C’est à Paris qu’il achève ses études vers 1236. Disciple d’Alexandre de Hales à Paris en 1243, il entre ensuite dans l’ordre des franciscains [1] chez lesquels il enseigne la théologie de 1253 à 1257.
Ministre général et presque second fondateur de l’Ordre des frères mineurs en 1257. En 1271 saint Bonaventure pour mettre fin à une vacance de trois ans du Saint-siège après le décès de Clément IV, mort en 1268 institue le conclave [2] . En 1273, il est fait cardinal. Il meurt au 2ème concile de Lyon [3], 15 septembre 1274. Ses travaux théologiques lui valent d’être canonisé dès 1482 et compté au nombre des docteurs de l’Église en 1587.
Sa vision de l’Église est dominée par sa théologie du Christ, "Verbe incarné et second Adam, de la plénitude duquel les hommes reçoivent la grâce. Non qu’il la cause, en son humanité, autrement que par le mérite : de même que les sacrements n’en sont pas cause instrumentale, sinon de façon dispositive intentionnelle. Depuis le ciel, le Christ continue d’opérer au-dedans, mais il a institué des structures de sacrements et de ministères par lesquels, en même temps que par les charismes qu’il dispense, il construit aussi extérieurement l’Église". Bonaventure a parfois des formules identifiant l’Église et le corps mystique. Il parle cependant différemment de l’une et de l’autre quand il est question de leurs membres. les 2 expressions désignent la même réalité, mais pas sous le même aspect. Les pécheurs sont "intra ecclesiam", parfois même ils sont appelés membres de l’Église, parfois on dénie aux pécheurs cette qualité. En tout cas on leur refuse la qualité de membres du corps mystique, ou bien on ajoute " membra putrida, mortua". Il parle du Saint Esprit comme opérant cette communion ; il ne rappelle pas "âme de l’Église", mais il lui attribue des effets semblables à ceux que l’âme opère dans le corps.
Il fut, au 13ème siècle, le principal théoricien de la monarchie papale. Il cite souvent Saint Bernard, mais il lit également Cyprien en ce sens. Il tient les thèses grégoriennes dans un climat dionysien qui leur donne une allure de métaphysique sacrée. Cependant, comme Thomas d’Aquin, il est très discret sur le chapitre d’éventuelles extensions politiques de la monarchie papale.
L’Église n’existe en sa vie de grâce que par le Christ ; elle n’existe en sa vie canonique ou sociale qu’à partir du pape, son vicaire. On peut dire que sa vie externe se déduit du pape, de telle sorte que s’il demeurait seul et que tout fût détruit dans l’Église, il pourrait tout refaire, et si "“ipse solus esset, et omnia essent destructa in ecclesia, reparare posset universa"”. Ce solus est significatif. Bonaventure reprend l’exégèse de Innocent III : "Pierre a reçu seul et séparément des autres apôtres la plénitude du pouvoir : les autres ne font qu’y participer. L’autorité suprême du pape est évidemment juridictionnelle ; elle est aussi doctrinale". Bonaventure n’a pas le mot “"pape infaillible"”, mais il affirme la chose : "Au temps de la vérité et de la révélation de la grâce, on sait que la plénitude du pouvoir a été donnée au Vicaire du Christ : dès lors ce serait un mal absolument intolérable d’affirmer quelque chose de contraire à ce qu’il aurait déterminé en matière de foi et de moeurs, en approuvant ce qu’il réprouve."
Cette inerrance du pape s’accorde évidemment avec celle de "Funiversalis ecclesia" que Bonaventure tient avec tout le Moyen Age, sans en préciser davantage les conditions.
Le joachimisme [4], les séquelles qu’il avait parmi les franciscains, ont incité Bonaventure à développer sa vision de l’Église dans une ligne historique, il a une théologie du devenir historique de l’Église. Une théologie au sens fort du mot : “non seulement il existe un progrès historique dans la connaissance de Dieu, croissance vers la réalité eschatologique dans l’histoire, mais l’histoire totale se prête à des divisions ternaires*qui répondent aux Personnes de la Trinité divine et, d’une certaine façon, les manifestent". Ainsi l’exemplarisme divin et céleste [5], qui a tant freiné les mouvements