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Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712)

mercredi 13 décembre 2023, par lucien jallamion

Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712)

Princesse issue de la Maison de Savoie-Duchesse de Bourgogne par mariage-Dauphine de France

Elle est la mère de Louis, duc d’Anjou, qui devient roi de France sous le nom de Louis XV .

Elle est l’aînée des enfants de Victor-Amédée II, duc de Savoie [1], et d’ Anne-Marie d’Orléans .


Marie-Adélaïde naît et grandit au sein d’une famille très francophile. En effet, sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère sont françaises. La princesse est très proche de sa grand-mère paternelle, la duchesse douairière de Savoie, née Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours.

Le 7 décembre 1697, en vertu du Traité de Ryswick [2] qui met fin à la Guerre de la Ligue d’Augsbourg [3], elle épouse Louis de France duc de Bourgogne, puis dauphin de France [4].


Leur mariage marque une pause dans l’austérité de la Cour avec ses festivités fastueuses. La petite duchesse fait la conquête du grand-père de son époux, Louis XIV, flatté par sa bonne humeur et ses manières, ainsi que de l’épouse secrète de celui-ci, Madame de Maintenon et obtient une place dans la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr [5], en suivant les cours avec attention, malgré son attitude de mauvaise élève.

Elle séduit aussi son époux, réputé pieux, et lui est solidaire en tout. Elle respecte également son beau-père, le Grand Dauphin, malgré la relation distante qu’il noue avec son fils aîné, le duc de Bourgogne. Elle est donc le trait d’union de toute la famille entre 1697 et 1712. Ses maternités, malgré quelques fausses-couches, raffermissent sa position à la Cour de France, et chacun voit en elle une future reine.

En 1700, elle assiste au mariage de Pierre de Montesquiou d’Artagnan , au Plessis-Picquet [6].

La princesse écoute son mari et le soutient contre leurs adversaires de la "clique de Meudon" [7]. Ainsi en 1708, elle vole au secours de son époux, calomnié pour son peu de courage militaire.

En tant que future dauphine de France, et étant donné que la reine Marie-Thérèse d’Autriche s’est éteinte en 1683, ainsi que la dauphine Marie-Anne de Bavière (1660-1690) en 1690, Marie-Adélaïde tient, durant tout le temps où elle vit à la Cour de France, le rôle de reine.

À ce titre, elle vit dans l’ancien appartement de la reine et étant la première dame de la Cour, l’étiquette lui accordait de nombreux avantages qu’une simple dauphine n’aurait pas eu.

Aussi, en 1699, elle ne put que souscrire à l’invitation de Madame de Maintenon d’être la marraine du petit Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis , futur duc de Richelieu. Elle le familiarisera avec la Cour.

En 1700, son beau-frère, le duc d’Anjou, devint roi d’Espagne et l’année suivante épousa la sœur de Marie-Adélaïde, Marie-Louise-Gabrielle de Savoie ce qui n’empêcha pas le duc de Savoie, père des deux princesses, de rompre l’alliance française au cours de la Guerre de Succession d’Espagne [8], dont ses deux filles ne virent pas la fin.


Le Grand-Dauphin décède, faisant de son fils aîné, duc de Bourgogne, jusqu’alors surnommé le Petit-Dauphin pour le différencier de son père, le seul Dauphin de France. Marie-Adélaïde accède au rang de Dauphine, en sa qualité d’épouse de l’héritier du trône de France, à l’âge de 25 ans.


En 1712, la famille royale doit faire face à une épidémie de rougeole qui n’épargne pas Versailles. Atteinte du mal, la Dauphine y succombe le 12 février 1712, à l’âge de 26 ans. Son époux la suit dans la tombe 6 jours plus tard. L’aîné de leurs 2 fils, également atteint, meurt moins d’un mois après eux.

Son cœur est porté à la chapelle Sainte-Anne de l’église du Val-de-Grâce [9].

P.-S.

Source : cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Fabrice Preyat, « Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), Duchesse de Bourgogne, enfant terrible de Versailles », Études sur le XVIIIe siècle, vol. XXXXI,‎ 2014

Notes

[1] Le duché de Savoie est un ancien duché indépendant, noyau des États de Savoie, devenu Royaume de Sardaigne en 1713, et divisé entre la France et l’Italie en 1860. Le 19 février 1416, l’empereur Sigismond 1er érige le comté de Savoie en duché de Savoie, lui offrant une autonomie politique sans précédent. Les successeurs d’Amédée VIII de Savoie portent désormais le titre de duc jusqu’à ce qu’ils deviennent rois de Sicile, puis de Sardaigne au début du 18ème siècle.

[2] Les traités de Ryswick signés les 20-21 septembre 1697 à Ryswick, ville hollandaise des faubourgs de La Haye, mirent fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre Louis XIV et la ligue d’Augsbourg. Les négociations traînaient en longueur. Louis XIV fit un ultimatum aux coalisés. La paix devait être signée avant le 20 septembre. Un délai supplémentaire était accordé à l’Empereur Léopold 1er. La France signa trois premiers traités le 20 septembre avec respectivement les Provinces-Unies, l’Angleterre et l’Espagne, puis un second avec le Saint Empire romain germanique, le 30 octobre. Louis XIV accepta de reconnaître Guillaume III d’Orange-Nassau comme roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III.

[3] La guerre de la Ligue d’Augsbourg, également appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession Palatine ou guerre de la Grande Alliance, eut lieu de 1688 à 1697. Elle opposa le roi de France Louis XIV, allié à l’Empire ottoman et aux jacobites irlandais et écossais, à une large coalition européenne, la Ligue d’Augsbourg menée par l’Anglo-néerlandais Guillaume III, l’empereur du Saint Empire romain germanique Léopold 1er, le roi d’Espagne Charles II, Victor Amédée II de Savoie et de nombreux princes du Saint Empire romain germanique. Ce conflit se déroula principalement en Europe continentale et dans les mers voisines, mais on y rattache le théâtre irlandais, où Guillaume III et Jacques II se disputèrent le contrôle des îles britanniques, et une campagne limitée entre les colonies anglaises et françaises et leurs alliés amérindiens en Amérique du Nord. Cette guerre fut la deuxième des trois grandes guerres de Louis XIV.

[4] Le titre de dauphin était attribué à sa naissance au fils aîné du roi de France régnant. En cas de mort du Dauphin, son frère cadet recevait à sa place le titre de dauphin. Dauphin fut à l’origine le surnom, puis le titre, des seigneurs du Dauphiné de Viennois, comtes d’Albon-Viennois et, à partir du « transport » du Dauphiné au royaume de France, en 1349, le titre porté par le fils aîné du roi de France.

[5] La Maison royale de Saint-Louis est un pensionnat pour jeunes filles créé à Saint-Cyr, actuelle commune de Saint-Cyr-l’École (Yvelines), le 15 juin 1686 par lettres patentes du roi Louis XIV, à la demande de Madame de Maintenon qui souhaitait la création d’une école destinée aux jeunes filles de la noblesse pauvre. Cet établissement, bien qu’il perdît sa place de premier rang à la suite de la disparition de Louis XIV puis de sa fondatrice, marqua une évolution certaine de l’éducation des jeunes filles sous l’Ancien régime. L’établissement fut maintenu pendant les premières années de la Révolution française, mais ferma définitivement ses portes en mars 1793. Napoléon 1er s’inspira de la Maison royale de Saint-Louis pour créer la maison des demoiselles de la Légion d’honneur, qui existe encore aujourd’hui sous le nom de maison d’éducation de la Légion d’honneur.

[6] Le Plessis-Robinson est une commune française du département des Hauts-de-Seine , dans l’arrondissement d’Antony, au sud-ouest de Paris.

[7] le Grand Dauphin et ses demi-sœurs, la duchesse de Bourbon et la princesse de Conti, toutes deux filles légitimées de Louis XIV

[8] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[9] L’église Notre-Dame du Val-de-Grâce, connue populairement comme l’église du Val-de-Grâce, est une église de style baroque classicisant français dans le 5ème arrondissement de Paris, place Alphonse-Laveran. Avant la Révolution, c’était l’église de l’abbaye royale du Val-de-Grâce.