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Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil ou Guillaume II de Lamoignon

mercredi 13 décembre 2023, par lucien jallamion

Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil ou Guillaume II de Lamoignon (1683-1772)

Seigneur de Blancmesnil et de Malesherbes-Magistrat français

Second fils du président Chrétien François de Lamoignon et de Marie-Jeanne Voisin.

Il fut avocat général au Parlement de Paris [1] le 2 juin 1707, puis président à mortier [2] au même parlement le 20 décembre 1723, puis Premier président de la Cour des aides [3] du 9 mai 1746 à 1749.

C’était un excellent juriste, un bon esprit épris de littérature et d’histoire, irréprochable sur le plan des mœurs et de la piété et insensible au jansénisme [4].

Il fut nommé chancelier de France [5] sans les sceaux, confiés peu de temps auparavant à Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville le 10 décembre 1750 en remplacement d’ Henri François d’Aguesseau , qui avait fini par démissionner et après le refus, resté secret, d’Henri François de Paule Lefèvre d’Ormesson de recevoir cette charge, pour des raisons d’âge.


La fronde parlementaire était alors à son paroxysme, et Lamoignon, loin de manquer d’autorité, comme on l’a dit, supportait difficilement ces insolences et ces coups de force permanents, et se désespérait de ne pas trouver, dans l’entourage de Louis XV, la volonté d’y tenir tête.

Soit que le Roi ait fini par se fatiguer des velléités de résistance de son chancelier, soit que celui-ci eût, comme on l’a affirmé, négligé de faire sa cour à Madame de Pompadour , on lui demanda sa démission, il la refusa et fut exilé dans son château de Malesherbes [6] le 3 octobre 1763. Il finit par la donner 5 ans plus tard, le 14 septembre 1768, alors que plus personne ne songeait à la lui demander.


Il épouse le 13 septembre 1711, en l’église de Saint-Sulpice [7], Marie Louise d’Aligre, fille d’Etienne d’Aligre, président à mortier au parlement de Paris, et de Marie-Madeleine Le Peletier.

Il se remarie en 1715 avec Anne Elisabeth Roujault, fille de Nicolas-Etienne Roujault , ancien intendant en Berry [8], Hainaut [9], Poitou [10] et Normandie [11], et de Barbe-Madeleine Maynon. De cette seconde union sont issus 4 filles et 1 fils.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Robert Laffont, collection « Bouquins », Paris, 1995 (ISBN 2221048105)

Notes

[1] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».

[2] Sous l’Ancien Régime français, les présidents à mortier sont, au sein des parlements, des présidents de chambre. Chaque parlement était présidé par un « premier président » nommé par le roi et était divisé en plusieurs chambres (chambre civile, chambre pénale, chambre commerciale, chambre du commerce maritime, etc.). La plus prestigieuse de ces chambres est appelée la « Grand’Chambre ». Le président qui la préside est le Président à mortier, du nom du « mortier » (une toque de velours noir bordée d’or).

[3] Les cours des aides sont en France, sous l’Ancien Régime, des cours souveraines d’appel créées au 14ème siècle pour traiter les contentieux fiscaux, ayant existé, en discontinu, de 1355 à 1791 à Paris et en province.

[4] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine

[5] Le chancelier de France est un important personnage de l’Ancien Régime, il est le second officier de la couronne, puis le premier, en 1627, avec la suppression du connétable et de l’amiral de France. La conservation d’une copie de tous les actes de gouvernement (édits, traités, capitulaires, dénombrements, etc.) est une des fonctions principales du chancelier. La France a sans doute, après le Vatican, la seconde plus vieille chancellerie du monde, puisqu’elle conserve encore 47 actes originaux datant des rois mérovingiens (481-751). La collection des plus anciens, toujours appelée Trésor des Chartes, constitue le fonds original des Archives nationales de France. Lacunaires jusqu’au 12ème siècle, ce n’est qu’à partir de sa réorganisation par frère Guérin, évêque de Senlis et garde des Sceaux de Philippe Auguste, que l’on conserve véritablement au palais du roi à Paris un exemplaire de tous les actes expédiés ou reçus par le roi. L’office de chancelier, ou cancellariat, dérive de celui de secrétaires et de notaires du roi, il est le chef de l’administration de la justice, et de tous les conseils du roi. Il est le dépositaire des sceaux de France, dont il use pour la distribution de la justice, dons, grâces, et offices. Il préside le conseil du roi, et expose les volontés du roi devant le parlement quand il va y tenir son lit de justice. Cet office ne peut être récusé, sauf démission et forfaiture. Le chancelier est le porte-parole et le représentant du roi, et à la mort de celui-ci, il est le seul personnage de la cour à ne pas porter le deuil pour marquer la pérennité de sa charge. Il est deuxième grand officier de la couronne dans l’ordre des préséances. Il y a toujours un chancelier chef de la justice et il devient de fait l’officier le plus important de la couronne.

[6] Le château de Malesherbes est un château français situé à Malesherbes, dans la commune nouvelle du Malesherbois et le département du Loiret

[7] L’église Saint-Sulpice est une grande église du quartier de l’Odéon dans le 6ème arrondissement de Paris. Elle est située place Saint-Sulpice. Elle est dédiée à Sulpice le Pieux, archevêque de Bourges au 7ème siècle.

[8] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[9] Le comté de Hainaut ou Hainau est un ancien comté qui relevait du Saint Empire romain germanique, qui se trouvait en bordure du royaume de France. Le traité de Meerssen en 870 attribue le comté de Hainaut à Charles le Chauve, qui en fait en 877 un fief héréditaire de la couronne de France. Il en confia probablement le gouvernement à un certain Enguerrand, probablement originaire de Flandre. La prise de possession de la Lotharingie par Louis le Jeune en 880 dut mettre fin à cet interim.

[10] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[11] Le duché de Normandie est un état féodal qui a existé de 911 à 1469, d’abord comme principauté largement autonome, puis, après sa conquête par le roi de France en 1204, comme partie du domaine royal ou comme apanage. Louis XI supprime le duché en 1469. Toutefois, il subsiste pour sa partie insulaire (les îles Anglo-Normandes) comme dépendance de la couronne britannique. Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal carolingien. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie.