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Boris 1er de Bulgarie dit Boris-Mihail

mardi 26 octobre 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 octobre 2011).

Boris 1er de Bulgarie dit Boris-Mihail (mort en 907)

Roi de la Bulgarie de 852 à 889

Lors de son baptême en 864, Boris fut baptisé Michel en l’honneur de son parrain, l’empereur byzantin [1] Michel III. Fils et successeur de Pressian 1er de Bulgarie. Au moment de son accession au trône, il est en campagne en Macédoine, et la Bulgarie fait l’objet d’une invasion par les Francs orientaux, victorieux contre Boris et ses alliés Slaves en 853.

La paix avec les Francs est restaurée en 855, et il retourne son attention vers les tensions sur la frontière Bulgaro-Byzantine, posant un ultimatum au gouvernement impérial de Constantinople [2]. La crise est évitée et Boris s’allie avec le roi des Francs orientaux Louis le Germanique contre le Prince Rastislav du royaume slave de Grande Moravie [3] et le souverain de la Croatie [4].

Les alliés obtiennent quelques succès en 863, mais Boris est battu lors de son invasion de la Serbie [5] de Mutimir , ce qui l’amène à signer la paix à la fois avec la Croatie et la Serbie. Malgré ces revers, il parvient à maintenir l’intégrité territoriale de son royaume.

Désirant pour des raisons diverses se convertir au Christianisme, il s’enquiert dans ce but auprès de Louis le Germanique en 863. Toutefois, la Bulgarie [6] est envahie la même année par l’Empire byzantin pendant une période de famine et de catastrophes naturelles. Pris par surprise, il est forcé de parlementer et accepte de se convertir au Christianisme selon le rite oriental, obtenant en contrepartie la paix et des concessions territoriales en Thrace [7]. Au début de l’année 864 il est baptisé en secret à Pliska [8] par une ambassade de prêtres byzantins, avec sa famille et certains membres de la notabilité bulgare. Sa conversion provoque un soulèvement de ses sujets, dont certains notables. La révolte est réprimée dans le sang en 865, avec l’exécution de 52 boyards [9] et leurs familles.

Il s’enquiert également auprès du Patriarche Byzantin [10] Photios 1er pour des enseignements sur la manière de suivre une vie de chrétien, et également la possibilité d’établir une église bulgare autocéphale [11]. Déçu par la réponse de Photios, il se tourne vers Rome et le papeNicolas 1er, auquel il envoie des émissaires avec une longue liste de questions en août 866.

Le pape lui fait parvenir 106 réponses détaillées concernant la religion, les lois, la politique et la foi, mais évite le sujet du statut autocéphale désiré par Boris. Des missionnaires romains sont également envoyés pour poursuivre la conversion de la Bulgarie suivant le rite occidental.

Furieux du rattachement de la Bulgarie à la papauté, le patriarche publie en 867 une encyclique dénonçant les pratiques du rite occidental et l’intervention ecclésiastique de Rome en Bulgarie. Ceci provoque le Schisme de Photios qui constitue un pas majeur vers la séparation des églises d’orient et d’occident.

Toutefois la nomination par Boris du légat du pape [12], l’évêque Formose qui deviendra pape en 89 au titre d’archevêque de Bulgarie est rejetée par le pape. Le pape Adrien II qui succède à Nicolas 1er rejette également la nomination par Boris soit de Formose, soit du diacre [13] Marin qui deviendra le pape Marin 1er en 881 au même poste.

Suite à ces refus, la Bulgarie se retourne vers Contantinople. Au 4ème concile de Constantinople [14] de 870, l’Église orthodoxe bulgare est rattachée au patriarchat de Constantinople et obtient le titre d’église autocéphale. Au cours des années 870 elle est rendue à la papauté, mais ce transfert purement nominal n’affecte pas le statut de l’église bulgare autocéphale.

En 886, les disciples de Saint Cyrille et Saint Méthode sont accueillis par le gouverneur de Boris à Belgrade [15] après que ceux-ci eurent été exilés de Grande Moravie [16], et sont envoyés auprès de Boris à Pliska. 2 de ces disciples, Clément d’Okhrid et Naum d’Ohrid , fondent des écoles à Pliska et Ohrid destinées à développer la littérature et la liturgie slavonique, utilisant l’alphabet glagolitique [17] développé par Cyrille et Méthode. Parallèlement à ce développement de la liturgie, Boris poursuit également la construction d’églises et de monastères dans son royaume.

En 889, il abdique et se fait moine. Son fils et successeur, Vladimir , tente une restauration du culte païen, amenant Boris à revenir au pouvoir en 893. Après avoir vaincu et fait aveugler Vladimir, Boris place son 3ème fils, Siméon 1er sur le trône, le menaçant du même sort en cas d’apostasie.

Boris retourne à son monastère, mais reprend les armes en 895 pour aider Siméon à vaincre les Magyars [18] qui avaient envahi la Bulgarie alliés aux Byzantins. Il reprend ensuite sa vie monastique et meurt en 907.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du 6ème au 9ème siècle, 2006

Notes

[1] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[2] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[3] La Grande-Moravie était un royaume slave. De 833 jusqu’au début du 10ème siècle, il s’étendit sur les territoires des actuelles Tchéquie, Allemagne orientale, Slovaquie et Hongrie nord-occidentale, le sud de la Pologne avec la région de Cracovie et l’ouest de l’Ukraine avec la Galicie. Le premier usage du terme « Grande-Moravie » remonte à l’ouvrage de Constantin VII Porphyrogénète De Administrando Imperio (écrit vers 950). Le terme « Moravia » renvoyait non seulement à la région correspondant à l’actuelle Moravie mais aussi aux territoires autour de la rivière Morava ou de sa capitale appelée Morava, dont l’emplacement reste actuellement inconnu (peut-être se trouve-t-elle sous une grande ville actuelle telle Brno, Nitra ou Bratislava).

[4] La Croatie, est un pays d’Europe centrale et du Sud. Elle s’étend depuis les confins de l’extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu’au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu’artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du 6ème siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d’une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d’autre part.

[5] La Serbie est frontalière de la Roumanie à l’est-nord-est, de la Bulgarie au sud-est, de la Macédoine du Nord au sud-sud-est, du Kosovo au sud, du Monténégro au sud-ouest, de la Bosnie-Herzégovine à l’ouest, de la Croatie au nord-ouest et de la Hongrie au nord-nord-ouest. Sa capitale est Belgrade. Les populations slaves, dont les Serbes, s’installèrent au début du 7ème siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d’Illyriens (Albanais aujourd’hui), de Grecs Macédoniens et Thraces, et de petites ethnies montagnardes. Au Moyen Âge, un puissant État serbe se constitua progressivement, qui atteignit son apogée au 14ème siècle

[6] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.

[7] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[8] Pliska est le nom de la première capitale de Bulgarie entre 681 et 893. À cette date, elle fut remplacée comme capitale par Preslav. L’ancienne capitale, après sa disparition, a laissé la place, durant plusieurs siècles, à un village nommé Aboba.

[9] Les mots français boyard ou boïer désignent l’aristocratie des pays orthodoxes non-grecs d’Europe de l’Est (dans les pays grecs, on parlait d’archontes). C’est une dénomination traditionnelle, antérieure à l’introduction, à partir du 17ème siècle, des titres aristocratiques occidentaux dans ces pays.

[10] Le patriarcat œcuménique de Constantinople est, par le rang sinon par l’ancienneté, la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe. Cette situation est liée au statut de capitale de l’Empire romain d’Orient dont jouissait autrefois Constantinople, l’actuelle Istanbul. Le patriarcat est un titre et une fonction de présidence attachée à un siège épiscopal, l’archevêché orthodoxe de Constantinople. Les orthodoxes considèrent que le patriarche de Constantinople n’a qu’une prééminence honorifique sur les autres Églises autocéphales orthodoxes, comme les papes d’avant le schisme de 1054.

[11] Une Église autocéphale est une Église chrétienne dont le primat jouit d’une indépendance totale, sur le plan juridique comme sur le plan spirituel, par rapport à une quelconque autorité. Ce terme est surtout utilisé dans le christianisme oriental. Ce primat doit aussi parfois agir avec l’aval du Saint-Synode et peut, selon l’Église dans laquelle il est, être démis de ses fonctions par ce dernier. Selon son rayonnement ou son importance historique, une Église autocéphale peut porter le titre de patriarcat, de métropole ou d’archevêché et est alors dirigée respectivement par un patriarche, un métropolite ou un archevêque. Elle peut avoir compétence sur d’autres Églises ayant certaines libertés sans être indépendantes et qui sont dites Églises autonomes. L’Église autocéphale en désigne les primats locaux qui sont soumis à l’autorité de l’Église autocéphale. L’autocéphalie est revendiquée par certaines Églises catholiques indépendantes de l’Église catholique romaine et certaines Églises orthodoxes non reconnues par les Églises orthodoxes dominantes.

[12] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint-siège auprès des gouvernements étrangers.

[13] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[14] Le quatrième concile de Constantinople est, pour l’Église catholique, le 8ème concile œcuménique. Il s’est tenu en 869 à Constantinople pour mettre fin au schisme entre le patriarcat de Rome et les autres patriarcats

[15] Belgrade est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur

[16] La Grande-Moravie était un royaume slave. De 833 jusqu’au début du 10ème siècle, il s’étendit sur les territoires des actuelles Tchéquie, Allemagne orientale, Slovaquie et Hongrie nord-occidentale, le sud de la Pologne avec la région de Cracovie et l’ouest de l’Ukraine avec la Galicie. Le premier usage du terme « Grande-Moravie » remonte à l’ouvrage de Constantin VII Porphyrogénète De Administrando Imperio (écrit vers 950). Le terme « Moravia » renvoyait non seulement à la région correspondant à l’actuelle Moravie mais aussi aux territoires autour de la rivière Morava ou de sa capitale appelée Morava, dont l’emplacement reste actuellement inconnu (peut-être se trouve-t-elle sous une grande ville actuelle telle Brno, Nitra ou Bratislava).

[17] L’alphabet glagolitique est le plus ancien alphabet slave. Il était utilisé dans la Grande-Moravie mais il a été inventé par les frères Cyrille et Méthode au monastère de Polychron. Il tire son nom du vieux mot slave glagoljati qui signifie dire. Il est couramment utilisé, au Moyen Âge, en Croatie, en Bulgarie ou au Monténégro, sporadiquement au Royaume de Bohême. Au cours du 10ème siècle, l’alphabet cyrillique a progressivement remplacé l’alphabet glagolitique par substitution aux lettres glagolitiques des lettres grecques correspondantes.

[18] Les Magyars ou Hongrois sont à l’origine un groupe ethno-linguistique finno-ougrien originaire d’Asie centrale et dont les migrations successives, d’abord vers l’Oural, ensuite vers la mer Noire (pays d’Etelköz, l’actuelle Ukraine) ont finalement abouti à la création du « pays magyar » (Magyarország), c’est-à-dire la Hongrie. Des débats historiographiques récurrents évoquent l’existence de « Magyars orientaux » (keleti Magyarok) dans le Caucase et en Asie centrale. De nos jours, le qualificatif « magyar » est souvent utilisé comme un ethnonyme, pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l’État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, pour désigner les Magyars d’outre-frontières, à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatif magyar est également utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à la Hongrie comme État-nation moderne et par extension tous les citoyens hongrois, quelles que soient leurs origines socio-culturelles.