Louise-Magdeleine Horthemels épouse Cochin (1686-1767)
Graveuse française professionnelle
Née à Paris de Daniel Horthemels, libraire originaire de la Hollande, et de Marie Cellier. Elle a au moins 6 frères et sœurs. Janséniste [1], la famille a des liens avec l’abbaye de Port-Royal des Champs [2].
Elle est active comme graveuse dès 1707. Ses premières œuvres montrent une certaine rigidité dans la ligne, avec un insistance sur les détails architecturaux. Son talent réside néanmoins dans la gravure du travail des autres de sorte que leur génie a été révélé alors que son propre style était supprimé. Exécuté d’une main sûre, son travail montre une délicatesse et une clarté dans la touche, qui furent admirés en son temps.
Elle est active comme graveuse à Paris pendant près de 50 ans, produisant plus de 60 plaques de cuivre signées et collaborant, comme son mari, à l’illustration de l’Histoire et description de l’Hôtel des Invalides [3] et de l’Histoire générale de Languedoc [4]. Sa première œuvre publiée est le frontispice du Diable boiteux [5] d’Alain-René Lesage. Elle signera ensuite diversement ses œuvres. Elle fait des gravures des tableaux de Nicolas Poussin, Charles Le Brun, Antoine Coypel , Michel Corneille le Jeune , Claude Vignon et Nicolas Lancret .
Au moment de la destruction de l’abbaye de Port-Royal des Champs [6], elle compose une série de 15 estampes, dont 6 paraissent en février 1710 et les 9 autres avant juillet 1713. Ces gravures présentent plusieurs vues de l’abbaye et en retracent la vie familière. En 1720 elle grave d’après Poussin, Le Brun, Coypel, Lancret.
Madeleine Cochin grave des portraits, comme une gravure sur cuivre du Prince Jacques François Stuart , d’après une peinture du début du 18ème siècle par son frère-frère Alexis Simon Belle . Elle termine aussi au burin la grande planche “Le feu d’artifice de la place de Navone” d’après Giovanni Pannini commencée par son fils Charles Nicolas Cochin dont elle grave les premiers dessins.
Elle épouse le 10 août 1713 son collègue Charles-Nicolas Cochin . Elle met au monde et élève Charles Nicolas fils, qui devient l’un des meilleurs dessinateurs-graveurs et écrivains d’art du 18ème siècle.
Les 2 époux travailleront activement ensuite avec leur fils, qui reçoit beaucoup de commandes. Ils vivent dans les galeries duLouvre, où le roi parti à Versailles [7] loge les plus illustres académiciens. Charles Nicolas Cochin père meurt le 5 juillet 1754.
Son frère Frédéric et ses 2 sœurs, dont Marie-Anne-Hyacinthe épouse Tardieu qui avait épousé le graveur Nicolas-Henri Tardieu et l’autre, Marie-Nicole, le peintre Alexis Simon Belle, sont également graveurs. Les membres de cette famille ont souvent travaillé ensemble sur une seule composition.
Louise Magdeleine Hortemels meurt le 2 octobre 1767 au Louvre.
Notes
[1] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine
[2] Le site de Port-Royal des Champs est un ensemble constitué des ruines de l’abbaye de Port-Royal, du musée national de Port-Royal des Champs anciennement musée des Granges, et d’un domaine forestier et paysager. Au cœur de la vallée de Chevreuse, au sud-ouest de Paris, dans la commune de Magny-les-Hameaux (Yvelines), il est situé au bout de la plaine de Trappes. Il ne reste aujourd’hui presque rien de ce monastère fondé en 1204, témoin de l’histoire de l’abbaye de Port-Royal et du jansénisme. Cet endroit fut le théâtre d’une intense vie religieuse, intellectuelle et politique du 13ème siècle à nos jours. D’abord simple abbaye cistercienne féminine au cœur du Bassin parisien, Port-Royal devient au 17ème siècle l’un des hauts lieux de la réforme catholique puis l’un des symboles de la contestation politique et religieuse face à l’absolutisme royal et aux réformes théologiques et ecclésiologiques de l’Église tridentine.
[3] L’hôtel des Invalides est un ensemble architectural parisien situé dans le 7e arrondissement, dont la construction remonte au 17ème siècle. Elle a en effet été ordonnée par Louis XIV le 24 février 1670 dans le but d’accueillir les soldats invalides de ses armées. Demeuré fidèle à cette mission, il est également aujourd’hui le siège de différentes autorités militaires, comme le gouverneur militaire de Paris, et héberge plusieurs organismes consacrés à la mémoire des anciens combattants et au soutien des soldats blessés. Il abrite aussi la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, plusieurs musées et une nécropole militaire, dont l’élément principal est le tombeau de Napoléon 1er. Ce vaste complexe architectural, conçu par Libéral Bruand et Jules Hardouin-Mansart, est l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture classique française.
[4] L’Histoire générale de Languedoc est un ouvrage sur l’histoire de la province de Languedoc, rédigé et publié durant la première moitié du 18ème siècle par les pères bénédictins dom Claude Devic et dom Joseph Vaissète. Il est ensuite complété une première fois par Alexandre Du Mège au milieu du 19ème siècle. Enfin il est entièrement refondu et publié par une équipe de savants pour la librairie Privat à la fin du 19ème siècle, plusieurs fois réimprimé. Bien qu’elle soit dépassée sur de nombreux aspects, l’HGL demeure précieuse pour le corpus de textes qu’elle reproduit, certains ayant été perdus dans la tourmente révolutionnaire, mais aussi rétrospectivement pour les innovations qu’elle apporta à l’analyse historique.
[5] Le Diable boiteux est un roman d’Alain-René Lesage, publié en 1707. Le héros du Diable boiteux se fait transporter par le diable sur le toit de chaque maison, pour voir ce qui s’y passe et avoir l’occasion de conter une aventure sans liaison avec ce qui précède ni avec ce qui suit.
[6] Le site de Port-Royal des Champs est un ensemble constitué des ruines de l’abbaye de Port-Royal, du musée national de Port-Royal des Champs anciennement musée des Granges, et d’un domaine forestier et paysager. Au cœur de la vallée de Chevreuse, au sud-ouest de Paris, dans la commune de Magny-les-Hameaux (Yvelines), il est situé au bout de la plaine de Trappes. Il ne reste aujourd’hui presque rien de ce monastère fondé en 1204, témoin de l’histoire de l’abbaye de Port-Royal et du jansénisme. Cet endroit fut le théâtre d’une intense vie religieuse, intellectuelle et politique du 13ème siècle à nos jours. D’abord simple abbaye cistercienne féminine au cœur du Bassin parisien, Port-Royal devient au 17ème siècle l’un des hauts lieux de la réforme catholique puis l’un des symboles de la contestation politique et religieuse face à l’absolutisme royal et aux réformes théologiques et ecclésiologiques de l’Église tridentine.
[7] Le château de Versailles est un château et un monument historique français qui se situe à Versailles, dans les Yvelines, en France. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l’exception des années de la Régence de 1715 à 1723. Situés au sud-ouest de Paris, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française. Le château est constitué d’une succession d’éléments ayant une harmonie architecturale. Il s’étale sur 63 154 m², répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée. Le parc du château de Versailles s’étend sur 815 ha, contre plus de 8 000 ha avant la Révolution française, dont 93 ha de jardins. Il comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon (qui fut également résidence de Napoléon 1er, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe 1er, et Napoléon III), le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie (aujourd’hui détruite), une orangerie et la pièce d’eau des Suisses.