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Publius Tarrutienus Paternus

dimanche 13 avril 2025, par lucien jallamion

Publius Tarrutienus Paternus (mort en 182)

Homme d’Etat et haut fonctionnaire romain du Haut Empire

empire romain au 2ème siècleMembre de l’ordre équestre [1], il a été notamment préfet du prétoire [2] de Marc-Aurèle puis de Commode, couronnement d’une carrière de chevalier, classique mais brillante. Il meurt victime du contexte troublé de la cour impériale au début du règne de Commode.


Paternus est essentiellement connu par les sources littéraires. La plus complète est l’ouvrage du sénateur et historien de langue grecqueCassius Dion ou Dion Cassius. Contemporain des faits, généralement bien informé, Cassius Dion tient Paternus en haute estime du fait de sa carrière et de la confiance que lui accordait Marc Aurèle, lui-même admiré par l’historien. Il est également évoqué chez Hérodien, un autre contemporain de langue grecque, mais de manière bien plus allusive. Il est par ailleurs évoqué par des sources plus tardives, comme l’écrivain militaire Végèce, mais surtout, “la Vita Commodi”, appartenant à la somme de L’Histoire Auguste [3], composées au 4ème siècle, par des auteurs mal connus, dont les récits sont parfois assez fantaisistes. Sa carrière est également renseignée par plusieurs inscriptions grecques et latines, notamment la tabula banasitana [4].


Probablement originaire de Rome, membre de l’ordre équestre, juriste de formation ses travaux sont cités dans le Digeste [5], auteur d’un ouvrage intitulé “De Re Militari” sur le droit et la tactique militaire, il devient secrétaire “ab epistulis latinis” [6] sous l’empereur Marc-Aurèle atour de 171. On peut raisonnablement supposer qu’il a suivi avant cette nomination une carrière équestre classique.

Il accompagne le quartier général de l’empereur au cours de sa première campagne contre les Germains [7] sur le Danube [8] de 169 à 175. Au cours de celle-ci, il est chargé d’une mission diplomatique auprès de la tribu des Cotini [9] afin d’obtenir leur alliance contre leurs voisins Marcomans [10]. L’échec de cette opération n’empêcha pas Marc Aurèle de lui conserver sa confiance.


Il devient en effet l’un de ses préfets du prétoire, à une date discutée au plus tôt en juillet 177, mais certainement avant 179. On le retrouve aux côtés de l’empereur au cours de la deuxième guerre germanique de 178 à 180 au cours de laquelle il s’illustre en remportant une victoire importante contre les Marcomans en 179, à l’issue de laquelle Marc-Aurèle obtint sa dixième salutation impériale. Une inscription de Rome, très lacunaire, laisse entendre qu’il aurait pu recevoir à cette occasion les ornements consulaires.

A la mort de Marc-Aurèle en 180, son fils et successeur Commode le maintient en fonction, avec un nouveau collègue, Tigidius Perennis. Paternus constituait en effet un élément de continuité avec le règne de Marc Aurèle, et bénéficiait en outre de soutiens au Sénat, ce qui dans ce contexte de succession impériale pouvait être un atout pour le prince. Il dut assister ce dernier au cours des négociations qu’il mena avec les Germains sur le Danube avant son retour à Rome le 22 octobre 180.


Le retour à Rome de Commode et de sa cour est marquée par une certaine instabilité. L’empereur doit ainsi déjouer et réprimer des conjurations dont certaines se nouent au sein même de la famille impériale.

Soupçonné de comploter avec Salvius Julianus auquel sa fille était promise. Il est d’abord nommé sénateur.

Après quoi, il fut éliminé en 182.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Publius Tarrutienus Paternus/ Portail de la Rome antique • section Empire romain/ Catégorie  : Préfet du prétoire du IIe siècle

Notes

[1] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre (equester ordo), sous la Royauté, la République et l’Empire. Choisis par les censeurs, ce sont les plus fortunés (au moins 400 000 sesterces du 2ème siècle av. jc, jusqu’au début de l’Empire) et les plus honorables des citoyens (en dehors des sénateurs). Cette appartenance pouvait être théoriquement remise en cause à chaque censure. En pratique elle était héréditaire. Le chevalier se reconnaît à la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique (tunique dite angusticlave), et au port de l’anneau d’or. Les chevaliers se virent attribuer un poids politique supplémentaire au motif qu’ils étaient capables financièrement de s’équiper pour servir dans l’armée à cheval. De plus l’appartenance à l’ordre équestre était nécessaire pour accéder aux postes d’officier dans l’armée.

[2] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.

[3] L’Histoire Auguste (en latin Historia Augusta) est le nom que l’on donne couramment depuis le début du 17ème siècle à un recueil de biographies d’empereurs romains composé en latin au cours de l’Antiquité tardive, à la fin du 4ème siècle.

[4] La Tabula Banasitana (en français « table de Banasa ») est un document épigraphique retrouvé à Banasa, dans l’actuel Maroc, en 1957 et aujourd’hui conservé au musée archéologique de Rabat. Il s’agit de la copie conforme, datée de 177 de documents relatifs à la concession de la citoyenneté romaine par l’empereur Marc Aurèle à une famille de notables des Zegrenses, une tribu de Maurétanie tingitane. La Tabula Banasitana éclaire la procédure administrative suivie lors de la concession de la citoyenneté romaine à titre viritane (viritim, donnée à titre personnel). Elle éclaire aussi les conséquences de cette concession : la citoyenneté romaine est concédée saluo iure gentis, en préservant le droit local : le nouveau citoyen peut continuer à mener sa vie comme auparavant. La concession de la citoyenneté ne déséquilibre pas la vie des collectivités locales, les bénéficiaires nommés par la Tabula Banasitana conservent ainsi tous leurs devoirs envers le fisc. La Tabula Banasitana a aussi apporté une riche information prosopographique en révélant les noms de gouverneurs de Maurétanie Tingitane ainsi que la composition du conseil impérial lors de la séance de juillet 177. En apportant de nouvelles données sur la citoyenneté romaine et sa concession au 2ème siècle, elle a aussi contribué à la compréhension de l’édit de Caracalla.

[5] un recueil de citations de jurisconsultes romain rassemblées sous Justinien au 6ème siècle

[6] c’est-à-dire chargé de la correspondance en latin

[7] Les peuples germaniques ou Germains sont des ethnies indo-européennes originellement établies en Europe septentrionale. Leur protohistoire se situe dans les territoires connus sous le nom de Germanie (latin Germania), de Thulé (terme grec désignant probablement la Scandinavie ou le nord de l’Allemagne), ou encore sur les rives de la mer Noire. Mieux connus dans le monde latin à partir du 1er siècle, principalement à travers l’œuvre de l’historien Tacite, l’expansion originelle des Germains est attestée à l’âge du bronze danois. C’est à cette période que la linguistique fait remonter la différenciation linguistique en trois grands groupes : Germains orientaux, Germains occidentaux et Germains septentrionaux. Cette communauté linguistique est constitutive du paradigme de « Germains ».

[8] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[9] Les Cotini ou Cotins étaient un peuple celte occupant probablement l’actuelle Slovaquie, et (selon certains) la Moravie et le sud de la Pologne. Ils constituaient probablement une part archéologique significative de la culture de Púchov avec son centre à Havránok.

[10] Les Marcomans (latin m. marcomani) sont un peuple germanique occidental, connu notamment grâce à l’historien romain Tacite qui les situe entre Naristes et Quades, dans l’actuelle Moravie. Au début du 1er siècle de l’ère chrétienne, les Marcomans créent un royaume éphémère « centré sur la Bohême qui venait d’être enlevée aux Celtes Boïens » ; leur plus grand roi, Marobod avait été otage à Rome durant sa jeunesse. C’est également vers cette époque que naît l’alphabet germanique runique, ou Futhark, dont les Marcomans sont peut-être les auteurs.