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Jacques de Molay

mercredi 5 mai 2021 (Date de rédaction antérieure : 30 mai 2012).

Jacques de Molay (1243-1314) :

Grand Maître de l’ordre des Templiers de 1292 à 1312

Jacques de Molay Grand Maître de l'ordre des Templiers de 1292 à 1312

Jacques de Molay est né vers 1245 en Haute Saône, dans le Comté de Bourgogne [1], alors toujours vassal de l’Empire Germanique.

En 1265, il est reçu dans l’Ordre des templiers a Beaune [2] par Humbert de Pairaud , visiteur de France et d’Angleterre et par Amaury de la Roche , maître de France. Dès son élection en 1292, Jacques de Molay s’empresse de parer au plus pressé, il met en place un gouvernement et s’occupe de la défense de l’île de Chypre [3] et du Royaume de Petite Arménie [4], dernières possessions franques en Orient. Au printemps 1293, il entreprend un long voyage en Europe, où il règle différents problèmes dans les domaines de l’Ordre, mais surtout, il implore l’aide des princes occidentaux et de l’Église pour la défense des derniers États Chrétiens.

Au cours de ce voyage, il noue d’étroites relations avec plusieurs monarques, dont Édouard 1er d’Angleterre, Jacques II d’Aragon et le pape Boniface VIII. En 1305, le nouveau pape Clément V, sollicite l’avis des Maîtres des Ordres religieux pour la préparation d’une nouvelle croisade et sur un projet d’unification des Ordres.

Le 6 juin 1306, Clément V les convoque officiellement à Poitiers [5], mais à cause de l’état de santé du pape, l’entrevue avec Jacques de Molay n’aura lieu qu’en mai 1307. Comme il l’avait déjà mentionné au pape auparavant, Jacques de Molay refuse catégoriquement ce projet d’union entre les Ordres.

Cette décision aura de lourdes conséquences pour l’avenir de l’Ordre du Temple. D’abord, le Roi de France prend ombrage de cette décision, car elle perturbe ses ambitions, de plus elle met à mal les négociations entre Clément V et Philippe le Bel au sujet de la condamnation de la mémoire de Boniface VIII et enfin, elle perturbe l’organisation de nouvelle croisade.

Le 24 juin, Jacques de Molay est à Paris où il rencontre Philippe le Bel pour discuter des accusations portées contre l’Ordre. Il rentre à Poitiers, rassuré par la discussion avec Philippe le Bel, mais demande au pape qu’il diligente une enquête pour laver l’Ordre de tout soupçon.

Le 24 Août, Clément V annonce à Jacques de Molay qu’une commission d’enquête est mise en place. Philippe le Bel veut précipiter les choses pour éviter que toute l’affaire qui s’annonce ne reste entre les mains du pape. Le 14 septembre, aidé par Nogaret, il fait transmettre en grand secret à tous ses baillis et sénéchaux un ordre d’arrestation pour tous les Templiers du Royaume et la mise sous séquestre de tous leurs biens.

Jacques de Molay est arrêté dans la maison cheftaine de l’Ordre, à Paris avec plusieurs autres Templiers, le 13 octobre 1307.

En décembre 1307, Clément V envoie des cardinaux à Paris pour interroger le Maître de l’Ordre. Devant ceux-ci, Jacques de Molay révoque ses aveux. Il s’engage alors un bras de fer entre Philippe le Bel et Clément V qui se conclut en août 1308 par un compromis entre les deux parties concrétisé par la bulle "Faciens Misericordiam". Par cette bulle, le pape se réserve le droit de juger les dignitaires de l’Ordre.

Transféré à Chinon avec plusieurs autres dignitaires de l’Ordre, comme Geoffroy de Charney , Hugues de Pairaud, Geoffroy de Gonneville , Jacques de Molay est a nouveau interrogé par des agents royaux. Au cours de cet interrogatoire, il reviendra à ses aveux faits en octobre 1307.

Pendant plus d’une année, la commission pontificale se met en place et commence ses audiences. Jacques de Molay ne pourra y déposer que deux fois vers la fin novembre 1309. A cette occasion, il change de stratégie de défense et veut garder le silence et ne s’en remettre qu’au jugement du pape, se fiant au contenu de la bulle "Faciens Misericordiam".

En 1310, plusieurs dizaines de Templiers veulent se présenter devant la commission pontificale pour témoigner en faveur de l’Ordre et ainsi mettre à mal tout l’acte d’accusation. Ce mouvement de protestation est brisé net par la condamnation au bûcher de 54 Templiers jugés comme relaps par Philippe de Marigny le 10 mai 1310. De plus, les meneurs de ce mouvement de protestation disparaissent des geôles de Philippe le Bel sans laisser de traces. Le 22 mars 1312, Clément V annonce officiellement l’abolition de l’Ordre du Temple lors du Concile de Vienne.

Malgré sa volonté et ses demandes insistantes auprès de ses geôliers, Jacques de Molay continue de croupir en prison sans pouvoir être reçu par le pape. Ce dernier consent néanmoins à envoyer 3 cardinaux à Paris en décembre 1313 pour statuer sur le sort des dignitaires. Arrivés à Paris en mars 1314, le verdict des trois cardinaux est sans appel, les dignitaires de l’Ordre sont condamnés à la prison à vie. Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay s’insurgent avec véhémence contre ce verdict, comprenant qu’ils ont été joués depuis le début par un pape qui ne voulait pas les entendre. Ils révoquent tous les deux les aveux faits et proclament l’Ordre innocent de toute accusation portée contre lui,

Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sont aussitôt reconnus comme relaps et livrés par les cardinaux au bras séculier. Un bûcher est installé le jour même sur l’île de la cité au pied de Notre Dame. Au soir du 18 mars 1318, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sont livrés aux flammes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Philippe Josserand, Jacques de Molay : le dernier grand-maître des Templiers, Paris, Les Belles Lettres, 2019.

Notes

[1] Le comté de Bourgogne, appelée aussi Franche Comté de Bourgogne était un important comté fondé en 986 par le comte Otte-Guillaume de Bourgogne et dont le territoire correspond aujourd’hui approximativement à l’actuelle région de Franche-Comté. Il avait pour capitale Dole (château de Dole) et était gouverné du 10ème au 17ème siècle par les comtes palatins de Bourgogne. Ce comté est formé par la réunion des quatre circonscriptions administratives carolingiennes (pagi bourguignons) : l’Amous (région de la Saône, de l’Ognon et du Doubs), l’Escuens (région de Château-Chalon), le Portois (région de Port-sur-Saône) et le Varais (région enserrée dans le « M » que forme le tracé de la rivière le Doubs).

[2] La commanderie de Beaune est une commanderie du 12ème siècle fondée par l’ordre du Temple puis hospitalière à Beaune en Bourgogne (diocèse d’Autun, duché de Bourgogne). Le site est à ce jour une propriété privée.

[3] L’île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L’histoire de Chypre fut très mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.

[4] Le royaume arménien de Cilicie ou royaume de Petite-Arménie est un État fondé en Cilicie, au sud-est de l’Anatolie, par des réfugiés arméniens fuyant l’invasion seldjoukide de l’Arménie. Il fut indépendant et allié des Mongols entre 1080 et 1375, date de la chute de sa capitale, Sis, aux mains des Mamelouks. Ce bastion de la chrétienté orientale fut un allié précieux pour les Croisés, et il fut également le cœur du nationalisme et de la culture arménienne, l’Arménie elle-même se trouvant alors sous occupation étrangère.

[5] Poitiers est une commune du Centre-Ouest de la France, préfecture du département de la Vienne. Profitant de la faveur royale et de la présence de nombreux érudits parisiens exilés, Poitiers obtient la création d’une université en 1431. Elle compte 4 000 étudiants à la fin du 15ème siècle. Parmi la douzaine d’Universités ouvertes dans l’équivalent de la France actuelle, elle fut suffisamment renommée pour accueillir et former des esprits brillants tels que Descartes, François Rabelais, Joachim du Bellay ou Pierre Ronsard. La ville s’assoupit à la Renaissance. De fait, peu de changements ont lieu dans le tissu urbain, à part le percement de la rue de la Tranchée, et la construction de ponts qui remplacent les anciens gués. Quelques hôtels particuliers datent de cette époque : hôtels Jean-Baucé, Fumé, Berthelot, notamment. La ville tire sa prospérité essentiellement de ses fonctions administratives : justice royale, évêché, monastères, et l’intendance et le Bureau des finances de la généralité du Poitou.