Guillaume de Champagne dit Guillaume de Blois ou Guillaume aux Blanches Mains (1135- 1202)
Évêque de Chartres de 1164 à 1176-Archevêque de Sens de 1169 à 1176-Archevêque de Reims de 1176 à 1202-Duc et pair de Reims
Fils de Thibaut IV, comte de Blois [1] et de Champagne [2], et de Mathilde de Carinthie . Sa sœur, Adèle de Champagne, épousa le roi Louis VII le 13 novembre 1160 et fut la mère de Philippe Auguste. Destiné très jeune à une carrière ecclésiastique, il fut éduqué par Bernard de Clairvaux. Chanoine [3] de Saint Quiriace de Provins [4], puis prévôt des églises de Soissons [5] et de Troyes [6], il fut élu évêque de Chartres [7] en 1164. Malgré son jeune âge et les réticences du pape Alexandre III, il fut confirmé sur ce siège. En 1169, le chapitre de Sens [8] le choisit comme archevêque mais il conserva le diocèse de Chartres.
Il accorda des privilèges à la cité de Villeneuve-l’Archevêque [9] qui venait d’être fondée et organisa le rétablissement des règles qui s’étaient relâchées dans certains monastères. En 1179, il fut créé cardinal et, à la mort d’ Henri de France , le chapitre de Reims [10] le choisit pour lui succéder. Il renonça alors aux diocèses de Chartres et de Sens. La même année, il sacra roi de France son neveu Philippe II Auguste.
Il accorda en 1182 une charte, dite charte Willelmine, aux bourgeois de Reims.
Cette charte resta en usage pendant plus de 5 siècles. Il est également l’initiateur de la loi de Beaumont [11], loi qui affranchissait, entre autres, les habitants des localités de toute servilité envers le seigneur.
Notes
[1] Le comté de Blois est un ancien comté du Nord de la France. Le comté de Blois était une juridiction féodale du Royaume de France née vers 900. Le premier vicomte est Garnegaud, décédé en 906. Son successeur était le chevalier bourguignon Thibaud l’Ancien qui reçut également la vicomté de Tours en 908 et en 940, il devint vicomte de Blois et de Tours. Il mourut en 943 et son fils Thibaut le Tricheur prend le titre de Comte de Blois et s’empare du comté de Chartres. Son fils Eudes 1er devient Comte de Blois et de Chartres, de Tours, de Châteaudun, de Provins et de Reims. Son fils Thibaut II lui succède de 996 à 1004 . Son frère Eudes II rajoute à son domaine le comté de Meaux et le comté de Troyes. Il meurt en 1019, date à laquelle les domaines sont divisés. La dynastie continua jusqu’à la mort de Thibaut VI, donnant le comté à sa fille Marguerite de Blois. Le comté passe alors dans la Maison d’Avesnes puis de Blois-Châtillon. En 1397, le comté est intégré au Duché d’Orléans par manque de descendance.
[2] Le comté de Champagne et de Brie est issu de la réunion des terres de la dynastie des Thibaldiens, c’est-à-dire la branche issue de Thibaut « le Tricheur » (Thibaud 1er de Blois) : comté de Meaux, comté de Troyes. Le comté de Champagne est rattaché au domaine royal par le mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, et du dauphin Philippe le Bel en 1284. Le rattachement est rendu définitif par leur fils Louis X le Hutin.
[3] Un chanoine est un clerc (voire laïc) appartenant à un chapitre ou à une congrégation, et consacré à la prière liturgique au chœur, voire à l’enseignement, à la prédication, au secours des pauvres, au chœur professionnel (le « bas-chœur ») et à la maîtrise, etc. Au haut Moyen Âge, le mot pouvait désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd’hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
[4] Provins est une commune française située à 77 kilomètres au sud-est de Paris, sous-préfecture du département de Seine-et-Marne. Ancienne capitale des comtes de Champagne. Témoignant déjà d’une certaine importance, dès le début du 9ème siècle, Charlemagne y envoie ses missi dominici. Autre preuve d’un rôle majeur : Provins frappe sa propre monnaie, le denier provinois. Provins est devenue à cette époque la 3ème ville de France, après Paris et Rouen. Provins fut au Moyen Âge l’une des villes abritant les plus grandes foires de Champagne, lorsque la ville était sous la protection des comtes de Champagne. C’est sûrement cette période qui laissa le plus de traces sur Provins.
[5] oissons est une commune française située dans le département de l’Aisne. Soissons est historiquement connue pour avoir été la première capitale de la France. La ville connaît la prospérité aux 12ème siècle et 13ème siècle qui ont laissé de nombreux édifices gothiques.
[6] La vicomté de Troyes était le titre et le fief alors situé à Troyes dans la Champagne, où elle avait son siège. Au 13ème siècle le fief était partagé entre la famille comtale, Jeanne de Plancy, Jean II de Dampierre. Le siège de la vicomté était à Troyes entre la porte de Croncel et l’église Saint-Nicolas de Troyes. Les revenus provenaient des halles de Châlons, le minage des grains, le forage des vins, des droits de tonlieu sur la porte de Croncels et de Saint-Jacques à Troyes. La plupart des terres étaient à Villechétif
[7] Le diocèse de Chartres est un diocèse de l’Église catholique romaine en France couvrant le département d’Eure-et-Loir (et desservant quatre communes situées dans le département de l’Eure), et rattaché à la province ecclésiastique de Tours. Un siège épiscopal aurait été fondé à Chartres dès le 3ème siècle
[8] L’archidiocèse de Sens est une église particulière de l’Église catholique en France. Son siège est la cathédrale Saint-Étienne de Sens. Érigé dès le 1er siècle, le diocèse de Sens est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 3ème siècle. Supprimé en 1801, il est rétabli dès 1822 pour le département de l’Yonne.
[9] Villeneuve-l’Archevêque est une commune française située dans le département de l’Yonne. La commune est située dans la vallée de la Vanne, au nord de la Forêt d’Othe, entre Troyes et Sens.
[10] Le diocèse de Reims a été érigé au 3ème siècle et a été élevé en archevêché dès le 4ème siècle. Une des prérogatives des archevêques de Reims fut de sacrer les rois de France, avec l’huile de la Sainte Ampoule. Dans la cathédrale de Reims, de Henri 1er à Charles X, trente rois de France furent sacrés en ces lieux.
[11] La loi de Beaumont est une charte promulguée pour la première fois en 1182 par Guillaume aux Blanches Mains, archevêque de Reims, qui visait à organiser l’affranchissement de la commune de Beaumont-en-Argonne (Bellus mons, à l’époque). La loi libérait la localité de toute servilité envers le seigneur du lieu et autorisait à l’élection de mandataires locaux (magistrat), en échange de redevances. Le document, écrit primitivement en latin, reprenait les principes de la Willelmine accordée la même année aux Rémois. Elle fut par la suite appliquée pour l’affranchissement de plusieurs villes du nord-est de la France, du sud de la Belgique et du Grand-duché de Luxembourg. Elle fut abrogée en Belgique en 1775 par l’impératrice Marie-Thérèse, et fut invoquée en France jusqu’à la Révolution en 1789.