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Claire-Clémence de Maillé

mercredi 7 mars 2018

Claire-Clémence de Maillé (1628-1694)

Princesse de Condé

Née à Brézé [1], fille d’Urbain de Maillé, marquis de Brézé et de Nicole du Plessis de Richelieu. Son frère aîné, Jean Armand de Maillé, grand maître de la navigation est tué à 27 ans à la bataille d’Orbitello [2].

Elle fut fiancée à 5 ans par son oncle le cardinal de Richelieu à celui qui devint le grand Condé. Sous prétexte d’éducation, elle fut enlevée à sa famille et confiée à Mme Boutillier, femme du surintendant [3], qui lui donna une instruction médiocre.

L’union de sa nièce, demoiselle noble mais non de famille royale, avec un prince du sang permettait au cardinal de caresser l’espoir de placer un membre de sa famille sur le trône de France. D’une part, après 20 ans de mariage, l’union du roi Louis XIII et de la reine Anne était restée stérile. La discorde des époux royaux était patente et attisée par le cardinal.

D’autre part le frère du roi, veuf, n’avait qu’une fille qui ne pouvait monter sur le trône. Il avait épousé en secondes noces la princesse Marguerite de Lorraine mais sans l’autorisation du roi. Le cardinal poussait le roi à ne pas reconnaître la validité du mariage et les époux vécurent longtemps séparés ; le prince vivant en France et la princesse étant réfugiée aux Pays-Bas espagnols [4]. Le couple ne pouvait espérer une descendance.

L’ambitieux cardinal pouvait légitimement penser que le trône reviendrait un jour au futur Louis II de Condé et que sa nièce serait un jour reine de France. Cependant, entre l’époque des fiançailles et le mariage du prince de Condé, le roi avait eu deux fils. Sa santé et celle du cardinal commençaient à décliner. Le cardinal mourut l’année suivante demandant au roi de confier le gouvernement du royaume au cardinal Mazarin. Le roi suivit ce conseil avant de mourir à son tour.

Lorsque Claire-Clémence eut 13 ans, autoritairement, le mariage fut conclu à Milly-le-Meugon [5] et célébré le 11 février 1641 au Palais Cardinal [6]. Son mari, le jeune duc d’Enghien, fier de son sang mais aussi amoureux ailleurs, protesta inutilement contre la violence paternelle.

Jeune mariée de 13 ans méprisée par son mari, Claire-Clémence donna un héritier à la Maison de Bourbon-Condé. Cette maternité précoce ne rapprocha pas les époux.

Lors de la disgrâce au cours de la Fronde, quand son mari fut arrêté et emprisonné au château de Vincennes, elle s’illustra par sa conduite énergique et dévouée, poursuivant la lutte, soulevant ses amis, tenant tête au danger, bravant la colère du roi, les ordres de Mazarin et les menaces populaires.

Pour se rendre au château fort de Montrond [7], le cardinal lui avait tracé un long itinéraire partant de Bordeaux et passant par le Poitou [8], l’Anjou [9] et la Touraine [10]. Elle s’arrête à Milly ; elle y utilise son trop court séjour pour recruter de toutes parts des amis à son époux prisonnier d’État.

Pendant que le fidèle intendant des Condé, Pierre Lenet , parcourt la France et l’Espagne, et met Montrond en état de soutenir un siège en règle qu’il faudra plus d’une année à l’armée française pour le faire lever, Claire-Clémence rassemble autour d’elle ses affidés, leur offre à Milly des fêtes splendides à la faveur desquelles tous les chefs de la Fronde organisent la résistance. Toute la noblesse de la province s’était jointe à elle.

Ces efforts de la courageuse princesse ne purent faire, hélas, que Condé n’ait encore langui de longs mois dans la prison de Vincennes.

La princesse dut se soumettre à la régente et à Mazarin en 1651. Elle rejoignit alors son époux en Flandre espagnole avec son fils, lui donna deux enfants qui moururent en bas âge. Ils ne rentrèrent en grâce qu’en 1660. Ils se réinstallèrent à Chantilly.

Mais, à la suite du scandale provoqué en janvier 1671 par sa liaison avec un valet, le prince fit enfermer son épouse à Châteauroux [11], où elle demeura jusqu’à sa mort, en 1694. Condé meurt en 1686, mais l’enfermement de la princesse sera pérennisé par son propre fils Henri Jules de Bourbon-Condé qui en la circonstance se montrera aussi cruel que son père.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Claire-Clémence de Maillé/ Claire-Clémence de Maillé/ Princesse de sang royal française

Notes

[1] Brézé est une commune française située dans le département de Maine-et-Loire. La seigneurie dépendait de la famille de Brézé ; puis par succession au début du 14ème siècle, des Maillé-Brézé jusqu’au mariage en 1650 de Claire-Clémence de Maillé avec le Grand Condé ; enfin par achat en 1682, des Dreux-Brézé.

[2] La bataille d’Orbetello ou d’Orbitello est une double bataille livrée pendant la guerre de Trente Ans. C’est un affrontement terrestre mené de mai à juillet 1646 à Orbetello, ville forte toscane assiégée par les Français, et une bataille navale donnée le 14 juin entre la flotte française chargée de soutenir le siège et une flotte espagnole de secours. C’est au départ un succès français, avec le débarquement réussi du corps expéditionnaire en Toscane. L’opération s’enlise par la suite à cause de la mort de l’amiral français tué dans la bataille navale, avant de tourner à l’échec complet avec la fuite des troupes terrestres. L’opération vaut de sévères critiques à Mazarin, son organisateur, et ne satisfait pas le roi d’Espagne, qui s’attendait à un succès plus éclatant de ses forces. Cette bataille, qui ébranle malgré tout la puissance espagnole en Méditerranée, n’a pas de conséquences immédiates sur un conflit qui va durer entre les deux pays jusqu’en 1659.

[3] Le surintendant des finances est un officier de l’administration des finances dans la France d’Ancien Régime, chargé d’ordonner les dépenses de l’État. Il fut appelé aussi Superintendant des finances.

[4] Les Pays-Bas espagnols étaient les États du Saint Empire romain rattachés par union personnelle à la couronne espagnole sous le règne des Habsbourgs, entre 1556 et 1714. Cette région comprenait les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, ainsi que des territoires situés en France et en Allemagne. La capitale était Bruxelles.

[5] Milly-le-Meugon est une ancienne paroisse d’Anjou et une ancienne commune de Maine-et-Loire, rattachée en 1798 à la commune de Gennes. Le village s’est développé autour du château éponyme, ancien fief de la famille de Maillé-Brézé, alliée au Grand Condé et au cardinal de Richelieu.

[6] Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, légué au roi Louis XIII en 1642, un an avant sa mort, sert de résidence à Louis XIV enfant pendant les troubles de la Fronde et devient le Palais-Royal. Donné en apanage à Philippe d’Orléans en 1692, il devient le palais des Orléans. Le Régent y réside. Le futur Philippe Égalité y réalise en 1780 une grandiose opération immobilière conduite par l’architecte Victor Louis, en encadrant le jardin de constructions uniformes et de galeries qui vont devenir pendant un demi-siècle, par leurs cafés, restaurants, salons de jeu et autres divertissements, le rendez-vous à la mode d’une société parisienne élégante et souvent libertine. La fermeture des maisons de jeu y mettra fin en 1836. Restitué aux Orléans en 1814, mis à la disposition du roi Jérôme sous le Second Empire, il est affecté à partir de 1871 à différentes administrations de la République. Il abrite aujourd’hui le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel et le ministère de la Culture.

[7] Le château de Montrond, sur la commune de Saint-Amand-Montrond, a été construit au 13ème siècle (première trace en 1225) par Renaud de Montfaucon. Sully l’acquiert en ruines en 1606. Il en entreprend une rénovation intégrale, qui en fait la plus forte place du Berry, en creusant notamment des fossés dans le roc même. Dans le même temps, le corps de logis est rendu, selon les mœurs de l’époque, plus confortable. En 1621, Sully revend le château et la seigneurie à Henri II de Bourbon-Condé, prince de Bourbon et père du Grand Condé. Ce dernier, encore héritier présomptif de la couronne de France, passe sa jeunesse dans le château.

[8] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[9] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire. Le logo du département reprend le terme « Anjou ». Le territoire de l’Anjou correspond à l’actuel département de Maine-et-Loire, ainsi qu’à plusieurs autres territoires intégrés dans diverses divisions administratives.

[10] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[11] Le château Raoul est situé place de la Victoire-et-des-Alliés et rue du Château-Raoul, à Châteauroux, dans le département de l’Indre. Il date du 10ème siècle, et a connu de nombreux remaniements et rénovations. Le 16 juillet 1497 Charles VIII érige la seigneurie de Châteauroux en comté, en faveur de Jean V d’Aumont. À la mort du dernier Chauvigny en 1503, la terre de Châteauroux est divisée en deux parts : le château échoit aux Maillé de La Tour-Landry, les co-partageants les d’Aumont faisant construire le château du Parc. Henri II de Bourbon-Condé achète l’ensemble en 1612. Le grand Condé exile son épouse Claire-Clémence de Maillé-Brézé dans le château en 1671 ; elle y reste jusqu’à sa mort, en 1694. Louis XV achète le duché en 1737 à la famille de Condé et l’offre à sa favorite Marie-Anne de Mailly-Nesle. Le roi la titre duchesse de Châteauroux le 20 octobre 1743 et la présente à la cour le 24 octobre 1743. Le château fait actuellement partie de la demeure privée du préfet.