Il serait né en Corse et pourrait appartenir à une famille corse réfugiée à Ostie [1] pour fuir les raids des Sarrasins sur l’île. Devenu évêque de Porto [2] en 864, il entreprit des missions diplomatiques en Bulgarie en 866 et en France en 869 et 872 et il persuada le roi de France Charles II le Chauve de se faire couronner par le pape.
Dès 872 il avait été candidat au siège pontifical. Mais cette année-là, Rome et la cour du pape Jean VIII lui créèrent des complications politiques.
Jean VIII convoqua un synode et l’ordre fut donné à Formose de revenir sous peine d’être excommunié sous l’accusation d’avoir aspiré à l’archevêché de Bulgarie et la Chaire de saint Pierre, de s’être opposé à l’empereur, d’avoir quitté son diocèse sans autorisation du pape, d’avoir dépouillé les monastères de Rome, d’avoir célébré le service divin malgré une interdiction et d’avoir conspiré avec certains hommes et certaines femmes pour détruire le siège pontifical. La sentence d’excommunication contre Formose et d’autres fut proclamée en juillet 872. En 878 elle fut levée, après qu’il eut promis de ne jamais retourner à Rome ni d’exercer des fonctions sacerdotales.
Le pape Marin 1er qui succéda à Jean VIII en 883 lui rendit son diocèse de Porto. Après les règnes de Marin, d’ Adrien III et d’ Étienne V , Formose fut consacré le 6 octobre 891.
Il fut forcé de couronner empereur le duc Guy de Spolète en avril 892 et se trouva plongé dans un grand nombre de querelles bien difficiles. A Constantinople, le patriarche Photius avait été démis tandis qu’ Étienne , le fils de l’Empereur Basile 1er, avait pris le pouvoir. Les Archevêques de Cologne [3] et Hambourg [4] se disputaient l’évêché de Brême [5]. Eudes comte de Paris et Charles le Simple s’opposaient en France pour la couronne et le pape se prononça pour Charles.
Il convainquit Arnulf de Carinthie de venir à Rome et de libérer l’Italie. En 894, Arnulf conquit tout le pays au nord du Po. Guy de Spolète mourut en décembre laissant son fils Lambert de Spolète aux soins de sa mère Agiltrude , une adversaire des Carolingiens. En automne de 895, Arnulf entreprit sa deuxième campagne en Italie et en 896 il était couronné par le pape à Rome. Le nouvel empereur marcha sur Spolète mais, frappé de paralysie en cours de route, il fut hors d’état de continuer la campagne.
Le 4 avril 896, Formose mourut. Lui succédèrent les papes Boniface VI et Étienne VI , ce dernier, sous l’influence de Lambert et d’Agiltrude mit en jugement Formose en 897, ce qu’on a appelé le Concile cadavérique. Le cadavre fut exhumé, revêtu des vêtements d’apparat pontificaux et assis sur un trône pour faire face à toutes les accusations portées autrefois par Jean VIII. Le verdict fut que le défunt n’était pas digne du pontificat. Toutes ses mesures et ses actes furent annulés et les ordres conférés par lui furent déclarés invalides.
Le pape Serge III confirma néanmoins plus tard les condamnations portées contre Formose et exigea une nouvelle consécration des évêques par lui nommés. Cela créa une grande confusion, car ceux-ci étaient nombreux. Plus tard la validité des consécrations de Formose fut à nouveau reconnue et la décision de Serge condamnée par l’Église.