L’un de ses camarades de classe était Charles Montagu . Les deux jeunes gens, en 1687, écrivirent ensemble une satire intit“ulée City Mouse and Country Mouse” [1] et dont l’objectif était de ridiculiser “La Biche et la Panthère” de John Dryden.
L’époque était favorable aux satiristes audacieux : Montagu fut distingué à la cour, et 3 ans plus tard Prior devint secrétaire à l’ambassade de La Haye [2]. Après avoir passé 4 ans à ce poste, Matthew Prior devint courtisan et exerça des charges honorifiques à la chambre du roi.
L’auteur avait une excellente maîtrise du français, et passa quelque temps à Paris auprès de l’ambassadeur anglais. Bien que ses devoirs professionnels aient contribué à ne faire plus de lui, selon ses propres termes, qu’un « poète par accident », Prior continua à recourir occasionnellement aux vers pour entretenir sa réputation en ce domaine.
On lui doit notamment une élégie dédiée à la reine Marie II d’Angleterre en 1695, une version satirique de l’Ode sur la prise de Namur de Nicolas Boileau, quelques lignes sur une tentative d’assassinat de Guillaume III en 1696 et une brève pièce de théâtre intitulée “The Secretary”.
Prior s’engagea dans une brillante carrière politique au sein du parti Tory [3]. Il fut en 1710 l’un des premiers rédacteurs du “journal Examiner”, lancé par les Tories pour contrer la presse du parti whig [4] , qui comptait aussi parmi ses journalistes le philosophe et politicien Henri Saint Jean de Bolingbroke et Francis Atterbury, chapelain du roi Guillaume III d’Orange-Nassau.
À la suite de la mort d’Anne de Grande-Bretagne et au retour au pouvoir des Whigs, il fut écarté du pouvoir par Robert Walpole et étroitement surveillé pendant 2 ans, jusqu’en 1717. Au cours de son emprisonnement, fidèle à sa philosophie optimiste de la vie, il rédigea son plus long poème humoristique, “Alma, or The Progress of the Mind” [5]. Le texte, ainsi que le“ recueil Solomon, and other Poems on several Occasions”, furent publiés en 1718. Le bénéfice qu’il tira de cette opération permit à Prior de vivre les dernières années de sa vie dans le confort.