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Siméon de Jérusalem ou Siméon de Clopas

jeudi 29 août 2019

Siméon de Jérusalem ou Siméon de Clopas (mort vers107-117)

Fils de Clopas , 2ème ou 3ème chef de l’Église de Jérusalem après la chute de Jérusalem, de 73 jusqu’à 107/117.

Le précédent dirigeant connu du mouvement est Jacques le Juste mort vers 61/62 et dont Flavius Josèphe mentionne la condamnation, puis la lapidation.

La tradition chrétienne retient que l’apôtre Simon-Képhas [1] aurait lui aussi occupé cette fonction, sans que l’on puisse déterminer si cela a eu lieu avant ou après Jacques le Juste.

Eusèbe de Césarée le dit cousin germain de Jésus, fils de Clopas, celui-ci étant selon lui le frère de Joseph, le père de Jésus, dans un passage qui est une citation de l’historien Hégésippe.

Siméon paraît donc être l’un des cousins de Jésus, et de ses autres frères dont Jacques le Juste, auquel il a succédé à la tête de la communauté nazôréenne [2]. On ne sait si sa mère est Marie Jacobé la femme de Clopas et une demi-sœur de Marie la mère de Jésus , donc s’il est le frère de Jacques le Mineur et de Joset mentionnés dans les évangiles, ou s’il est seulement leur demi-frère.

C’est aussi un cousin germain des apôtres Jean et Jacques de Zébédée, puisque Marie Salomé , la mère des fils de Zébédée, est la troisième fille appelée Marie que Anna , la grand-mère de Jésus, a eue avec son troisième mari Salomé, parfois orthographié Salomas.

Au cours de la révolte juive en 66/70, il aurait abandonné Jérusalem avec une partie de la communauté nazaréenne [3] de la ville pour se réfugier à Pella [4] vers 68, ce qui aurait permis son retour après sa chute et la destruction du Temple en août 70.

Des quelque 40 années pendant lesquelles Siméon a dirigé la communauté de Jérusalem, nous ne savons quasiment rien, sinon que c’est vraisemblablement durant ce dernier quart du 1er siècle que s’élargit la rupture entre les Nazôréens et la communauté juive, notamment avec une nouvelle rédaction de la Birkat haMinim [5] contenant une malédiction à l’égard des hérétiques parmi lesquels les Nazôréens sont inclus.

C’est aussi durant cette période qu’ Eliezer ben Hyrcanos comparaît devant un Légat romain pour hérésie, tout au moins selon le Talmud [6]. Éliezer ben Hyrcanos est visiblement soupçonné d’être un sympathisant du mouvement créé par Jésus, appelé dans les sources juives Yeshu haNotzri [7], ou le plus souvent Jésus ben Pantera, c’est-à-dire Jésus fils de Pantera, ou Pentera.

Il sauve toutefois sa tête car le Légat n’a pas compris le véritable sens des propos tenus en sa présence par Éliezer.

Hégésippe situe le martyre de Siméon sous l’empereur Trajan, lors de l’année consulaire d’Atticus et à l’époque du soulèvement des populations dans certaines villes. Il en fournit deux récits qu’Eusèbe de Césarée nous a transmis. Dénoncé comme Davidique et Chrétien par des hérétiques anonymes, arrêté et torturé, il serait mort crucifié à l’âge de 120 ans.

Le successeur de Siméon est appelé Justus [8] dans la plupart des sources. Il est toutefois désigné sous le nom de Judas chez Épiphane de Salamine ainsi que dans la liste des Constitutions apostoliques

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d’origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006,

Notes

[1] Simon-Pierre

[2] judéo-chrétienne

[3] Les Nazôréens ou Nazaréens sont un groupe religieux juif-messianiste mal connu, attesté de manière indirecte à partir de la seconde moitié du 1er siècle. Ce groupe a la particularité de reconnaître en Jésus le Messie tout en continuant à pratiquer les préceptes de la loi juive. Pour une branche de la recherche, les Nazôréens reconnaissent la messianité de Jésus, qu’ils qualifient de « serviteur de Dieu », mais pas sa divinité. Tertullien (début du 3ème siècle), indique que nazaréen était la plus ancienne dénomination des disciples de Jésus. Le groupe désigné sous le terme de Nazôréens au 1er siècle constitue probablement la première communauté connue de disciples de « Jésus le Nazôréen » (aussi appelé dans les évangiles « Jésus le Nazarénien »), celle de Jérusalem dont ils sont les représentants les plus importants, au moins jusqu’à la destruction du Temple en 70. Leurs dirigeants les plus notables sont très célèbres puisqu’ils appartiennent au groupe des douze apôtres.

[4] Pella est une ville antique de la plaine centrale de Macédoine, entre le Loudias et l’Axios, sur une colline surplombant dans l’Antiquité un lac marécageux : cette cité de peuplement mixte gréco-barbare passe sous le contrôle des rois téménides dès le début du 5ème siècle av.jc, mais ne sort de l’obscurité qu’en devenant leur résidence habituelle, à une époque où le royaume est en pleine expansion vers l’Est aux dépens des Thraces et de la Ligue de Chalcidique. Elle devient ainsi la capitale du royaume de Macédoine à partir du début du 4ème siècle av. jc en supplantant Aigéai, et conserve ce rôle à l’époque hellénistique, pour le royaume antigonide.

[5] La bénédiction pour les hérétiques est la douzième bénédiction de la prière des dix-huit bénédictions. La birkat haMinim est une imprécation à l’encontre des peroushim ("séparés, dissidents") et des malshinim (« dénonciateurs »), appelant à leur prompte disparition. Reformulées vers la fin du 1er siècle dans le contexte de l’Académie de Yabneh, elle vise alors aussi les minim (« hérétiques ») et spécifiquement les notsrim (les nazôréens), un groupe juif qui reconnaissait Jésus comme Messie. Cette mention des notsrim, se retrouve dans de multiples versions très anciennes. Cette malédiction que les notsrim étaient obligés de prononcer contre eux-mêmes a contribué à les exclure de la synagogue et à créer une orthodoxie, alors qu’avant la destruction du Temple de Jérusalem en 70, le judaïsme était d’une extrême diversité. Dans un but polémique, qui a parfois par la suite justifié des persécutions, les pères de l’Église ont prétendu qu’elle visait les chrétiens dans leur ensemble, alors que la formulation minim visait l’ensemble des groupes juifs jugés déviants par le mouvement des rabbins en formation et que la formulation notsrim visait les Juifs qui reconnaissaient Jésus comme Messie et pas les chrétiens de la « Grande Église ».

[6] Le Talmud est l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique et la base de sa Halakha (« Loi »). Rédigé dans un mélange d’hébreu et de judéo-araméen et composé de la Mishna et de la Guemara, il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive telle qu’exposée dans la Bible hébraïque et son versant oral, abordant entre autres le droit civil et matrimonial mais traitant au détour de ces questions de points d’éthique, de mythes, de médecine, de génie et autres. Divisé en six ordres (shisha sedarim, abrégé Sha"s), il existe deux versions du Talmud, dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone.

[7] Jésus le Nazoréen

[8] le Juste