Quintus Clodius Hermogenianus Olybrius
Homme politique romain de la fin du 4ème siècle
Il est désigné consul en 378.
Fils de Clodius Celsinus Adelphius et de la poétesse chrétienne Faltonia Betitia Proba . Son frère est Faltonius Probus Alypius.
Olybrius a pour épouse Tyrrania Anicia Iuliana. Leur fille, Anicia Faltonia Proba, épouse Sextus Claudius Petronius Probus .
Olybrius est de religion chrétienne. Ammien Marcellin le décrit comme un esprit bienveillant par essence qui apportait le plus grand soin à ne blesser qui que ce fût par ses actes ou ses paroles, et comme un administrateur habile et intègre peu accessible à la calomnie et qui rogna de son mieux les ongles au fisc.
Ammien lui reconnaît comme seul défaut une dissipation dans son intérieur, un goût des spectacles et du plaisir des sens n’allant pas toutefois jusque dans les jouissances monstrueuses ou illégitimes.
Olybrius commence sa carrière comme consulaire de Campanie [1] avant 361, une fonction habituellement confiée à de jeunes aristocrates au début de leur carrière. Il devient après cette date proconsul [2] d’Afrique [3].
Entre 369 et 370, il exerce la charge de préfet de la Ville de Rome [4]. Ammien Marcellin écrit dans ses “Res Gestae” [5] que la préfecture d’Olybrius fut douce et tranquille.
Durant sa préfecture, Olybrius reçoit une plainte pour empoisonnement déposée par Chilon, ex-lieutenant d’Afrique, et par sa femme Maxima contre le luthier Séricus, le maître d’escrime Asbolius et l’haruspice Campensis. Olybrius fait arrêter les prévenus mais, en raison d’une maladie, laisse à son vice-préfet Maximinus le soin de diriger l’enquête.
En 378, Olybrius est nommé préfet du prétoire [6] d’Illyrie [7], une région ravagée depuis 2 ans par la guerre des Goths [8], où l’empereur romain d’Occident Gratien mène campagne à partir de l’été. Après la mort de l’empereur d’Orient Valens lors de la bataille d’Andrinople [9], il est nommé préfet du prétoire d’Orient. Olybrius est désigné consul par l’empereur Gratien à Sirmium [10] pour l’année 379, en même temps qu’Ausone qui se trouve quant à lui à Trèves [11].
Olybrius est encore en vie en 384 lors de la controverse de l’autel de la victoire à Milan [12]. Il serait mort avant 395, à en croire le panégyrique d’Olibrius et Probinus du poète Claudien, dédié aux petits-fils d’Olybrius, Anicius Hermogenianus Olybrius et Anicius Probinus , à l’occasion de leur élection au consulat en 395. Ce poème évoque en effet le souvenir d’Olybrius au même titre que celui de son gendre, Petronius Probus, le père des deux consuls, mort dans les années 390.
Notes
[1] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.
[2] La fonction de proconsul dans la Rome antique correspond à la notion actuelle de gouverneur. Étymologiquement, ce terme vient du préfixe latin pro, à la place de, et consul. Le premier cas de proconsulat historiquement cité par Denys d’Halicarnasse date de 464 av. jc, lorsque Titus Quinctius Capitolinus Barbatus reçut le pouvoir de diriger une armée (imperium) pour aller au secours d’un consul assiégé. Il s’agit alors d’une solution improvisée sous la pression des événements. La fonction réapparaît avec l’agrandissement de la République romaine au 4ème siècle av. jc, lorsqu’un consul doit finir une campagne militaire ou doit gouverner un territoire au-delà de la durée normale de son mandat de consul (un an). Son pouvoir (imperium consulaire) est alors prolongé, en général pour une durée d’un an et toujours sur un territoire précis, le plus souvent une province. Le terme « proconsul » tient au fait que son titulaire exerçait un pouvoir consulaire ; cependant, tous les proconsuls n’étaient pas forcément d’anciens consuls.
[3] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une province romaine qui correspond au territoire naturel de Carthage, la Numidie Orientale et à la côte occidentale de la Libye actuelle. Cette province, qui est issue de la réunion de l’Africa Vetus et de l’Africa Nova, est divisée par Dioclétien en trois : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.
[4] Le préfet de Rome ou préfet de la Ville est une magistrature romaine non collégiale et non élective, chargée de gouverner la ville. Si les historiens romains mentionnent durant la monarchie romaine et la République archaïque une délégation temporaire et épisodique pour défendre la ville en l’absence des titulaires du pouvoir, la préfecture de Rome n’est une magistrature réelle que sous l’Empire.
[5] Res gestae ou Rerum gestarum libri XXXI est le titre de l’ouvrage le plus connu de l’officier romain Ammien Marcellin : une œuvre, lacunaire aujourd’hui, composée à partir de l’an 380 et probablement conclue vers 392. Les livres qui composent le Res gestae tracent l’histoire de l’Empire romain de l’avènement de l’empereur Nerva en 96 jusqu’à la bataille d’Andrinople et la mort de Valens en 378. Le titre, qui signifie « Les choses accomplies », n’est pas authentique, il a été appliqué par Priscien de Césarée. Le Codex Vaticanus donne le titre Rerum gestarum libri, même si une hypothèse indiquerait que le titre probable serait Rerum gestarum libri ab excessu Neruae
[6] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.
[7] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers 1300 av. jc ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au 7ème siècle av. jc et 6ème siècle av. jc, l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[8] La guerre des Goths de 377 à 382 est un conflit opposant les Goths à l’Empire romain d’Orient. Il est considéré par certains historiens comme responsable de la cascade d’évènements qui mèneront à la chute de l’Empire romain d’Occident. Le conflit débute après l’échec de la tentative d’installation sur le territoire de l’Empire romain de plusieurs dizaines de milliers d’immigrants Tervinges fuyant l’avancée des Huns en Europe centrale. Après avoir reçu l’autorisation de l’Empereur romain d’Orient Valens de traverser le Danube, les Goths sont installés dans des camps de réfugiés dans le Nord des Balkans, où ils subissent de mauvais traitements de la part des autorités romaines. Après le déclenchement d’une mutinerie parmi les réfugiés à l’hiver 376/377, les garnisons locales se montrent incapables de rétablir l’ordre et d’empêcher le pillage de la province de Thrace. Les armées romaines dépêchées sur place à partir de la fin de l’été 377 échouent également à vaincre les Goths, qui sont renforcés par l’arrivée de renforts issus d’autres peuples barbares comme les Greuthunges, les Alains et les Huns. L’échec des Romains culmine lors de la bataille d’Andrinople, survenue le 9 août 378, qui se solde par une lourde défaite pour l’armée de l’Empire romain d’Orient et par la mort de l’empereur Valens. Son successeur, Théodose 1er, prend la tête des opérations militaires en Thrace et en Macédoine. Après 3 années de campagne marquées par l’absence de victoire décisive, il conclut un traité de paix avec les Goths le 3 octobre 382, les autorisant à s’installer en tant que fédérés dans les provinces de Mésie et de Thrace.
[9] La bataille d’Andrinople ou d’Adrianople (aujourd’hui Edirne en Turquie européenne) a eu lieu le 9 août 378. Elle désigne l’affrontement entre l’armée romaine, commandée par l’empereur romain Valens et certaines tribus germaniques, principalement des Wisigoths (Goths Thervingues), et des Ostrogoths (Goths Greuthungues), commandées par Fritigern. Il s’agit d’un des plus grands désastres militaires romains du 4ème siècle, comparable à la défaite de Cannes. Cette bataille ne résulte pas d’une invasion, mais d’une mutinerie des fédérés Goths établis dans l’Empire romain.
[10] Sirmium, aujourd’hui Sremska Mitrovica, dans la province de Voïvodine, en Serbie était une cité romaine située dans la province de Pannonie. Originellement fondée par les Celtes au 3ème siècle av. jc et conquise par les Romains au 1er siècle av. jc, elle fut la capitale économique de la province de Pannonie et l’une des quatre capitales de l’Empire romain au temps de la Tétrarchie.
[11] Trèves est une ville et un arrondissement d’Allemagne, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. La ville est située sur la Moselle. Cette ville, ancienne colonie romaine, est fondée à l’époque romaine, en l’an 16 av. jc sous le nom d’Augusta Treverorum, sur le site du chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires. Le pont romain en pierre qui franchit la Moselle est édifié en 45 ap. jc, en remplacement d’un premier pont de bois : c’est le plus ancien pont d’Allemagne encore debout. Colonie romaine et place forte très importante dans la défense contre les « Barbares », elle est dotée d’une enceinte abritant la plus grande surface urbaine de Gaule. Grande métropole marchande à partir du 2ème siècle, devenue l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du 3ème siècle et siège d’un atelier monétaire impérial à partir de 294, Trèves est alors qualifiée de « seconde Rome » ou Roma Secunda. De l’époque romaine subsistent la Porta Nigra (porte noire), le plus grand édifice romain sur le sol allemand, une basilique, où siège un tétrarque (aujourd’hui une église protestante), les restes d’un amphithéâtre, ainsi que des ruines de thermes romains. Au début du 5ème siècle, au cours des invasions germaniques, Trèves est attaquée et pillée plusieurs fois par les Francs. Peu auparavant, la préfecture des Gaules est transférée de Trèves à Arles
[12] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.