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Simon de Vexin ou Simon de Crépy

lundi 28 août 2017

Simon de Vexin ou Simon de Crépy (1048-1081)

Comte d’Amiens de Vexin et de Crépy en Valois de 1074 à 1077

Fils de Raoul IV, comte de Valois [1], puis de Vexin [2] et d’Amiens [3], et d’Adèle de Bar-sur-Aube.

Originaire de Crépy-en-Valois [4], il est élevé à la cour de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie.

Il hérite de son père, Raoul de Péronne, des comtés du Valois, d’Amiens, de Montdidier et plusieurs autres possessions en Champagne, ce qui porte ombrage au roi de France de l’époque, Philippe 1er. Une guerre s’ensuit.

Simon, âgé de 20 ans au début du conflit, tient tête durant 3 ans au roi de France. Tandis que les troupes du roi Philippe 1er ravagent le Valois, les troupes de Simon dévastent les terres royales. Sur les conseils du pape Grégoire VII, il renonce à cette guerre et épouse la fille du comte d’Auvergne [5].

Plus tard, en accord avec elle, il remet ses domaines à sa sœur, la comtesse de Vermandois [6], et les deux époux entrent dans la vie religieuse.

Jean d’Ivry , archevêque de Rouen [7], négocie avec lui le retour de Gisors [8] dans les biens de la cathédrale. Ce domaine avait été donné jusqu’à la fin de la vie de Raoul IV de Vexin, son père, par le prédécesseur de Jean, Maurille. Simon le conserve quelques années supplémentaires.

Sa restitution permet non seulement le retour d’un bénéfice important pour la cathédrale mais aussi d’un site stratégique et un renforcement à la frontière du duché de Normandie, entre Neaufles [9] et Neuf-Marché [10].

En 1077, Philippe 1er s’empare du Vexin français. Simon se retire au monastère de Condat [11], puis, jugeant que la discipline n’y était pas suffisamment respectée, s’établit avec quelques compagnons près de la source du Doubs, au milieu des bois. Il construit un ermitage [12], dont une maison accommodée aux usages de la vie monastique et aux besoins de la vie agricole. Malgré les rudes conditions climatiques, quelques paysans s’installent et fondent le village de Mouthe [13].

Simon, à 2 reprises, doit revenir dans le siècle, d’abord appelé par Grégoire VII pour négocier avec le duc normand d’Italie du Sud Robert Guiscard, puis pour servir d’intermédiaire dans un conflit entre l’abbaye de Cluny et le roi de France Philippe 1er, à propos de biens usurpés par ce dernier à l’abbaye.

Simon part en pèlerinage en Terre sainte, puis à Rome ; c’est là qu’il est atteint de la maladie qui le conduit à la mort.

Il reçoit les sacrements de l’Église de la main même du pape Grégoire VII. Il est béatifié.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Paul Bertrand, Bruno Dumézil, Xavier Hélary, Sylvie Joye, Charles Mériaux et Isabelle Rosé, Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie aux Xe et XIe siècles (888-vers 1110), Ellipses, 2008

Notes

[1] Issus de la noblesse carolingienne ils furent également comtes de Vexin, de Valois et d’Amiens. En 1077, le Valois passe aux Herbertiens, par ailleurs comtes de Vermandois qui le transmettent par mariage aux Capétiens en 1080. En 1183, le Valois et le Vermandois sont disputés entre Philippe d’Alsace, et Éléonore de Vermandois. Le roi Philippe Auguste se pose en arbitre et en profite pour rattacher les deux comtés au domaine royal en 1185. Le comté de Valois est alors concédé en apanage. Philippe VI de Valois étant devenu roi de France en 1328, le comté de Valois est transmis à son fils cadet Philippe d’Orléans. En 1344, le comté de Valois est érigé en comté pairie, puis en duché-pairie en faveur de Louis, duc d’Orléans, frère de Charles VI et fondateur de la branche de Valois Orléans en juillet 1406. Lorsque Louis XII devient roi, le Valois, érigé en duché, passe à son cousin, François d’Angoulême, futur François 1er. Le Valois rentre alors dans le domaine royal

[2] Avant 741 : à la division du royaume des Francs en comtés par Charles Martel, l’un des premiers comtes du Vexin fut Witram, un de ses antrustions, il administra aussi les régions du Pincerais et la Madrie. Le comté du Vexin érigé vers 750 dépendait du diocèse de Rouen. Le Vexin français était sous l’influence de Paris, plus proche et de l’abbaye de Saint-Denis qui y possédait de nombreuses terres. Afin de mettre fin aux raids dévastateurs des Vikings depuis 840, le roi de France Charles III le Simple a traité avec les Vikings et concédé le 11 juillet 911 au chef normand Rollon, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, tout le territoire situé entre l’Epte au nord, et l’Avre au sud, et la mer, territoire qui devint le duché de Normandie. Le Vexin est alors partagé en deux : le Vexin normand à l’ouest qui deviendra partie intégrante du duché de Normandie, et le Vexin français à l’est, possession du roi de France. Cette partition engendrera plusieurs siècles de conflits entre les deux voisins, surtout lorsque le duc de Normandie devint roi d’Angleterre en 1066, et que les ambitions des deux souverains ne cessèrent de grandir. Néanmoins le comté du Vexin n’était pas alors sous le contrôle réel du roi de France, mais sous celui d’un grand féodal, Raoul de Gouy, également possesseur des comtés d’Amiens et du Valois. En 1063, Gauthier III de Gouy meurt empoisonné, prisonnier de Guillaume le Bâtard. Son cousin Raoul IV de Vexin lui succède, et son unique fils Simon de Vexin entre au monastère en 1077. Le roi de France Philippe 1er en profite pour annexer le Vexin français au domaine royal.

[3] Les comtes d’Amiens dominaient l’Amiénois. Le comté d’Amiens exista de la fin du 9ème siècle à 1185, date à laquelle, il fut rétrocédé au roi Philippe Auguste par Adélaïde de Vermandois

[4] Crépy-en-Valois est une commune française située dans le département de l’Oise. À partir du 10ème siècle, Crépy-en-Valois devient la résidence des comtes du Valois, puissants vassaux des rois de France jusqu’en 1213, date à laquelle le Valois est intégré au domaine de la Couronne. Donné en apanage, il revient ainsi à Louis d’Orléans qui le transforme en duché.

[5] La comté d’Auvergne voit ses origines remonter à la fin de la guerre opposant le comte d’Auvergne Guy II au roi de France Philippe Auguste. La victoire française sur le comté d’Auvergne suite au siège de Tournoël marque l’annexion par le roi de la grande majorité des territoires du comte, ces derniers réunit sont appelés Terre d’Auvergne et deviendront plus tard le Duché d’Auvergne avec Riom pour capitale. Dépouillé de la grande majorité de ses terres le comte Guy II d’Auvergne ne se voit le droit de conserver qu’une infime portion de l’Auvergne, ce morceau restant du comté d’Auvergne est à l’origine du Comté d’Auvergne, avec pour capitale Vic-le-Comte

[6] Le Vermandois est érigé en comté par Louis 1er, fils de Charlemagne, en faveur du fils illégitime de son aîné Pépin, roi d’Italie, dont la famille, dite des Herbertiens, le possédera jusqu’au milieu du 11ème siècle. Herbert IV, huitième descendant de Pépin, étant mort, Eudes, son fils, fut dépouillé par les barons de son comté, qui fut donné à Hugues de France dit ensuite Hugues 1er de Vermandois, frère du roi capétien Philippe de France, Hugues étant l’époux d’Adèle, fille d’Herbert IV. Le Vermandois passe ensuite à Raoul 1er, né en 1085, dit « le Vaillant » ou « le Borgne » connu aussi sous le nom de Raoul de Crépy. Il est le fils d’Hugues de France, comte de Valois et de Vermandois du chef de sa mère, Adèle. Il est de 1102 à 1152 le second comte de Vermandois et de Valois.

[7] L’archidiocèse de Rouen est l’un des plus anciens évêchés connus de Gaule, le premier des évêques puis archevêques de Rouen datant du 3ème siècle. Les raids vikings au 9ème siècle ont causé la perte de nombreuses archives en Normandie.

[8] Gisors est une commune française située dans le département de l’Eure, en région Normandie. Cette ancienne cité située à la lisière du Vexin normand témoigne par son patrimoine architectural de la lutte acharnée entre souverains Capétiens et Plantagenêt durant une partie du Moyen Âge. Élément important du paysage urbain, son château fort se dresse depuis lors sur une éminence dominant la ville.

[9] Neaufles-Saint-Martin est une commune française située dans le département de l’Eure en région Normandie.

[10] Neuf-Marché est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime en Normandie.

[11] Le monastère de Condat (ou abbaye de Saint-Oyand de Joux ou encore de Saint-Claude) est une ancienne abbaye à Saint-Claude (Jura), dont il ne reste plus que des vestiges. Sont empreinte fut telle dans cette région que plusieurs de ses abbés prirent le titre d’évêques de Genève. Au début du 5ème siècle, à l’age de 27 ans, Romain de Condat, originaire d’Izernore dans le Haut-Bugey, est rejoint par son frère Lupicin de Lauconne dans son voyage au cœur des forêts du Jura en quête de spiritualité. Ils se dirigent en direction de Moirans-en-Montagne mais le lieux ne les satisfait pas, ils décident de descendre jusqu’à la Bienne et de continuer en direction de Jeurre déjà habité à cette époque car c’était un point fortifié par les romains pour contrôler le passage vers l’Helvétie. Arrivé aux alentours de Saint Claude, nommé alors Condat (qui signifie en celte confluent car situé au lieu où se rejoignent le Tacon et la Bienne), ils y fondent un ermitage à l’ombre d’une grotte et auprès d’un ruisseau nommé "la Rochette". Bientôt rejoint par d’autres ils construisent des cellules au pied d’une petite colline et décident d’élaborer des règles de vie en s’inspirant de celles de saint Basile, de saint Pacôme et de l’œuvre de Cassien (cette règle prescrit un jeûne rigoureux autorisant la consommation de lait et d’œufs, ne laissant la viande qu’aux malades, les moines observent un silence presque continuel et la journée est consacré au travail) ; la règles des bénédictins, ou moines noirs, ne sera appliquée qu’à la fin du xe siècle. Leur communauté s’agrandissant très vite ils se lancent dans l’édification d’un deuxième lieu de culte à Saint-Lupicin, alors nommé Lauconne, dont Lupicin de Lauconne devient le premier abbé.

[12] L’ermitage subsiste et se transforme au xiie siècle en un petit prieuré rural dépendant de Saint-Oyend de Joux

[13] Doubs