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Ecdicius ou Ecdicius Avitus

dimanche 29 octobre 2023, par lucien jallamion

Ecdicius ou Ecdicius Avitus (vers 420- après 475)

Noble arverne et sénateur gallo-romain

Fils de l’empereur Eparchus Avitus, il fut éduqué à Clermont-Ferrand [1] où il possédait une demeure en plus de territoires dans la région. Il était dans les années 460-470 un personnage riche et important de la noblesse, présent à la cour d’Anthémius en 469.

Il participe avec Sidoine Apollinaire son beau-frère devenu en 471 évêque de Clermont [2] à la résistance de l’Auvergne contre les tentatives de conquête des Wisigoths [3], qui font plusieurs fois le siège de la ville entre 471 et 474.

La légende veut qu’il ait réussi à entrer dans la ville malgré le siège avec seulement 10 ou 18 hommes. Il fournit des défenseurs et des vivres en provenance de ses propres domaines, et par sa diplomatie obtient peut-être l’appui des Burgondes [4] de Chilpéric II avec les Bretons du roi Riothamus qui s’étaient retirés en Bourgogne après la bataille de Déols [5].

En 471, l’empereur Anthémius envoie en Gaule une armée dirigée par son propre fils Anthemiolus , peut-être pour venir en aide aux Auvergnats, mais elle est vaincue par les Wisigoths près d’Arles [6].

En 473, les Wisigoths prennent Arles et Marseille [7] et menacent de poursuivre jusqu’en Italie.

En 474, pour ses exploits face au siège wisigoth, Ecdicius est fait patrice [8] et nommé magister militum praesentalis [9] par le nouvel empereur Julius Nepos. Mais la pression des Wisigoths s’accroît encore et en 475, Nepos est forcé de consentir à leur céder l’Auvergne en échange de leur retrait de Provence.

Ecdicius est rappelé en Italie et remplacé par Flavius Oreste comme magister militum praesentalis. Il doit fuir Clermont et se réfugie, peut-être, chez les Burgondes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de A. H. M. Jones, J. R. Martindale et J. Morris, Prosopography of the Later Roman Empire, tome 2, p. 395-527, Cambridge University Press, 1971-1992.

Notes

[1] Clermont ou Clairmonta est une ville en Auvergne, dont la fusion avec la cité voisine et rivale de Montferrand décidée par Louis XIII lors de l’Édit de Troyes du 15 avril 1630 et confirmée un siècle plus tard sous Louis XV en 1731, par Daniel-Charles Trudaine, (second Édit d’union) donne naissance à la capitale auvergnate de Clermont-Ferrand, titre auparavant réservé à Clermont. En 1120, à la suite des crises successives qui opposent les comtes d’Auvergne aux évêques, qui règnent sans partage sur la ville de Clermont, et pour contrecarrer leur pouvoir, le comte d’Auvergne Guillaume VI décide de construire, sur une butte voisine propice aux fortifications, une ville rivale. C’est ainsi que la cité de Montferrand voit le jour, sur le modèle des bastides du Sud-Ouest, ces villes nouvelles du Midi, construites entre le 12ème et le 13ème siècles. Pendant tout le Moyen Âge et jusqu’à l’époque moderne, Clermont et l’actuel quartier de Montferrand restent deux villes distinctes : Clermont est la cité épiscopale, Montferrand la cité comtale.

[2] Le diocèse d’Auvergne est établi à Arvernis, l’ancien chef-lieu de la cité des Arvernes. Ses évêques ne sont appelés évêques de Clairmont ou Clermont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) qu’en 1160. À partir de 1317, le diocèse est démembré et un diocèse particulier est créé pour la Haute Auvergne : le diocèse de Saint-Flour.

[3] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[4] D’abord cantonnés en Sapaudia les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. A l’été 457 le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lugdunum, la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. Egidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric 1er s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l’agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L’empereur Népos reconnut leurs conquêtes. Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de 25 diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum actuellement Martigny, en Suisse, Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Embrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt. Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s’étendaient de l’Aar à la Saône et la Haute-Loire. Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.

[5] La bataille de Déols est, une célèbre bataille de l’Antiquité tardive qui s’est déroulée en Gaule, près de Déols, en Berry, au 5ème siècle, vraisemblablement en 469.

[6] Arles est une commune, sous-préfecture du département des Bouches-du-Rhône. La ville, chef-lieu de l’arrondissement d’Arles, est la commune de France métropolitaine la plus étendue avec quelque 75 893 hectares (malgré plusieurs déductions successives), et la plus peuplée de la Camargue. La ville est traversée par le Rhône. Cette ville, dont les habitants sont appelés Arlésiens, a plus de 2 500 ans. Des monuments remarquables ont été construits pendant l’Antiquité à l’époque romaine, comme le théâtre antique, les arènes, les Alyscamps ou encore le cirque romain.

[7] Marseille est une commune du Sud-Est de la France, chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône. Plus ancienne ville de France fondée vers 600 av. jc par des marins et des marchands grecs originaires de Phocée, Marseille est depuis l’Antiquité un important port de commerce et de passage. Marseille se développe à nouveau à partir du 5ème siècle de notre ère. À l’intérieur de la ville, la construction d’une première grande cathédrale marque la puissance de l’évêque, probablement Proculus, qui tient à rivaliser avec Arles. Marseille est pillée par les Sarrasins en 838, des razzias faisant suite à la conquête musulmane de la péninsule Ibérique. D’autres pillages ont eu lieu, par des pirates grecs en 848. En 904, l’abbaye Saint-Victor se voit dotée de la rive sud du port par le roi de Provence Louis l’Aveugle.

[8] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[9] Le magister militum est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ». Le commandant des corps demeurant à la disposition de l’empereur près de la capitale fut appelé magister militum praesentales.