Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Pietro Giannone

mercredi 19 février 2025, par lucien jallamion

Pietro Giannone (1676-1748)

Historien et juriconsulte italien

Il est l’auteur d’un long ouvrage sur le Royaume de Naples [1]. S’étant opposé à l’influence du pape sur le Royaume, il a été emprisonné pendant 12 ans jusqu’à sa mort.


Pietro Giannone naît le 7 mai 1676 à Ischitella [2], dans la province de Capitanata [3], l’actuelle province de Foggia [4] dans la région des Pouilles [5] en Italie. Après son arrivée à Naples [6] à 18 ans, il étudie le droit. Il se démarque cependant par ses publications historiques. Il rédige pendant 20 ans son ouvrage principal, Istoria civile del regno di Napoli [7], publié en 1723.

C’est le premier auteur à étudier systématiquement la politologie des religions. À cause de ses études du droit et du gouvernement du Royaume de Naples, il appuie avec ferveur le pouvoir civil de la ville, ce qui le met en conflit avec l’autorité papale de l’Église catholique. Méprisé de la population napolitaine, il est excommunié par la cour de l’archevêque et se voit forcé de quitter la ville. Il s’établit à Vienne [8]. Entre-temps, l’inquisition inscrit son ouvrage à l’Index librorum prohibitorum [9].

À Vienne, protégé de l’empereur Charles VI du Saint-Empire, plusieurs membres importants de la cour viennoise obtiennent pour lui une pension et d’autres avantages pour qu’il poursuive son travail historique. Cette période voit la production de “Il Triregno, ossia del regno del cielo, della terra, e del papa”.

Lorsque la couronne de Naples est remise à Charles III d’Espagne , Giannone renonce à sa pension et s’établit à Venise [10] dans l’espoir de servir la nouvelle monarchie napolitaine. N’ayant pu obtenir un passeport, il est contraint de rester à Venise où il est accueilli avec bienveillance. Après avoir décliné un poste de juriconsulte pour la République de Venise [11] et un autre de professeur en droit public à Padoue [12], il est soupçonné de ne pas vouloir appuyer Venise dans ses prétentions maritimes. Malgré ses efforts pour éliminer les soupçons et à la suite d’intrigues menées par des religieux, il est expulsé de la République.

Le 23 septembre 1735, Giannone est arrêté, puis abandonné à Ferrare [13] en Italie. Vagabondant pendant 3 mois dans la région, il passe par Modène [14], Milan [15] et Turin [16]. Après avoir rejoint Genève [17], il profite de l’amitié de citoyens en vue. Invité au printemps de 1736 à séjourner à Vésenaz [18], village catholique dans le Royaume de Sardaigne [19], pour faire ses pâques, il y est enlevé le 24 mars, veille des Rameaux, par des agents du gouvernement sarde et amené au château de Miolans [20] avant d’être transféré à Ceva [21] et Turin.

Dans la forteresse de Turin, où il passe les 12 dernières années de sa vie, Pietro Giannone rédige une défense des intérêts sardes contre ceux de la papauté. Il signe, sous la contrainte, une rétraction des passages les plus irritants envers le Saint-Siège. Ses conditions de détention sont ensuite moins pénibles. Il meurt le 17 mars 1748.

Le style de Pietro Giannone est jugé moins bon que le meilleur style italien de l’époque. Il montre régulièrement des inexactitudes, parce qu’il ne travaille pas toujours à partir des sources primaires et plagie de temps à autre.

Comparativement à des ouvrages de meilleure facture, ses ouvrages sont mieux accueillis par le public à cause de son style et en dépit des libertés qu’il prend. En Angleterre, l’historien Edward Gibbon le cite régulièrement dans les derniers chapitres de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain [22], ce qui amène d’autres historiens à juger d’un œil favorable ses ouvrages.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pietro Giannone »

Notes

[1] Le royaume naquit de la scission de fait du royaume de Sicile, provoquée par les Vêpres siciliennes de 1282. Le roi Charles d’Anjou, chassé de l’île de Sicile par les troupes de Pierre III d’Aragon, ne se maintint que sur la partie continentale du royaume. Naples devint la capitale de ce nouveau royaume, ce qui provoqua une forte croissance de la ville qui était auparavant supplantée par Palerme. Sous le règne de Robert 1er, le royaume connaît une période de paix et de prospérité. Le roi fit de Naples l’un des centres culturels de l’Italie, invitant à sa cour Giotto, Pétrarque et Boccace. La seconde partie du 14ème siècle vit cependant s’amorcer une période de déclin due à la lutte fratricide entre deux branches adverses de la dynastie angevine pour régler la succession de Robert 1er puis celle de sa fille, la reine Jeanne 1ère. La maison d’Anjou-Duras finit par triompher, avec Charles III, duc de Duras, qui fit assassiner la reine Jeanne en 1382. Son fils, Ladislas 1er, étendit provisoirement le royaume sur une bonne partie de l’Italie centrale, caressant le rêve d’unifier la péninsule. À sa mort sans héritier en 1414 c’est sa sœur, Jeanne II, qui monta sur le trône.

[2] Ischitella est une commune italienne de la province de Foggia dans la région des Pouilles.

[3] La Capitanata, en français la Capitanate, est le nom d’une ancienne province du royaume de Sicile, puis des Deux-Siciles. Créée par Frédéric II de Hohenstaufen, la Capitanata correspond à la Daunie de l’Antiquité, et à la province moderne de Foggia. Avec la Terre de Bari et la Terre d’Otrante, elle forme la région des Pouilles. Son nom dérive du catépanat, office du catépan, un haut fonctionnaire byzantin qui dirigea de 898 à 1071 le thème de Lombardie. Son chef-lieu fut San Severo du 14ème siècle à 1579, puis Lucera jusqu’en 1816, et enfin Foggia. Elle avait pour bornes au nord le comté de Molise, à l’ouest la Principauté ultérieure et au sud la Terre de Bari. En 1806, la Capitanate fut divisée en trois districts (sous-préfectures à partir de 1859) : San Severo, Foggia et Bovino. Elles furent supprimées en 1927. Le nom de Capitanata est aujourd’hui utilisé comme un synonyme de la province de Foggia.

[4] La province de Foggia est une province italienne, dans la région des Pouilles. C’est la troisième province d’Italie par sa superficie, après celles de Sassari et de Bolzano. Elle s’étend sur 6 965 km2 et compte 61 communes. La capitale provinciale est Foggia, qui rassemble environ un quart de la population de toute la province.

[5] La région des Pouilles anciennement l’Apulie, dite plus couramment les Pouilles, est une région d’Italie, située dans le sud-est du pays. Avec la création du royaume de Sicile, les Normands éliminent la présence des Sarrasins et relancent les relations maritimes avec Venise et les villes côtières de la Méditerranée. Cette période voit la vie politique et religieuse de la région totalement réorganisée.

[6] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[7] Histoire civile du Royaume de Naples

[8] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[9] L’Index librorum prohibitorum ou ILP (Index des livres interdits), aussi appelé Index expurgatorius ou Index librorum prohibitorum juxta exemplar romanum jussu sanctissimi domini nostri, est un catalogue instauré à l’issue du concile de Trente (1545-1563). Il s’agit d’une liste d’ouvrages que les catholiques romains n’étaient pas autorisés à lire, des « livres pernicieux », accompagnée des règles de l’Église au sujet des livres. Le but de cette liste était d’empêcher la lecture de livres jugés immoraux ou contraires à la foi. Depuis la « Notification de la suppression de l’Index des livres interdits », émise par le Vatican en 1966, cet Index perd son caractère obligatoire et n’a plus valeur de censure, même s’il reste un guide moral.

[10] Venise est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s’étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au large de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cette particularité, ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel

[11] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[12] Padoue est une ville italienne de la région de la Vénétie, située au nord de la péninsule dans la plaine du Pô, à 40 kilomètres de Venise, sur la rivière Bacchiglione. À partir de 1405 la ville fut sous la domination vénitienne. Durant une brève période, pendant la guerre de la Ligue de Cambrai en 1509, la ville changea de mains. Le 10 décembre 1508, les représentants de la papauté, de la France, du Saint Empire romain germanique et de Ferdinand II d’Aragon conclurent une alliance (la Ligue de Cambrai) contre la République. L’accord prévoyait le démembrement complet du territoire de Venise en Italie et son partage entre les signataires : l’empereur Maximilien 1er de Habsbourg devait recevoir Padoue, en plus de Vérone et d’autres territoires. En 1509, Padoue passa pendant quelques semaines sous le contrôle des partisans de l’Empire. Les troupes vénitiennes récupérèrent rapidement la ville qui fut défendue avec succès durant le siège de Padoue par les troupes impériales en 1509. Entre 1507 et 1544, Venise construisit à Padoue de nouveaux murs, agrémentés d’une série de portes monumentales.

[13] Ferrare est une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne. Située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano, la cité actuelle remonte au 14ème siècle, alors qu’elle était gouvernée par la famille d’Este. Sans héritier mâle, en 1597 Ferrare fut déclarée fief vacant par le pape Clément VIII. Par la Dévolution de 1598, la ville et son territoire, abandonnés par les Este passent sous le contrôle politique et administratif direct du Saint-Siège jusqu’à son intégration dans le Royaume de Sardaigne en 1859.

[14] Modène est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom située en Emilie Romagne. La ville se situe sur la Via Emilia, route romaine qui relie Piacenza jusqu’à Rimini sur la côte Adriatique. Au cœur de la vallée du Pô, la ville est entourée de deux rivières, la Secchia et le Panaro qui sont deux affluents du Pô, le plus important fleuve du territoire italien. La ville s’élève à 34 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer, dans une zone complètement plate. Au sud de la province de Modène se trouve le parc régional de l’Appennino modenese, au cœur de la chaîne de montagne des Appennini.

[15] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.

[16] Turin est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom et de la région du Piémont. Turin fut la capitale des États de Savoie de 1563 à 1720, du royaume de Piémont Sardaigne de 1720 à 1861 et du royaume d’Italie de 1861 à 1865.

[17] Genève, ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du Léman. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Elle est le chef-lieu et la commune la plus peuplée du canton de Genève. Dès 1526, des marchands allemands propagent à Genève les idées de la Réforme luthérienne parmi les commerçants genevois ; la même année, Genève signe un traité de combourgeoisie avec Berne et Fribourg. Sous l’influence de Berne, Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535, la célébration de la messe catholique est interdite et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s’attribue le droit de battre monnaie à sa place alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Genève devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois surnommée la « Rome protestante »

[18] Vésenaz est un village résidentiel de la périphérie de Genève en Suisse, situé sur le territoire de la commune de Collonge-Bellerive. Le village de Vésenaz a fait l’objet d’une donation en 1336 par un comte de Genève : Amédée III. Après ceci, le village dépendait de l’abbaye de Bellerive

[19] Le royaume de Sardaigne officiellement États du roi de Sardaigne jusqu’en 1847 est un État européen ayant existé de 1720 à 1861. Plus précisément, il s’agit de la dénomination et de la forme qu’ont pris les États de la maison de Savoie à partir de l’échange de l’île de Sicile pour celle de Sardaigne, jusqu’à la fondation du royaume d’Italie. En effet, le titre de roi de Sardaigne est obtenu par les ducs de Savoie contre la cession forcée du royaume de Sicile à l’Autriche en 1720, conséquence du traité de Londres et de la paix de La Haye. Le royaume de Sardaigne est à l’origine de la création du royaume d’Italie lors du Risorgimento et donc de l’Italie moderne.

[20] Le château de Miolans est un ancien château fort situé sur la commune française de Saint-Pierre-d’Albigny dans le département de la Savoie. Bâti au 11ème siècle dans la combe de Savoie aux portes des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise, il constitue le centre de la seigneurie puis de la baronnie de Miolans, ainsi que d’une châtellenie savoyarde à partir du 14ème siècle. Le château est une prison de 1564 à 1792.

[21] Ceva est une commune italienne de la province de Coni dans le Piémont. Ancien chef-lieu de province de la maison de Savoie, ancien marquisat.

[22] L’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain est un ouvrage rédigé par l’historien britannique Edward Gibbon et originellement publié en anglais de 1776 à 1788 sous le titre de The History of the Decline and Fall of the Roman Empire. L’ouvrage a été traduit en français une première fois en 1795, repris en français plus moderne en 1812 ; d’autres éditions ont suivi jusque dans les années 2010.