Steele le magazine The Spectator [1] en 1711.

Né dans le Wiltshire [2], Addison a étudié à Oxford [3]. Sur les bancs de l’université, il se distingua par des poésies latines et composa, à 22 ans, un poème sur la paix de Ryswick [4], qui lui fit obtenir du roi Guillaume III une pension de 300 livres sterling, puis voyagea en France et en Italie, publiant à son retour en 1702, la relation de son voyage, ainsi que des Dialogues sur les médailles.

En 1704, il célébra la bataille de Blenheim [5], dans une ode [6] qui eut beaucoup de succès. Il fut nommé en récompense commissaire des appels ; l’année suivante, il fut fait sous-secrétaire d’État, et accompagna peu après en Irlande, en qualité de première secrétaire, le marquis de Wharton Thomas Wharton , qui venait d’en être nommé vice-roi.

En 1709, et dans les années suivantes, il travailla, avec Richard Steele, à la rédaction du Babillard [7], du Spectateur, dont il fut l’un des fondateurs et dont il fit en partie le succès. Les articles qu’il y inséra en grand nombre sont des modèles de finesse, d’élégance, de bon goût, de pureté de style, et d’une critique saine et judicieuse. Il écrivit également dans Tuteur [8]. Son style est demeuré classique. Sa manière d’écrire, selon Voltaire , est un excellent modèle en tout pays.

Il a été moins heureux au théâtre. Son opéra Rosemonde premier essai d’un drame lyrique en langue anglaise, n’eut aucun succès. En 1713, il fit représenter Caton, tragédie dans le genre classique qui eut une vogue extraordinaire, mais due en partie aux circonstances politiques. Il la fit suivre, en 1715, d’une comédie moins connue, le Tambour [9], œuvre spirituelle, mais de peu d’effet. Il rédigeait en même temps des journaux et des pamphlets politiques, tels que le Whig Examiner, le Free-Helder [10].

Après la mort de la reine Anne, il revint aux affaires et fut élevé, en 1717, au poste de secrétaire d’État, mais peu propre à de telles fonctions, il ne tarda pas à démissionner. On lui a donné une pension de 1 500 livres sterling en dédommagement.

Dans sa retraite, il entreprit une Défense de la religion chrétienne, mais ne put l’achever. Comme poète, il se distingue par l’élégance et la grâce, mais il ne va pas au-delà.

En politique, il était attaché au parti whig [11] et eut de puissants protecteurs dont Charles Montagu. Il était lié avec les plus grands écrivains de son temps particulièrement avec Richard Steele et Congrève . Ses œuvres ont été publiées en 1761 à Birmingham [12], et en 1856 à Londres. Presque tous ses écrits ont été traduits en français, notamment Philippe-Charles Aubry .

La dernière partie de la vie d’Addison n’a pas été sans problèmes. En 1716, après avoir travaillé comme précepteur pour son fils, il a épousé Charlotte, comtesse douairière de Warwick, femme orgueilleuse qui ne l’a pas rendu heureux. Elle était arrogante et impérieuse tandis que son beau-fils, Edward Rich , était un débauché hostile.

Sa carrière politique continua, et il fut secrétaire d’État au département du Sud de 1717 à 1718. Son journal politique, The Freeholder, fut très critiqué et Alexander Pope , dans Une Épître au Dr Arbuthnot, en fit un objet de dérision, le nommant Atticus, et le comparant à un additionneur, prêt à blesser, et craint cependant de frapper.

La timidité d’Addison en public a limité son efficacité en tant que député. En 1718, il a été contraint de démissionner de son poste de secrétaire d’État en raison de sa mauvaise santé, mais il est resté député jusqu’à sa mort à Holland House, à Londres, le 17 juin 1719 à 48 ans. Il a été enterré dans l’abbaye de Westminster [13].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre Larousse Grand dictionnaire universel du xixe siècle

Notes

[1] The Spectator est un journal quotidien de 1711-1712, fondé en Grande-Bretagne par Joseph Addison et Richard Steele, qui avaient fait connaissance à Charterhouse School. Eustace Budgell, un cousin d’Addison, y contribua également. Richard Steele avait créé en 1709 un premier journal appelé le Tatler, qui a duré 2 ans auquel collabore aussi Joseph Addison. Chaque numéro du Spectator comprenait à peu près 2 500 mots. La première série comptait 555 numéros. L’ensemble fut réuni en sept volumes. Le journal recommença à paraître en 1714, sans Steele, au rythme de 3 parutions par semaine durant 6 mois. Ces textes forment le huitième volume de l’édition en livres. En dépit d’un modeste tirage d’environ 3 000 exemplaires, The Spectator connut un grand succès.

[2] Wiltshire est un comté cérémonial du sud-ouest de l’Angleterre. Il est bordé par les comtés d’Hampshire, Dorset, Somerset, Gloucestershire, Oxfordshire et Berkshire. Son chef-lieu administratif est Trowbridge, située à l’ouest du comté. Le comté est renommé pour les pierres de Stonehenge, l’énorme cromlech d’Avebury et la cathédrale de Salisbury.

[3] The College of All Souls of the Faithful Departed, of Oxford, mieux connu sous le nom de All Souls College, est l’un des collèges constitutifs de l’université d’Oxford, au Royaume-Uni. All Souls est un collège tout à fait singulier à Oxford car tous ses membres sont automatiquement fellows, c’est-à-dire membres du conseil dirigeant le collège. Chaque année, parmi les undergraduates (étudiants préparant le bachelor’s degree) qui passent leur diplôme de fin d’études, ceux ayant les meilleurs résultats sont invités à passer un concours particulier pour devenir fellow d’All Souls. Deux seulement sont élus chaque année. C’est pourquoi être fellow d’All Souls est vu au Royaume-Uni comme l’un des plus grands honneurs universitaires.

[4] Les traités de Ryswick signés les 20-21 septembre 1697 à Ryswick, ville hollandaise des faubourgs de La Haye, mirent fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre Louis XIV et la Grande Alliance.

[5] La deuxième bataille de Höchstädt , également appelée bataille de Hochstett ou encore bataille de Blenheim, livrée le 13 août 1704, fut une bataille majeure de la guerre de Succession d’Espagne.

[6] The Campaign

[7] Tatler (en français : « le babillard ») est un journal satirique anglais fondé en 1709 et disparu en 1711. Lancé par Richard Steele pour faire écho aux discussions politiques et littéraires tenues dans les cafés londoniens, il compte 271 numéros, et eut comme contributeurs le dramaturge Joseph Addison et l’écrivain Jonathan Swift. Dès 1707, Richard Steele était rédacteur en chef de la London Gazette, journal officiel du parti Whig, premier d’une série de journaux auxquelles il fut amené à collaborer, avant de créer deux ans après sa propre publication. Publié trois fois par semaine, le journal Tatler sort sous première version du 12 avril 1709 au 2 janvier 17112. Richard Steele sous le nom de plume d’« Isaac Bickerstaff », personnage fictif créé un an plus tôt par l’écrivain Jonathan Swift, autre collaborateur du journal. Soucieux d’être à l’écoute de toutes les petites nouvelles et rumeurs, il poste un journaliste dans chacun des cafés londoniens, parmi lesquels le White’s, le Will’s, le Grecian Coffee House et le Saint-James’s Coffee House. Addison et Steele ont instauré au sein du journal un nouveau style d’écriture appelé equitone, consistant à respecter une même perspective et un même ton tout au long du journal, en tendant à un effort d’objectivité. En mars 1711, Richard Steele et Joseph Addison, liquident le Tatler puis fondent un nouveau journal, The Spectator

[8] périodique, où la littérature, la morale et la politique étaient traitées d’une manière supérieure

[9] imitée par Destouches

[10] le Franc-Tenancier

[11] Le parti Whig est un parti politique apparu au 17ème siècle en Angleterre qui, à compter de la fin du 17ème siècle, militait en faveur d’un parlement fort en s’opposant à l’absolutisme royal. Il s’opposait au parti Tory de l’époque.

[12] Birmingham est une ville et un district métropolitain des Midlands de l’Ouest au centre de l’Angleterre. C’est la deuxième ville la plus peuplée du Royaume-Uni après Londres et avant Manchester. Dès le 16ème siècle, le commerce du minerai de fer et du charbon y font s’établir les industries des métaux. À l’époque de la guerre civile anglaise au 17ème siècle, Birmingham était devenue une ville industrielle importante. La fabrication des armes y est devenue une spécialité et a été concentrée dans le secteur connu comme le quartier « Gun ». Au cours de la révolution industrielle (à partir du milieu du 18ème siècle), Birmingham a cru rapidement et a prospéré.

[13] L’abbaye de Westminster est l’un des édifices religieux les plus célèbres de Londres. Sa construction date pour l’essentiel du 13ème siècle, sous Henri III. C’est le lieu de sépulture d’une partie des rois et reines d’Angleterre et aussi des hommes et des femmes célèbres. Le « Coin des poètes » fait honneur aux écrivains du royaume. La quasi-totalité des couronnements des monarques anglais a eu lieu dans cette abbaye. Le vrai nom de l’abbatiale est église collégiale Saint-Pierre. Westminster signifie « abbaye de l’ouest » car celle-ci se situait à l’ouest de la City (en opposition à Eastminster, monastère cistercien qui se trouvait à l’est, au-delà de la tour de Londres, sur le site de l’actuel Royal Mint).