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Zhang Lu (seigneur de guerre)

dimanche 21 août 2022, par ljallamion

Zhang Lu (seigneur de guerre) (mort vers 216)

Seigneur de guerre de la fin de la dynastie Han

Il occupa pendant près de 25 ans Hanzhong [1], qu’il gouverna selon les principes de l’école taoïste des Cinq boisseaux de riz [2], qu’aurait fondée son grand-père Zhang Ling dit Zhang Daoling .

Fort du soutien de la population augmentée de réfugiés venus de régions moins paisibles, relativement protégé de la menace militaire impériale par la distance, sachant mettre en avant son aspect de gouvernant moral et intègre en comparaison des autres seigneurs de guerre, il obtint de Cao Cao en 215 des conditions de reddition avantageuses. Il fut titré ainsi que ses fils, et une alliance matrimoniale fut conclue entre sa fille et un fils de Cao Cao.

La famille Zhang ainsi qu’une partie de la population de la région furent transplantées dans le Zhongyuan. Le mouvement des Maîtres célestes fit des adeptes dans toute la Chine de l’époque et resta important jusqu’au début du 6ème siècle. Tao Hongjing dans le Zhengao est le seul à citer le lieu et la date de sa mort en 216. Il aurait reçu de Cao Cao le titre posthume de Premier marquis Yuanhou et aurait été enterré à l’Est de la capitale de Ye [3], sur l’emplacement de l’actuelle Linzhang [4].

Dans la religion taoïste [5], il est un immortel et le troisième de la lignée des maîtres célestes Zhang, dont prétendent descendre les patriarches actuels de Zhengyi [6]. Sous les Yuan [7], la faveur dont jouit ce courant lui valut d’être titré en 1308 par l’empereur Wuzong Seigneur véritable de la grande pureté, de l’illumination et de la grande vertu.

La famille Zhang serait originaire de Fengxian dans le pays de Pei, d’où son grand-père Zhang Ling aurait émigré pour se fixer au Sichuan où il aurait fondé l’une des premières sectes taoïstes connues. Il en aurait transmis le contrôle à son fils Zhang Heng, père de Zhang Lu.

En 191, Liu Yan, membre de la famille impériale, responsable de la province de Yizhou comprenant le bassin du Sichuan et la région de Hanzhong, cherche à s’affranchir de la tutelle des Han [8]. Il envoie le maréchal Zhang Xiu pour prendre Hanzhong à Su Gu, gouverneur légitimiste. Zhang Xiu aurait tué Su Gu, puis Zhang Lu l’aurait éliminé à son tour pour prendre seul possession de Hanzhong.

Il rebaptise la ville Hanning et commence à gouverner selon ses principes théocratiques. Lorsque Liu Zhang, fils de Liu Yan, succède à son père, il fait tuer la mère de Zhang Lu et d’autres membres de sa famille en représailles de sa désobéissance. Selon les Chroniques des Trois Royaumes, c’est par l’intermédiaire de sa mère que Zhang Lu aurait obtenu d’être employé par Liu Yan.

Pendant 20 ans, Zhang Lu, éloigné de la capitale et tenant bien son domaine, n’est guère inquiété par les troupes impériales contrôlées de fait par la famille Cao. Plutôt que de l’attaquer, le choix est fait de prétendre voir en lui un subordonné des Han. Il s’en contente d’ailleurs prudemment.

Néanmoins, en 211, Zhong Yao persuade Cao Cao d’envoyer une armée reprendre Hanzhong. Les rebelles Han Sui et Ma Chao, dont les territoires se trouvent en chemin, croient que ce déploiement de troupes leur est destiné et contre-attaquent. Ils sont défaits, mais l’armée des Cao n’est plus en état de poursuivre jusqu’au fief des Cinq boisseaux, où Ma Chao se réfugie.

Une alliance matrimoniale est envisagée entre lui et la fille de Zhang Lu, mais un subordonné de ce dernier le lui déconseille, mettant en avant le cynisme du fugitif. Zhang Lu lui prête néanmoins des troupes pour qu’il tente de reprendre son domaine. Il échoue et, n’attendant plus rien de Zhang Lu, finit par rejoindre le camp de Liu Bei lorsque celui-ci fait le siège de Chengdu [9] où Liu Zhang s’est enfermé. En 215, Cao Cao remettra à Zhang Lu son fils aîné, Ma Qiu, qu’il avait capturé ; Zhang Lu le fera exécuter.

En 215, Cao Cao arrive enfin à Yangping aux portes de Hanzhong. Mesurant l’inégalité des forces, Zhang Lu envisage la reddition immédiate, mais son frère Zhang Wei veut se battre ; il est finalement défait et meurt au combat.

De nouveau, Zhang Lu envisage de se rendre, mais Yan Pu lui conseille de ne pas le faire sur un échec, signe de faiblesse, et de gagner du temps pour négocier. Il se replie alors à Bazhong au Sichuan [10], non sans avoir laissé en place son trésor après l’avoir scellé, au lieu de l’emporter ou de le détruire comme le veut la coutume. Par admiration ou en considération de son autorité et de son prestige local, Cao Cao lui permet de se rendre avec les honneurs. Il devient l’un des quatre généraux pacificateurs des orients, et reçoit ainsi que ses cinq fils le titre de marquis. Sa fille épouse Cao Yu, prince de Yan, 9ème fils de Cao Cao. Les Zhang et une partie de leurs ouailles sont priés de quitter le sud-ouest pour venir s’installer dans des provinces plus centrales et mieux contrôlées par le pouvoir des futurs Wei, où ils répandront leur culte.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Zhang Lu (seigneur de la guerre)/ Portail du monde chinois/ Catégories  : Héros des Trois Royaumes

Notes

[1] Hanzhong est une ville du sud de la province du Shaanxi en Chine

[2] L’École des cinq boisseaux de riz, encore appelée Voie des Maîtres célestes, apparue sous les Han Orientaux entre 120 et 145 au Sichuan, est l’une des premières écoles taoïstes connues. Vers 191, elle fut établie par Zhang Lu, petit-fils du fondateur Zhang Ling, en un pouvoir local autonome à Hanzhong (actuel Shaanxi aux confins du Sichuan). À partir de 215, sa structure fut démantelée par Cao Cao, mais ses maîtres furent autorisés à continuer d’enseigner leurs rites. Zhang Lu et une partie de ses ouailles furent invités à se rapprocher de la capitale des Wei, et la pratique des Maîtres célestes se diffusa très largement dans le Nord de la Chine à l’époque des Trois Royaumes, puis dans le sud (région du Chang Jiang) sous les Jin, profitant de la réunification de l’empire. Il y eut bientôt de nombreux groupes se réclamant d’eux, centrés autour de chefs religieux à la position héréditaire ; certaines pratiques, qualifiées de sorcellerie ou de débauches, leur valaient des critiques. À la fin du 5ème siècle, deux réformateurs tentèrent de structurer de nouveau le courant et de le rendre acceptable aux yeux des autorités. Kou Qianzhi créa le courant des Maîtres célestes du Nord (ou Nouveaux Maîtres célestes) intégrant des influences confucéennes et bouddhistes, qui obtint un statut de religion officielle sous les Wei du Nord ; Lu Xiujing, compilateur du premier Canon, constitua les Maîtres célestes du Sud en intégrant les pratiques d’autres écoles, Lingbao en particulier.

[3] Hebei

[4] Le xian de Linzhang est un district administratif de la province du Hebei en Chine. Il est placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Handan.

[5] Le taoïsme est un des trois piliers de la philosophie chinoise avec le confucianisme et le bouddhisme, et se fonde sur l’existence d’un principe à l’origine de toute chose, appelé « Tao ». Plongeant ses racines dans la culture ancienne, ce courant se fonde sur des textes, dont le Tao Tö King de Lao Tseu, le Lie Tseu et le Zhuāngzi de Tchouang Tseu, et s’exprime par des pratiques qui influencèrent de façon significative tout l’Extrême-Orient, et même l’Occident depuis le 20ème siècle.

[6] Zhengyi Dao, généralement traduit par Vérité et unité ou Unité orthodoxe est un mouvement taoïste issu du regroupement stratégique à partir de la dynastie Yuan d’écoles de la moitié sud de la Chine autour de la branche religieuse du mont Longhu au Jiangxi, dont les patriarches se prétendaient Maîtres célestes, descendants directs de Zhang Daoling, fondateur de l’École des cinq boisseaux de riz. La fédération prit le nom de Zhengyi Mengwei. Puissante alliance de la vérité et de l’unité, abrégé en Zhengyi. Outre leur situation géographique, ces écoles avaient en commun la spécialisation dans les talismans et un certain désintérêt pour la tradition monastique, au contraire de l’école Quanzhen prédominante dans le Nord. Leurs descendants actuels ont conservé ces caractéristiques. Les maîtres, mariés, sont d’actifs fournisseurs de services religieux auprès de la population, mais moins représentés que Quanzhen dans les séminaires taoïstes. Leurs temples sont donc plus petits, le principal en Chine étant celui du mont Longhu.

[7] dont les membres faisaient partie des plus hauts échelons de la bureaucratie civile de la dynastie des Han depuis l’époque de son bisaïeul Yuan An qui occupait le poste de Ministre du Peuple sous l’empereur Zhangdi

[8] La dynastie Han régna sur la Chine de 206 av. jc à 220 apr. jc. Deuxième des dynasties impériales, elle succéda à la dynastie Qin (221/206 av. jc) et fut suivie de la période des Trois Royaumes (220/265). Fondée par Liu Bang, chef de guerre d’origine paysanne révolté contre la dynastie Qin, elle compta 28 empereurs.

[9] Chengdu est la capitale de la province du Sichuan en République populaire de Chine. Elle est avec Chongqing et Xi’an l’une des villes les plus peuplées de la Chine intérieure. Chengdu dispose du statut administratif de ville sous provinciale.

[10] Le Sichuan est une province de la république populaire de Chine, située dans la région sud-ouest du pays, dont le chef-lieu est Chengdu.