Henri II de Bar (vers 1190-1239)
Comte de Bar de 1214 à 1239
Fils de Thiébaut 1er comte de Bar [1], et d’ Ermesinde de Bar-sur-Seine .
Il apparaît dans les chartes dès 1202 et est associé au gouvernement du comté de Bar dès 1210. Il participe en 1211 à la Croisade des Albigeois [2], succède à son père en 1214 et combat immédiatement pour le roi de France Philippe II Auguste à la bataille de Bouvines [3].
Lors de la guerre de succession de Champagne [4], il soutient activement le comte de Champagne Thibaut 1er de Navarre ou Thibauld IV de Champagne. Une amitié subsista pendant plusieurs années entre les 2 comtes.
À la mort du roi Louis VIII le Lion en 1226, Thibaut entraîna Henri dans la révolte contre la régente Blanche de Castille, mais ils firent leur soumission le 2 mars 1227 à Vendôme [5].
Thibaut et Henri se brouillent cependant vers 1229. Le comte de Champagne [6] s’allie au duc de Lorraine [7], et Henri, allié au comte de Vaudémont [8] Hugues II et à l’évêque de Toul [9] ravage la Lorraine en janvier 1230.
Thibaut IV et Simon de Joinville envahissent et ravagent à leur tour le Barrois [10], puis Hugues IV de Bourgogne, envahit la Champagne. Blanche de Castille doit intervenir pour rétablir la paix, qui est signée en 1232.
Allié aux habitants de Metz [11] et au duc de Lorraine Mathieu II , il s’est opposé à Jean 1er d’Apremont lors de la guerre des Amis de 1231 à 1234 [12].
Ayant donné en dot la seigneurie de Ligny [13] à sa fille Marguerite qui avait épousé Henri V de Luxembourg , il était entendu que ladite seigneurie resterait sous suzeraineté Barroise. Or, en 1256, Henri de Luxembourg prêta hommage pour Ligny au comte de Champagne également roi de Navarre [14]. Une guerre s’ensuivit et l’arbitrage du roi Louis IX, suzerain des comtes de Champagne et des comtes de Bar, rendit Ligny à Henri de Luxembourg sous sa suzeraineté originelle en 1268.
Henri fonda plusieurs abbayes et fit d’importantes donations à d’autres.
Il prit la croix en 1239 et accompagna Thibaut IV de Champagne et Hugues IV de Bourgogne en Terre sainte. Il fut tué à la bataille de Gaza en 1239.
Il épousa en 1219 Philippa de Dreux, fille deRobert II, comte de Dreux et de Yolande de Coucy.
Notes
[1] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.
[2] La croisade des albigeois (1209-1229) (ou croisade contre les albigeois) est une croisade proclamée par l’Église catholique contre l’hérésie, principalement le catharisme et dans une faible mesure le valdéisme. Dès le 12ème siècle et le Concile de Lombers, les textes de l’époque parlent d’« hérésie albigeoise » sans que cette région soit plus cathare que ses voisines.
[3] La bataille de Bouvines est une bataille qui se déroula le dimanche 27 juillet 1214 près de Bouvines, dans le comté de Flandre (aujourd’hui dans le département du Nord), en France, et opposant les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d’Aquitaine, de Normandie et roi d’Angleterre, et soutenue par l’empereur du Saint Empire Otton IV. La victoire est emportée par le roi de France et marque le début du déclin de la prédominance seigneuriale.
[4] La guerre de succession de Champagne est un conflit qui opposa au 13ème siècle deux nobles champenois, partagea la noblesse champenoise et déborda sur les duchés frontaliers.
[5] Le comté de Vendôme est l’héritier du pagus vindocinensis qui était une subdivision de la cité des Carnutes. Le comté de Vendôme est constitué des châtellenies de Lavardin, de Montoire - dont les seigneurs deviennent comtes de Vendôme en 1218 - de Trôo et de Mondoubleau - annexé au comté en 1406. La seigneurie de Beaugency est un alleu qui passera aux comtes de Blois. Le comté comportait également une vicomté de Vendôme. Un acte de 1484, signale que le comté de Vendôme relevait à cette date du duché d’Anjou.
[6] Le comté de Champagne et de Brie est issu de la réunion des terres de la dynastie des Thibaldiens, c’est-à-dire la branche issue de Thibaut « le Tricheur » (Thibaud 1er de Blois) : comté de Meaux, comté de Troyes. Le comté de Champagne est rattaché au domaine royal par le mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, et du dauphin Philippe le Bel en 1284. Le rattachement est rendu définitif par leur fils Louis X le Hutin.
[7] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.
[8] Le comté de Vaudémont fut donné à Gérard 1er de Vaudémont en 1070, afin que celui-ci favorise la succession de son frère Thierry II au duché de Lorraine. Les comtes de Vaudémont furent des vassaux des ducs de Lorraine.
[9] Le diocèse de Toul est érigé au 4ème siècle. Selon la tradition, le premier évêque de Toul est saint Mansuy (Mansuetus). Au 10ème siècle l’évêque de Toul est fait prince-évêque conjointement à ceux de Verdun et de Metz, résultat des privilèges déjà attribués par Charlemagne qui faisaient que l’évêque avait droit à la perception d’un impôt. Il s’approprie ainsi un temporel important autour de la ville qu’il partage en partie avec le chapitre de la cathédrale. Or au 13ème siècle à la manière des bourgeois de Verdun et de Metz, ceux de Toul se rebellent et obtiennent d’ériger leur cité en ville libre d’Empire jusqu’au règne de Louis XIII. Louis XIV préserve toutefois les antiques franchises de la ville. Par la bulle Ad universam agri du 19 novembre 1777, le pape Pie VI érige les diocèses de Nancy et de Saint-Dié. Par la constitution civile du clergé, l’Assemblée nationale constituante supprime le siège épiscopal de Toul. À la suite du concordat de 1801, par la bulle Qui Christi Domini du 29 novembre 1801, le pape Pie VII supprime le siège épiscopal de Toul.
[10] Le Barrois est un territoire du sud-ouest du département de la Meuse. La ville principale qui peut en être vue comme la capitale historique est Bar-le-Duc. Le Barrois est donc le pays entourant Bar-le-Duc.
[11] Metz est une commune française située dans le département de la Moselle, en Lorraine. Préfecture de département. Metz et ses alentours, qui faisaient partie des Trois-Évêchés de 1552 à 1790, se trouvaient enclavés entre la Lorraine ducale et le duché de Bar jusqu’en 1766.
[12] La guerre des Amis oppose, de 1231 à 1234, l’évêque de Metz Jean 1er d’Apremont, aux habitants de Metz, au duc Mathieu II de Lorraine et au comte Henri II de Bar.
[13] Au début du 12ème siècle, la seigneurie de Ligny était dans la mouvance des comtes de Champagne. En 1155, par le mariage de Renaud II, comte de Bar avec Agnès de Champagne, elle passe au comté de Bar. Leur petit-fils Henri II la donna en dot à sa fille Marguerite à l’occasion de son mariage avec Henri V, comte de Luxembourg qui, en 1262, la donna à son second fils Valéran, le fondateur de la Maison de Luxembourg-Ligny. En 1285, Valéran de Luxembourg, appelé aussi Valéran de Ligny. Frère de Henri le Lion, comte de Luxembourg, il est aussi présent à Chauvency-le-Château, et il mourra comme lui et avec lui lors de la bataille de Worringen en 1288. En 1364, la seigneurie est élevée au rang de comté par le roi de France Charles V pour Gui de Luxembourg qui est aussi comte de Saint Pol (Saint-Pol-sur-Ternoise).
[14] Le royaume de Navarre est un royaume médiéval fondé en 824 par les Vascons, dont le premier roi est Eneko Arista, premier d’une lignée de seize rois basques qui régneront sur le Royaume jusqu’en 1234. Attaquée depuis trois siècles au nord des Pyrénées, dans le duché de Vasconie par les Francs, et au sud par les Wisigoths, puis les Omeyyades (musulmans), la Vasconie est réduite au petit Royaume de Pampelune, terres ancestrales du Saltus Vasconum. La Haute-Navarre fut conquise en 1512 par le royaume d’Aragon et fut intégrée en 1516 dans l’actuel royaume d’Espagne et l’autre partie (Basse-Navarre), restée indépendante, fut unie à la couronne de France à partir de 1589 d’où le titre de « roi de France et de Navarre » que portait Henri IV