Bernard de Gothie (mort après 880)
Marquis de Gothie de 865 à 878-Comte de Poitiers de 866 à 877 et de Bourges et d’Autun de 876 à 878
Fils de Bernard le Poitevin, comte de Poitiers [1], et de Bilchide du Maine . A la mort de Ramnulf 1er, il prend le contrôle du comté de Poitiers, mais il ne semble pas que sa prise de pouvoir aie été entérinée, ni par Charles le Chauve, ni par son fils Louis II le Bègue.
À la cour du roi d’Aquitaine [2], il s’allie avec Bernard Plantevelue, comte d’Auvergne [3] et de Toulouse [4] et à Boson, comte d’Arles [5] contre les autres factions de la cour. En 872, ils obligent le roi Louis le Bègue à congédier ses conseillers et à les nommer à leur place. Mais la mésentente s’installe entre les 3 hommes, et le roi enlève le comté de Bourges [6] à Boson pour le donner à Bernard de Gothie, puis à la mort d’Ecchard comte de Macon [7] et d’Autun [8], donne à Bernard de Gothie le comté d’Autun, convoité par Bernard Plantevelue.
En 875, le roi Charles le Chauve est choisi comme empereur d’Occident et sacré à Rome. En 877, il est appelé par le pape Jean VIII qui est menacé par les Sarrasins [9]. Charles se rend en Italie à la tête d’une armée, mais il est bloqué par son neveu Carloman qui veut l’empêcher de s’emparer de l’Italie. Charles envoie des messages dans son royaume pour obtenir des renforts, mais apprend en retour que les grands du royaume se sont révoltés sous la conduite de Boson, d’Hugues l’Abbé, de Bernard Plantavelue et de Bernard de Gothie. Charles le Chauve meurt pendant son retour en France.
La mort de Charles le Chauve met fin aux raisons de la révolte et Hugues l’Abbé prend la place de principal conseiller de Louis II le Bègue, le nouveau roi. Mais Bernard de Gothie ne désarme pas, refuse de reconnaître le nouveau roi et se comporte en roi dans ses possessions. En 877, Hugues l’Abbé lui retire le comté de Poitiers, qu’il donne à Ramnulf II, le fils de Ramnulf 1er.
Il se révolte, mais est excommunié en 878 par le pape Jean VIII lors du concile de Troyes [10]. Il est ensuite battu par Plantavelue et ses possessions sont partagées entre plusieurs nobles. Il continua la lutte depuis sa ville d’Autun, mais celle-ci est prise au printemps de l’année 879. Lorsque Boson se proclame roi en Provence, il semble avoir défendu Mâcon contre les rois Louis III et Carloman II, mais ceux-ci prennent la ville durant l’été 880. On ignore ce qu’il devient ensuite.
Notes
[1] Depuis le 7ème siècle, les comtes de Poitiers, ou, suivant l’usage comtes de Poitou, ont été à la tête d’un ensemble territorial qui a évolué au fil des siècles. Le comté fut érigé comme tel par Charlemagne, qui envoya en 778 un certain Abbon pour administrer le territoire. Très vite, et toujours sous la période carolingienne, deux familles franques s’opposent au titre comtal : celle des Guilhelmides et celle des Ramnulfides, qui aura raison de la première en 902. La nouvelle dynastie pleinement instaurée devient la fameuse maison de Poitiers, dont Aliénor d’Aquitaine est l’ultime héritière.
[2] L’Aquitaine est le nom donné depuis au moins le 1er siècle av. jc à une région ancrée sur la façade Atlantique et le versant nord des Pyrénées. En 507, Clovis, appelé par les évêques de Novempopulanie, l’intègre au royaume des Francs, en battant Alaric II, roi des Wisigoths, à la bataille de Vouillé. 671 voit l’indépendance de l’Aquitaine, dirigée par le duc Loup 1er de Vasconie. Entre 719 et 732, les ducs Eudes et son fils Hunald 1er détiennent l’Albigeois où ils ont des biens. Eudes combat les Sarrasins en Albigeois. En 721, le duc Eudes bat le Califat omeyyade à la Bataille de Toulouse. 732 voit la défaite du duc d’Aquitaine et l’invasion de la Vasconie par l’émir Abd el Rahman, arrêté à la bataille de Poitiers par Charles Martel, qui commence la réunion de l’Aquitaine sous contrôle des Vascons au royaume franc. 742 et 743 voient les campagnes des fils de Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref, contre l’Aquitaine et la Vasconie (et la Bavière). Entre 760 et 768, Pépin le Bref entreprend chaque printemps des expéditions sanglantes contre le duc Waïfre, fils d’Hunald 1er. Le 2 juin 768, ce dernier est finalement tué par un des siens, Waratton, sur ordre de Pépin. En 778, l’armée de Roland, piégée par le wali de Saragosse, a été défaite par les Vascons dans les montagnes basques de Roncevaux en revenant de Pampelune. Puis Charlemagne crée en 781 pour son fils Louis le Débonnaire alors âgé de 3 ans, le royaume d’Aquitaine englobant les territoires du Rhône à l’Atlantique.
[3] Le comté d’Auvergne est l’une des plus anciennes seigneuries de France, puisqu’elle a déjà été érigée à la fin de la période romaine. Durant l’ère mérovingienne, il devient même momentanément un duché. La famille des Comtes d’Auvergne gouverne le comté depuis le dixième siècle. Une crise éclate au sein de la famille en 1155, date à laquelle le comte Guillaume VII d’Auvergne est forcé par son oncle Guillaume VIII d’Auvergne à diviser le comté en deux. Guillaume VIII reprend le comté, tandis que Guillaume VII doit se satisfaire du titre de dauphin d’Auvergne. En 1360, le roi de France Jean II de France crée, sur la vieille Terre royale d’Auvergne, un duché d’Auvergne qui se transmet au sein de la famille royale
[4] Le comté de Toulouse est un ancien comté du sud de la France, dont le titulaire était l’un des six pairs laïcs primitifs. Le comté de Toulouse est créé en 778 par Charlemagne, au lendemain de la défaite de Roncevaux, afin de coordonner la défense et la lutte contre les Vascons et intégré dans le royaume d’Aquitaine, lorsque celui-ci est créé trois ans plus tard.
[5] Le comté d’Arles est une ancienne principauté féodale situé à l’est du delta du Rhône
[6] Bourges est une ville qui dépendait du duché d’Aquitaine pendant la période mérovingienne. Charles Martel, maire du palais des royaumes francs la prend en 731, mais Eudes, duc d’Aquitaine la reprend peu après. Pépin le Bref la reprend en 761 et y installe un comte. En 926, Raoul de Bourgogne, roi de France, supprime le comté et en fait une vicomté, relevant directement de la couronne. Cette vicomté est vendue en 1101 à Philippe 1er, roi de France.
[7] Le comté de Mâcon rattaché à la ville de Mâcon en Saône-et-Loire (Mâconnais) dans la partie sud-est de la Bourgogne au Moyen Âge. À l’époque carolingienne, le pagus devient un comté. Sans postérité, le dernier comte, Jean de Dreux et de Braine, et sa veuve, Alix, comtesse de Mâcon et de Vienne, vendent le comté au roi de France, Saint Louis, qui l’incorpore au domaine royal, tandis que le titre de comte de Vienne reste aux oncles d’Alix. Rendu au duché de Bourgogne en 1435 dans le cadre du traité d’Arras, le comté de Mâcon est définitivement annexé au royaume avec l’ensemble de la Bourgogne après 1477, année de la défaite et de la mort du duc Charles le Téméraire vaincu par Louis XI. Jusqu’à la Révolution française, le Mâconnais, rattaché à la Bourgogne avec le statut de comté adjacent, disposait de ses propres États : les États particuliers du Mâconnais.
[8] Autun est une commune française du département de Saône-et-Loire. Fondée par les Romains comme Augustodunum, sœur et émule de Rome au début du règne de l’empereur Auguste, capitale gallo-romaine des Éduens en remplacement de Bibracte, évêché dès l’Antiquité, Autun a été jusqu’à la fin du 15ème siècle une cité prospère et un centre culturel influent, en dépit des pillages et des invasions.
[9] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.
[10] Le concile de Troyes se tient en août 878 pour examiner le cas de Bernard de Gothie qui a usurpé des biens de l’Église et qui est en conflit avec Frotaire et en révolte contre le roi Louis le Bègue