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Jean 1er d’Alexandrie dit Jean Talaïa

jeudi 27 juillet 2023, par ljallamion

Jean 1er d’Alexandrie dit Jean Talaïa

Patriarche d’Alexandrie en 482

La cathédrale de l'Annonciation d'Alexandrie siège du patriarcat orthodoxe d'AlexandrieLes sources à son sujet sont l’Histoire ecclésiastique d’Évagre le Scholastique, celle de Zacharie le Rhéteur, le Breviarium de Libérat de Carthage , ainsi que le texte intitulé Gesta de nomine Acacii [1].

Comme son prédécesseur, Jean Talaïa avait été moine au couvent de la Métanoia dit couvent des Tabennésiotes à Canope [2]. Sous le patriarche Timothée, il fut megas oikonomos [3] de l’Église d’Alexandrie [4], et apparaissait naturellement appelé à la succession.

Il dirigea deux ambassades du patriarche auprès de l’empereur Zénon à Constantinople [5] : l’une avec l’évêque Gennade d’Hermopolis, l’autre juste avant la mort du patriarche Timothée. Au cours de ces missions, il se concilia le Maître des offices [6], Illus, mais se fit un ennemi du patriarche de Constantinople [7] Acace.

Il succéda à Timothée Salophaciole vers le début de l’année 482. Mais les appréhensions qui avaient motivé les missions à Constantinople se précisèrent : le 28 juin 482, l’empereur Zénon et le patriarche Acace officialisèrent leur politique de réconciliation avec les monophysites [8] en promulguant l’Hénotique [9].

D’autre part, pendant l’hiver 481/482 avait eu lieu une rupture entre Zénon et Illus, avec qui Jean Talaia avait sympathisé : Illus avait quitté Constantinople accompagné de ses partisans et gagné Antioche [10], portant désormais le titre de Maître de la milice en Orient. Enfin, après son élection comme patriarche, Jean Talaïa avait, paraît-il, commis un impair : il en avait avisé officiellement le pape et le patriarche d’Antioche [11], mais pas celui de Constantinople, et donc pas l’empereur.

Jean Talaïa avait donc perdu la faveur impériale, et de plus, partisan convaincu du concile de Chalcédoine [12], il refusa de souscrire à l’Hénotique. Son rival monophysite, Pierre Monge, accepta au contraire de signer, en donnant d’ailleurs à l’édit un sens qu’en principe il n’avait pas, celui d’une annulation pure et simple du concile de Chalcédoine. Le résultat fut qu’avant la fin de l’année 482, Jean Talaia fut évincé du patriarcat et remplacé par Pierre Monge, avec lequel le patriarche Acace entra en communion.

Jean Talaïa se rendit à Rome où il fut accueilli et soutenu par le pape Félix III : après avoir envoyé une légation à Constantinople, celui-ci réunit en juillet 484 un synode qui jeta l’anathème sur l’Hénotique et les patriarches Acace et Pierre Monge ; ce fut le début du schisme acacien.

Jean Talaïa resta en Italie, où il devint conseiller pour les affaires orientales des papes Félix III et Gélase 1er. Il tenta en vain de faire valoir ses droits au moment de la mort d’Acace en 489 et au moment de celle de Zénon en 491. Selon Libérat, Félix III le nomma en dédommagement évêque de Nole [13]. Si cette information est exacte, il devait être mort en 496, car un autre évêque de Nole, Serenus, est signalé cette année-là.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Charles Pietri, « D’Alexandrie à Rome : Jean Talaïa, émule d’Athanase au ve siècle », Christiana Respublica (Publications de l’École française de Rome), vol. 1, no 234,‎ 1997

Notes

[1] compte-rendu fait à Rome du schisme d’Acace

[2] Canope est une ancienne cité de l’Égypte antique, située près de l’actuelle Aboukir. Elle abritait le temple de Sérapis, le dieu guérisseur et des morts, équivalent ptolémaïque d’Osiris. Son ancien nom égyptien était Pikuat. Selon l’historien romain Tacite, la ville aurait été fondée par des Spartiates de retour de Troie. Leur navire aurait été déporté et le pilote du navire, Canopos, aurait été enterré là.

[3] administrateur

[4] L’Église d’Alexandrie ou Église d’Égypte fut une des premières Églises chrétiennes et une des composantes de la Pentarchie. Selon la tradition, elle a été fondée par l’évangéliste Marc vers 62. Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire, si bien qu’aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des communions différentes, en sont les héritières

[5] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[6] Le magister officiorum ou maître des offices est un haut fonctionnaire romain de l’époque du Bas-Empire. Sous l’Empire byzantin, il devient une dignité, le magistros, avant de disparaître au 12ème siècle.

[7] Le titre de Patriarche de Constantinople est porté par le chef de la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe qu’est le patriarcat œcuménique de Constantinople. Le titre de « patriarche » est traditionnellement porté par l’archevêché orthodoxe de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul). Ce diocèse est l’un des plus anciens de la chrétienté. Le patriarche de Constantinople est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Églises autocéphales formant l’Église orthodoxe, souvent considéré à tort comme étant le chef spirituel des 300 millions de chrétiens orthodoxes dans le monde.

[8] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans l’Empire byzantin en réaction au nestorianisme, et ardemment défendue par Eutychès et Dioscore d’Alexandrie.

[9] L’Henotikon (acte d’union), parfois Hénotique en français, est un formulaire rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la demande de l’empereur d’Orient Zénon.

[10] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[11] Le titre de « patriarche d’Antioche » est traditionnellement porté par l’évêque d’Antioche (dans l’actuelle Turquie). L’Église d’Antioche est l’une des plus anciennes de la chrétienté, son institution remontant à l’apôtre Pierre.

[12] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[13] Le diocèse de Nole est un diocèse de l’Église catholique en Italie, suffragant de l’archidiocèse de Naples et appartenant à la région ecclésiastique de Campanie. La tradition fonde l’origine du diocèse de Nola au 1er siècle avec saint Félix de Nole. Il est présumé que le diocèse est érigé entre la fin du 2ème siècle et le début du 3ème siècle les évêques saint Maxime et saint Quint sont les 1ers évêques dont on possède des informations documentées. L’évêque qui marque l’église de Nole est saint Paulin un des plus grands poètes chrétiens de langue latine, on lui doit aussi la création d’un sanctuaire dédié à saint Félix de Nole.