Au service du Royaume du Wei [1], il était le jeune frère de Zhong Yao, le Grand Tuteur de la cour impériale du Wei, et était connu pour être intelligent, très perspicace et avoir été capable de lire très jeune.
L’ascension de Zhong Hui commence dans les années 250, quand il devient un proche de Sima Zhao, le régent et dirigeant de facto du Wei. En 257/258, il conseilla Sima Zhao sur la meilleure façon de réprimer la 3ème rébellion du Shouchun [2], ce qui lui valut un grand prestige par la suite. Avec l’aide de Sima, il monte rapidement en grade et devient une des figures clefs du gouvernement du Wei.
En 263, la cour impériale du Wei donne l’ordre à Zhong Hui, Deng Ai et Zhuge Xu de prendre la tête de 3 armées pour conquérir le royaume du Shu [3], rival de longe date du Wei. Pendant et après la campagne contre le Shu, Zhong Hui multiplie les machinations pour éliminer Deng Ai et Zhuge Xu, afin de se retrouver à la tête de toutes les troupes du Wei stationnées dans le Shu après la conquête de ce dernier.
En 264, Zhong Hui se rebelle contre Sima Zhao, avec l’aide de Jiang Wei, un ancien général du Shu. La révolte échoue lorsque Zhong Hui élabore un plan pour purger l’armée des généraux qu’il ne juge pas fiables. Lorsque ce plan s’ébruite, les généraux visés prennent les devants : ils rassemblent leurs hommes et se révoltent contre Zhong, avant de le tuer en même temps que Jiang Wei.
Jiang Ji , un stratège et lettré au service du Wei depuis Cao Cao, avait écrit un jour qu’il était capable de cerner la personnalité de quelqu’un, juste en observant ses yeux et ses pupilles. Quand Zhong Hui eut 4 ans, son père lui fit rencontrer Jiang Ji, qui jugea que Zhong était quelqu’un d’extraordinaire. Lorsqu’il atteignit l’âge adulte, Zhong Hui est déjà connu pour être un grand travailleur, sachant lire et versé dans différents types d’arts. Pendant l’ère Zhengshi (240/249) du règne de Cao Fang , il servit comme "Gentilhomme Cadet de la Librairie Impériale" et fut ensuite promu "Gentilhomme du Secrétariat Central Impérial". Lorsque Cao Mao monte sur le trône en 254, Zhong reçoit le titre de "Marquis Secondaire" .
Zhong Hui a étudié le Yi jing [4]. Après sa mort, un livre en 20 volumes, nommé Dao Lun est découvert dans sa maison. Ce livre, que l’on pense être de la main de Zhong Hui, était une réflexion sur la philosophie des Légistes ou celle des Dialecticiens, même si son titre peut laisser croire qu’il parle du taoïsme [5].
En 255, Guanqiu Jian et Wen Qin, 2 généraux du Wei, provoquent une rébellion au Shouchun. Sima Shi prend personnellement la tête de l’armée envoyée mater la révolte, avec Zhong Hui à ses côtés pour l’assister. Sima Zhao, le frère de Sima Shi, les suit avec une autre armée pour les aider. Après avoir réprimé la révolte, Sima Shi meurt à Xuchang [6], en laissant son poste de régent à son frère, qui prend le commandement des troupes. Lorsqu’il apprend la nouvelle du décès de Sima Shi, Cao Mao, l’empereur du Wei, donne l’ordre à Sima Zhao de rester à Xuchang et à Fu Jia de prendre la tête de l’armée et de rentrer avec à Luoyang [7], la capitale du Wei. Zhong Hui et Fu Jia s’entendent entre eux et pressent Sima Zhao pour qu’il désobéissent à l’ordre de l’empereur et prennent la tête de l’armée pour l’emmener jusqu’ à une garnison située au sud de la rivière Luo, près de Luoyang. Sima Zhao écoute leur conseil et s’impose définitivement comme le nouveau régent, gardant le contrôle du gouvernement du Wei, comme son frère avant lui. Zhong Hui fut nommé "Gentilhomme de la Porte Jaune" et reçut le titre de "Marquis du village de Dongwu", soit un marquisat de 300 foyers imposables.
En 257, la cour impériale du Wei donne l’ordre au général Zhuge Dan , alors en poste à Shouchun, de rentrer à Luoyang pour prendre le poste de "Ministre du travail". À cette époque, Zhong Hui, conformément à ce qu’ordonne la piété filiale, honorait la mémoire de sa mère qui venait de mourir.
Cependant, dès qu’il apprend la nouvelle, il arrête immédiatement de porter le deuil de sa mère et se précipite pour prévenir Sima Zhao que, selon lui, Zhuge Dan n’obéira pas à cet ordre. Comme l’ordre était déjà parti, Sima Zhao estima qu’il était déjà trop tard et ne fit rien. Comme prévu par Zhong, Zhuge Dan désobéit et déclenche une rébellion au Shouchun. Quand Sima Zhao prend la tête de l’armée qui part écraser la rébellion, Zhong Hui l’accompagne.
Lorsque Zhuge Dan se rebelle, Sun Chen, le régent du Royaume de Wu [8] donne l’ordre à plusieurs généraux, dont le général Quan Yì, de prendre la tête de leurs troupes et d’aller aider Zhuge. Quan Yì était en désaccord avec Quan Hui et Quan Yí, deux membres de sa famille qui vivaient à Jianye [9], la capitale du Wu. Quan Hui et Quan Yi rassemblèrent avec eux leurs familles et leurs proches, puis firent défection au profit du Wei.
Quand Zhong Hui apprit cette nouvelle, il suggéra à Sima Zhao de demander à Quan Hui et Quan Yí d’écrire une lettre à Quan Yi resté fidèle au Wu. Zhong veut faire croire à Quan que Sun Chen voulait l’exécuter avec toute sa famille, pour le punir d’avoir été incapable de battre l’armée du Wei à Shouchun. Le but étant de pousser Quan Yì à rejoindre les rangs du Wei. Sima Zaho approuve ce plan, et peu de temps après, Quan Yì se présente au camp du Wei, avec ses hommes, pour se rendre. Grâce à cette ruse et d’autres défections, Zhuge Dan se retrouve privé de toute aide du Wu, sa révolte finit par être écrasée par l’armée de Sima Zhao et Shouchun revient dans le giron du Wei. Après le succès de son plan, Zhong Hui est tenu encore en plus haute estime par Sima Zhao.
Une fois Zhong Hui revenu à Luoyang, la cour impériale du Wei lui offre un poste de ministre, mais il refuse et préfère devenir un clerc au service de Sima Zhao, dont il devient un des proches collaborateurs.
Par la suite, la cour impériale du Wei tente à nouveau de le récompenser pour sa participation à l’écrasement de la révolte de Zhuge Dan ; cette fois-ci en lui offrant le titre de "Marquis de Chen". À nouveau, Zhong décline l’offre. Respectant la décision de Zhong, la cour le nomme à la place "Directeur des suivants". Ses refus sont motivés par le fait que, de par sa position, Zhong Hui reste profondément impliqué dans les affaires politiques de la cour, sans être au service de cette dernière. C’est ainsi qu’il joue un grand rôle dans la décision de Sima Zhao d’exécuter Xi Kang .
Entre 247 et 262, Jiang Wei, un général du royaume de Shu, mène une série de 9 campagnes militaires contre les frontières ouest du Wei, qui se concluent toutes par des échecs. Sima Zhao avait le pressentiment que ces expéditions avaient épuisé les ressources du Shu et que le moment était venu de lancer une invasion à grande échelle, pour faire tomber ce royaume. Parmi toutes les personnes qu’il consulte à ce sujet, seul Zhong Hui s’accorde avec lui pour dire que l’heure de la conquête du Shu est venue. Zhong Hui aide alors Sima Zhao à mettre au point une stratégie pour conquérir le Shu.
Durant l’hiver 262/263, Zhong Hui est nommé "Général Qui Garde L’Ouest" et se voit accordé les pleins pouvoirs pour gérer les affaires militaires dans la région du Guanzhong [10]. Sima Zhao mobilise également des troupes venant des différentes provinces du Wei et donne l’ordre à Tang Zi de superviser la construction d’une flotte de navires de guerre, afin de préparer l’invasion de l’autre rival du Wei, le Wu.
À l’automne 263, la cour impériale du Wei publie un édit ordonnant à Deng Ai et Zhuge Xu de prendre chacun la tête d’une armée de 30 000 hommes et d’attaquer le Shu depuis deux directions différentes.
L’armée de Deng Ai doit attaquer en passant par Gansong [11] et Tazhong [12], avant d’attaquer l’armée de Jiang Wei. Les troupes de Zhuge Xu doivent passer par le pont de Wujie et bloquer toute possibilité de retraite à Jiang Wei. Zhong Hui doit, lui, mener une armée de 100 000 hommes et pénétrer dans le territoire du Shu par les vallées de Xie et Luo.
Durant l’hiver 263/264, la cour impériale du Wei émet un décret pour récompenser Zhong Hui pour son implication dans la conquête du Shu. Zhong Hui reçoit le titre de ministre qu’il portera désormais à la cour. Il passe de marquis d’un village à marquis d’une contrée, ce qui représente 10 000 foyers imposables. Son fils adoptif devient également marquis, et reçoit un village de 1 000 foyers imposables.