Donald (8ème comte de Mar) dit Donald II de Mar (vers 1293-1332
8e comte de Mar de 1305 à 1332-Régent du royaume en 1332
Fils de Gartnait , 7ème comte de Mar [1] qui meurt en 1302 alors que son héritier est encore un enfant. Bien qu’il soit généralement considéré que la mère de Donald, est Christina Bruce , la sœur du futur roi Robert 1er.
Quand Robert Bruce, encore comte de Carrick [2], se soumet au roi Edouard 1er d’Angleterre en 1302, les conditions de sa soumission incluent qu’il confie au roi le tutorat et le droit d’organiser le mariage d’un jeune garçon qui est deux fois son neveu ; comme fils de sa sœur et du frère de son épouse.
On peut supposer, que le jeune Donald, qui a succédé à son père en tant que 8ème comte de Mar, en 1305, a assisté au couronnement de son oncle Robert 1er comme roi d’Écosse en avril 1306.
Le jeune homme comme la famille royale est capturé par les anglais peu après sans doute au château de Kildrummy [3], la place forte de son comté prise par Edouard 1er d’Angleterre. Il est envoyé au château de Bristol*, où du fait de son jeune âge on lui épargne d’être incarcéré. Il est élevé dans la maison royale où il sert de page à Édouard de Caernarvon à qui il reste ensuite étroitement attaché.
En 1314, à la suite de la défaite anglaise lors de la Bataille de Bannockburn [4], le comte Donald, comme de nombreux autres prisonniers écossais est libéré. Arrivé à Newcastle [5], il change d’avis et décide de rester dans le pays de son enfance, plutôt que de revenir dans celui de sa naissance. Cette décision a une incidence importante dans le règlement de la succession au trône d’Écosse.
La famille Bruce réclamait le trône du fait de son proche degré de parenté avec David de Huntingdon comme descendants de sa seconde fille Isabelle. Si Donald était bien le descendant d’un sœur aînée du roi Robert 1er, il avait un droit héréditaire supérieur à celui de la fille de Robert, Marjorie ou de son frère Édouard Bruce ; en l’absence de son neveu, le roi Robert 1er qui en 1315 n’avait pas de descendant mâle, désigne comme héritier du trône son frère Edouard Bruce suivi des descendants de sa fille Marjory qui avant épousé Walter Stewart .
Ayant décidé de rester en Angleterre le comte Donald, n’est pas soupçonnable de liens avec les rebelles écossais et bénéfice des faveurs royales. Il reçoit des donations d’Edouard II d’Angleterre.
En 1321 il envisage de se rendre en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle [6] quand débute la révolte contre son ami le roi Édouard II. Il combat bien entendu à ses cotés les rebelles à la bataille de Boroughbridge [7] le 16 mars 1322, et il est présent le 20 octobre de la même année, quand les écossais défont une armée anglaise près de l’abbaye de Byland [8]. Sa loyauté est récompensée par la charge de Connétable [9] du Château de Bristol en 1326. Il demeure en Angleterre jusqu’à la fin 1326 avant la déposition du roi Édouard II le 20 janvier 1327.
Le roi Robert 1er réserve un bon accueil à son neveu et le restaure dans son conté de Mar. Il lui donne même le commandement de bataillons écossais lors de l’invasion de l’Angleterre dite campagne de Weardale [10] d’août-septembre 1327.
Le comte Donald est en Écosse lorsque meurt le roi Robert 1er en 1329. Sa proximité avec la famille royale détermine le fait qu’il soit choisi le 2 août 1332 comme Gardien de l’Écosse pour le compte de son jeune cousin David II Bruce comme successeur de Thomas Randolph 1er comte de Moray [11] malgré les soupçons de collusion avec Édouard Bruce émis par Robert Bruce de Liddesdale , un fils illégitime de Robert 1er.
Au cours de l’été 1332 Edouard Balliol à la tête d’une armée débarque en Écosse et envahit le royaume.
Robert Bruce, choisit ce moment pour accuser ouvertement de trahison le comte de Mar. Donald de Mar veut prouver son patriotisme et proclame qu’il sera le premier à combattre les envahisseurs. Cette décision engendre une attaque male préparée qui se termine par une lourde défaite écossaise le 11 août lors la Bataille de Dupplin Moor [12] où périssent ensemble le nouveau régent, son accusateur Robert Bruce de Liddesdale et plusieurs nobles écossais.
Notes
[1] Comte de Mar est un titre créé plusieurs fois dans la pairie d’Écosse, mais qui fut, à partir du 12ème siècle, un titre porté par les successeurs des mormaers de Mar, seigneurs du territoire de Mar (en anglais Earldom of Mar). Le titre dérive de Marr, l’une des sept provinces originelles de l’Écosse au 9ème siècle. Les terres du mormaer de Mar couvraient alors les territoires des comtés historiques d’Aberdeenshire et Banffshire.
[2] Le titre de comte de Carrick a été créé plusieurs fois dans la pairie d’Écosse, et une fois dans la pairie d’Irlande. En Écosse, la première création intervint autour de 1186, quand Duncan de Galloway (dit aussi Donnchadh de Carrick) fut fait comte de Carrick. Le gros des terres associées à ce titre sont dans l’Ayrshire. Marjorie de Carrick, la petite-fille de Duncan, qui plus tard porta le titre de son propre droit, épousa Robert (VI) de Brus, qui devint plus tard le 6e lord d’Annandale. Leur fils, aussi nommé Robert, et connu en tant que Robert le Bruce, allait ensuite régner sur l’Écosse sous le nom de Robert 1er d’Écosse, rattachant le titre à la couronne. Robert fut aussi créé baron dans la pairie d’Angleterre par acte de sommation en 1295 en tant que Baron Bruce d’Anandale. Le titre s’éteint avec la mort de son frère Édouard, puis de son fils David de Brus en 1371.
[3] Le château de Kildrummy est un château en ruine près de la ville de Kildrummy dans l’Aberdeenshire, région du nord de l’Écosse. Bien qu’en ruine, c’est probablement le château le plus complet du 13ème siècle à avoir survécu dans l’Écosse de l’Est. Il s’agissait du siège des comtes de Mar.
[4] La bataille de Bannockburn est une écrasante victoire de l’armée écossaise menée par Robert Bruce sur les troupes anglaises dirigées par Édouard II d’Angleterre pendant la première guerre d’indépendance écossaise. Elle est marquée par l’utilisation par Robert Bruce de carrés de piquiers nommés schiltrons sur lesquels viennent s’écraser les charges de cavalerie anglaises. Cette bataille entraîne une remise en question tactique de l’armée anglaise, ce qui aura un impact majeur sur les tactiques de combat de la guerre de Cent Ans.
[5] Newcastle upon Tyne, souvent appelée Newcastle, est une ville de la région de l’Angleterre du Nord-Est dans le comté métropolitain de Tyne and Wear située sur la rive nord du fleuve Tyne et capitale du comté historique et traditionnel de Northumberland.
[6] L’archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle est un diocèse d’Espagne dont le siège ecclésiastique est la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle dans la ville du même nom. Le diocèse de Saint-Jacques de Compostelle est l’héritier du diocèse historique d’Iria-Flavia. Par la bulle Bula Onmipotentis dispositione du 27 février 1120, le pape Calixte II élève l’église "compostelane" au rang d’archevêché métropolitain de Saint-Jacques-de-Compostelle en remplacement de celui de Mérida, ce dernier ayant disparu sous le pouvoir musulman. L’archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle est devenu par cette bulle capitale de la Lusitanie et de ce fait les diocèses de Beja, Lisbonne, Ossobona (Faro), Idanha -Dioecesis Ægitaniensis - (Guarda), Coimbra -Dioecesis Conimbricensis-, Viseu, Lamego, Ciudad Rodrigo, Salamanque, Ávila, Evora et le diocèse de Coria sont devenus ses suffragants. Les diocèses du royaume de Galice continuent à être suffragants de l’archidiocèse de Braga jusqu’en 1395, date à laquelle ils deviennent suffragants de l’archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle.
[7] La bataille de Boroughbridge a opposé le 16 mars 1322 les barons rebelles au roi Édouard II d’Angleterre, près de Boroughbridge, au nord-ouest de York. Point culminant de l’antagonisme opposant le souverain anglais à son vassal le plus puissant, le comte de Lancastre, elle se solda par la défaite du rebelle et son exécution. Le roi Édouard pu ainsi réaffirmer son autorité, et conserver le pouvoir pour cinq années encore. Sans vraiment s’inscrire dans les Guerres d’indépendance de l’Écosse, cette bataille est marquante dans l’histoire militaire par l’emploi dans une guerre civile anglaise des tactiques apprises dans les guerres avec l’Écosse : emploi à grande échelle des fantassins plutôt que de la cavalerie, mais aussi utilisation massive de l’arc long anglais ; elle préfigure les victoires anglaises de la guerre de Cent Ans.
[8] La bataille d’Old Byland opposa le royaume d’Écosse et le royaume d’Angleterre le 14 octobre 1322. Elle est aussi appelée bataille de Byland Moor ou bataille de Byland Abbey.
[9] Tirant son nom de son origine de “comte de l’étable”, le connétable a, au Moyen Âge, la charge de l’écurie et de l’organisation des voyages du roi. Au 14ème siècle, sa fonction évolue vers le commandement de l’armée en temps de guerre et le conseil militaire du roi en temps de paix. Du Guesclin, Clisson, Bourbon… font partie des grands connétables de France. Supprimée en 1627, la charge de connétable est rétablie par Napoléon 1er en 1804 pour son frère Louis.
[10] La bataille de Stanhope Park oppose le royaume d’Écosse et le royaume d’Angleterre pendant la nuit du 3 au 4 août 1327.
[11] Le titre de comte de Moray de la pairie d’Écosse succède à celui de mormaer de Moray qui était à la tête du mormaerdom celtique de Moray. Le territoire des mormaers de Moray s’étendait le long de la rive sud du Moray Firth, à partir de la rivière Spey au travers du nord de l’Écosse jusqu’à la côte occidentale du pays. Le Moray était séparé du comté de Ross par la rivière de Beauly.
[12] À la bataille de Dupplin Moor le 11 août 1332, l’armée du prétendant Édouard Balliol et des « déshérités », dirigée par Henri de Beaumont, vainc les forces écossaises, pourtant plus nombreuses.