Le 24 novembre 1684, Elisabeth de Moritz, épouse de Samuel Skavronski, donne naissance à une fille, Marthe Catherine 1ère Skavronska, en Livonie [1]. Née de parents catholiques et pauvre, elle vit dans une ferme.
Ses parents meurent de la peste vers 1689, elle est placée par sa tante à Marienbourg [2] en tant que servante chez le pasteur luthérien Johann Ernst Glück , traducteur de la Bible en letton. Ce dernier ne se soucie toutefois pas de lui apprendre à lire et écrire et elle demeure analphabète toute sa vie.
Pendant la guerre russo-suédoise [3], Marthe est violée et sur le point d’entrer dans un bordel. Elle évite ce déshonneur en épousant à 17 ans, en 1702 un modeste dragon suédois, Johan Cruse (ou Rabbe), dont le régiment était cantonné dans le voisinage ; mais cette union ne dure que 8 jours, les troupes suédoises se repliant alors devant l’avancée de l’armée russe commandée par Boris Cheremetiev . Ce dernier la vendit pour sa grande beauté et Marthe fut forcée de se prostituer après la prise de Marienbourg par les russes.
Marthe Skavronskaïa fait partie du butin. Marthe travaille comme servante auprès du vieux feldmarshall [4] Cheremetiev. Cheremetiev en fait sa maîtresse, mais la vend ensuite au prince Alexandre Danilovitch Menchikov. Elle devient peut-être sa maîtresse, avant de faire la connaissance de Pierre le Grand en automne 1703.
A cette époque, Pierre le Grand était marié à Eudoxie Lopoukhine dont il avait un fils, Alexis Petrovitch . De plus, Catherine n’était pas de haut rang. Pourtant, Pierre 1er décida de garder Catherine et de l’installer auprès de lui et en 1703, il l’enlève à son fidèle serviteur et ami. Peu après, elle devient sa maîtresse. En 1705, elle se convertit à la religion orthodoxe et prend le nom d’Iekaterina Alexeïevna.
Catherine lui donna plusieurs enfants avant que le tsar se décide et divorcer de sa première femme pour l’épouser le 8 novembre 1707.
Durant longtemps, Pierre le Grand garda son union secrète même pour ses ministres et sa famille. Ce n’est qu’en 1711 qu’il présentera Catherine comme son épouse et non plus comme une maîtresse.
La même année, elle l’accompagne dans sa campagne contre l’Empire ottoman [5], et lui rend le plus important service en traitant avec les ennemis qui le tenaient enfermé sur les bords du Prout [6], elle achète au prix de ses pierreries la retraite du grand vizir [7].
L’année suivante, Pierre 1er organise son mariage officiel avec Catherine après avoir eu un enfant, Anna Petrovna de Russie ; ils auront ensemble 6 autres enfants, dont la future impératrice Élisabeth Petrovna , le 29 décembre 1709.
Soutenant son époux dans sa politique, Catherine joua un rôle déterminant pour la Russie. Catherine était toujours présente aux côtés de son époux, approuvant ses décisions et le soutenant dans les moments de doute. Le couple, très uni, aura 12 enfants dont malheureusement beaucoup mourront en bas âge.
En 1724, elle est solennellement couronnée impératrice. Elle n’est pas pour autant désignée pour lui succéder. Après le sacre Pierre 1er commença par être gagné par la fatigue. Sa santé se dégrada et il souffrait de maux de têtes ajoutés à des problèmes de reins.
Le 25 janvier 1725, le tsar voulu faire son testament mais tomba dans le coma avant d’avoir écrit à qui il léguait le pouvoir. Pierre le Grand mourut le 8 février sans avoir repris connaissance. Durant les derniers jours du tsar, Catherine 1ère était restée à ses côtés.
Lorsque Pierre meurt en 1725, le trône doit revenir, en vertu des règles traditionnelles, au futur Pierre II , petit-fils du tsar défunt et fils d’Alexis Petrovitch.
Un autre chagrin allait frapper la tsarine : le 8 mars de la même année, sa fille Nathalie mourrait rejoignant Pierre le Grand dans la cathédrale où reposait la famille des Romanov.
Mais le souverain légitime est soutenu par l’ancienne noblesse et par le clergé ; son avènement signifierait sans doute l’abolition des grandes réformes, et à coup sûr la fin des privilèges dont jouissent les anciens fidèles de Pierre 1er. Ceux-ci n’hésitent pas, guidés par Pierre Tolstoï , ils s’assurent le concours des régiments de la garde, Semenovski et Preobrajenski, et proclament Catherine impératrice. Cette révolution de palais inaugure une longue suite d’intrigues, de complots et de coups d’État qui jalonnent jusqu’en 1741 la période dite des favoris.
Elle est reconnue souveraine de toutes les Russies. Bien que complètement illettrée, Catherine a suffisamment d’énergie et d’intelligence pour continuer l’œuvre de son mari. Elle fonde l’Académie des sciences [8] dont Pierre avait préparé les statuts.
Elle nomme Menchikov comme chef de gouvernement et le laisse exercer une grande influence.
Andreï Osterman dirige les affaires extérieures, à l’intérieur règne Menchikov, dont le pouvoir devient exorbitant, au point d’obtenir que sa fille Marie soit fiancée au prince Pierre, que Catherine désigne comme successeur au trône.
Un Conseil suprême secret instauré en 1726 vient cependant limiter ses pouvoirs. Ce Conseil a une compétence universelle, puisqu’il connaît de toutes les affaires et promulgue les lois ; il réduit à peu de chose les attributions du Synode et du Sénat.
En 1727, Catherine 1ère s’éprit d’un jeune officier et commença un régime afin de perdre du poids. S’en suivirent d’importants troubles cardiaques. Le 21 janvier 1727, la tsarine passa en revue 20 000 hommes dans un froid glacial après la bénédiction des eaux glacées du fleuve. Catherine 1ère tomba malade et s’éteignit le 6 mai 1727 à 42 ans. Dans son testament, elle désignait comme successeur Pierre II, fils d’Alexis et petit-fils de Pierre le Grand et de sa première épouse Eudoxie.
Mais la mort de Catherine en 1727 laisse Menchikov au faîte d’un pouvoir retrouvé, comme mentor du nouveau tsar Pierre II.