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Hélène de Caernarfon

jeudi 28 décembre 2023, par lucien jallamion

Hélène de Caernarfon

Princesse brittonique des 4ème et 5ème siècles

Considérée comme sainte au pays de Galles [1], fille légendaire du roi Eudaf Hen et épouse de l’usurpateur Magnus Maximus dans la tradition galloise.

Son existence n’est pas avérée par l’histoire ou l’archéologie : Elle serait la combinaison entre une ancienne déesse brittonique apparentée à Arianhod et une princesse galloise mineure dont l’écho en aura fait un être exceptionnel.

Nous ne connaissons rien de son enfance. Toutefois, sa rencontre fabuleuse avec Magnus Maximus est racontée avec beaucoup de détails dans “Le rêve de Macsen Wledig”, un récit des Mabinogion [2].

Fille du puissant souverain gallois Eudaf Hen, elle vivait selon les sources dans le fort de Segontium [3], où son père tenait sa cour. Après plusieurs péripéties, Maximus l’épousa et lui donna plusieurs enfants, dont peut-être Flavius Victor et 3 "rois" : Owain Finddu dit Eugène aux lèvres noires, Antonin, Constantin et selon le Bonedd y Saint [4] Saint Peblig.

Lorsque leur père partit en Gaule romaine pour étendre son influence, les 3 fils se partagèrent le Pays de Galles : Eugène eu le sud-est, Antonin le sud-ouest, Constantin vraisemblablement le nord. La dynastie de ce dernier échoua à se pérenniser puisque le général breton Cunedagius émigra rapidement sur ses terres et s’en rendit maître. Pour les deux autres, toutefois, le sort voulu que leur famille régna encore dans la région. Les souverains de Gwent [5], Dyfed [6], Glywysing [7] et Brycheiniog [8] prétendaient en descendre.

Il est probable que Maximus et Hélène aient continué à résider à Caernarfon, autant en termes symboliques que stratégiques, puisque la cité était extrêmement bien située près de l’île de Môn [9], tête de pont brittonique contre les incursions irlandaises.

Une légende enregistrée par Edward Lhuyd raconte que plusieurs années après le départ de son époux, Hélène décida de se faire religieuse dans un couvent. Elle demanda de l’aide à ses deux fils, Owain ou Eugène et Constantin, pour l’escorter à travers le massif de Snowdonia [10]. Ils furent alors attaqués dans le dos par un géant maléfique, nommé Cidwm, près de Nantmor.

La bataille dura longtemps, mais Eugène finit par remporter la victoire, au prix de sa vie. Toujours selon le conte, le lieu où il est tombé porterait encore son nom aujourd’hui, puisqu’il s’agit de la localité de Bedd Owain, non loin de Dynas Emrys [11].

Au vu de sa situation, ce prince est probablement mort contre une attaque de pillards, nombreux sur les côtes. Quant à la reine Elen, la mythologie n’en dit pas plus. Mais il faut remarquer qu’un nombre non négligeable de routes médiévales sillonnant la région du Gwynedd [12] fait référence à son nom.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean Markale, L’épopée celtique en Bretagne, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1975 (ISBN 2228317411)

Notes

[1] Le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l’Ouest de l’île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l’Angleterre à l’est et est bordé par la mer d’Irlande au nord et à l’ouest et le canal de Bristol au sud.

[2] Les Mabinogion ou les Quatre Branches du Mabinogi sont quatre récits médiévaux, écrits en moyen gallois (gallois du 12ème siècle au 16ème siècle), qui font référence à la mythologie celtique de l’Antiquité. Traditionnellement s’y ajoutent d’autres contes relevant de la légende arthurienne. Le mot Mabinogion est le pluriel de Mabinogi.

[3] Caernarfon est une ville du nord-ouest du pays de Galles. Son orthographe galloise s’est imposée aux dépens de la forme anglicisée Carnarvon, mais celle-ci est retenue pour le titre de Comte de Carnarvon. Le fort se trouvait sur des terres situées en face de l’Île de Môn (en anglais, Anglesey), d’où le nom de cette région, ar Fôn (sur Môn. Môn devient ici Fôn car le gallois est, comme le breton, une langue à mutations : certaines lettres se modifient en fonction de la fonction du mot dans la phrase). Le château fut logiquement appelé Caer yn Arfon, c’est-à-dire château d’Arfon, avant de disparaître.

[4] Le Bonedd y Saint ou Seint c’est-à-dire en gallois l’Ascendance des Saints est un ouvrage de généalogie galloise détaillant les lignages des premiers saints Brittoniques. Il existe des nombreux manuscrits différents dont la publication s’étend du 13ème siècle au 17ème siècle, alors que les sources sont d’origine beaucoup plus anciennes. Le livre est également connu sous le nom de Achau Saint Ynys Prydain (Généalogie des Saints de l’île de Bretagne)

[5] Gwent est un ancien royaume gallois au sud-est du Pays de Galles situé sur les Marches galloises, la rivière Wye le séparant de l’Angleterre à l’est, et l’estuaire de la rivière Severn la séparant au sud du Somerset. Il serait une partie du mythique royaume gallois d’Ewyas, l’autre moitié étant le Glywysing et l’Ergyng. L’histoire de cette région est assez confuse, principalement à cause de la fluctuation des frontières et des noms à travers le temps, accentuée par les innombrables revendications claniques de l’époque. Il est intéressant de constater qu’il garda un mode de vie romanisé plusieurs générations après le départ des troupes romaines de Bretagne, dans la décennie 410.

[6] Le Dyfed est un royaume médiéval du sud-ouest du Pays de Galles. Fondé au début du 5ème siècle dans le sud-ouest du Pays de Galles, à la suite du retrait des forces romaines, son territoire est constitué par celui occupé par les tribus irlandaises des Déisi vers 400. Le Dyfed est indépendant jusque vers 920 et son annexion par Hywel Dda, roi de Seisyllwg et fondateur du royaume de Deheubarth. À la suite des invasions normandes du Pays de Galles entre 1067-1100, la région est conquise par les Normands et, vers 1138, incorporée dans un nouveau comté du Pembrokeshire nommée d’après le château normand édifié dans le cantref de Penfro.

[7] Le Glywysing est un ancien royaume gallois au sud-est du pays de Galles, constitué par la partie ouest du Gwent. Le royaume de Glywysing est créé vers 490 dans la partie ouest du Gwent par le roi éponyme Glywys, époux de Gwawl, une fille de Ceredig ap Cunedda, et donc beau-frère de Teithfallt ap Nynniaw, roi de Gwent. L’histoire des deux petits états demeure par la suite très liée et les souverains souvent communs.

[8] Brycheiniog est un ancien petit royaume gallois dont les origines sont perdues dans la légende. Sa création est également associée par la tradition au roi Vortigern du 5ème siècle et à sa famille. Le Brycheiniog disparait après 925.

[9] Anglesey

[10] Snowdonia est un massif montagneux du Gwynedd et de Conwy, au pays de Galles. Il abrite un parc national d’une superficie de 2 130 km2 s’étendant bien au sud des limites du massif.. Le Grand Tumulus ou mont Snowdon (1 085 m d’altitude), le plus haut sommet du pays de Galles, domine le massif et la partie septentrionale du parc. C’est Cadair Idris (893 m) qui domine la partie méridionale du parc. Celui-ci comporte 96 sommets de plus de 600 m d’altitude. Le parc possède également 60 km de côtes.

[11] Dinas Emrys (en gallois :forteresse d’Ambrosius) est une butte rocheuse et boisée près de Beddgelert à Gwynedd, au nord-ouest du Pays de Galles.

[12] Le Gwynedd, initialement nommé Caernarfonshire and Merionethshire en anglaisa, et Sir Gaernarfon a Meirionnydd en gallois, est un comté situé dans le nord-ouest du pays de Galles. La ville de Caernarfon constitue son centre administratif. Son nom est tiré de l’ancien royaume médiéval, le royaume de Gwynedd