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L’histoire pour le plaisir

Jacques V ou James V

dimanche 27 mars 2022, par lucien jallamion

Jacques V ou James V (1512-1542)

Roi de l’Écosse de 1513 à 1542

Fils de Jacques IV d’Écosse et de Marguerite Tudor. Il fut avec son père, l’un des derniers rois d’Écosse à avoir le gaélique écossais comme langue maternelle.

Jacques V n’avait que 17 mois lorsque son père fut tué à la bataille de Flodden Field [1] le 9 septembre 1513. Dans un premier temps, la régence fut confiée à sa mère Marguerite Tudor, assistée de l’archevêque de Glasgow [2] James Beaton et des comtes Alexander Gordon 3ème comte de Huntly et Archibald Douglas 6ème comte d’Angus .

Marguerite, qui n’avait que 24 ans et un esprit volage, épousa après quelques mois le comte d’Angus. Ce dernier était du parti pro-anglais et se heurtait au parti pro-français sur fond de violence et de brigandage.

La Parlement écossais, à majorité anglophobe, confia alors la régence à John Stuart 2ème duc d’Albany . Ce dernier résidait alors en France et le nouveau roi François 1er, partisan de l’alliance franco-écossaise [3] facilita son transfert. Albany fut officiellement nommé régent le 10 juillet 1515.

Les Stuart d’Albany étaient issus de Jacques II par une branche cadette. Il pouvait prétendre au trône d’Écosse en cas de décès prématuré du jeune roi. Jouant sur la situation, le roi d’Angleterre Henri VIII réclama à plusieurs reprises la garde de l’enfant-roi, qui accessoirement était son neveu. Il exerçait ainsi une pression constante sur l’Écosse, aidant en sous-main les nobles anglophiles, tels le clan Douglas [4] dirigé par le comte d’Angus et son ami Alexander Home .

Pour faire face aux escarmouches qui avaient lieu sur les zones frontières des deux pays, le régent dut se rendre en France à deux reprises pour solliciter l’aide de François 1er dont la politique vis-à-vis de l’Angleterre était particulièrement fluctuante. En définitive après une alternance de succès et de revers, Albany quitta définitivement l’Écosse en 1524 pour se mettre au service du roi de France.

Marguerite Tudor reprit la fonction de régente alors que les Douglas exerçaient la réalité du pouvoir en surveillant étroitement le roi encore mineur. Lors d’une partie de chasse au château de Falkland [5], le jeune roi, âgé de 16 ans, faussa compagnie à ses quasi-geôliers avec la complicité de l’archevêque de Glasgow et se réfugia auprès du gouverneur de Stirling [6], Lord Erskine. Ce coup d’État royal du 22 mai 1528 rallia la majorité des nobles écossais. Les Douglas, eux, furent proscrits et exilés en Angleterre, leur château de Tantallon [7] confisqué.

Jacques V réussit à pacifier le pays et une trêve de 5 ans fut signée en 1528 avec l’Angleterre. Conseillé par les deux archevêques James Beaton nommé entre temps au siège de St Andrews [8] et Gavin Dunbar de Glasgow, le roi créa en 1532 le Collège de Justice [9].

En 1536, Jacques V se rendit en France pour épouser Marie de Bourbon , une fille du duc de Vendôme Charles IV de Bourbon . Arrivé à destination, il tomba amoureux de Madeleine, l’aînée des deux filles de François 1er et de Claude de France âgée de 16 ans. Devant l’obstination de Jacques, le mariage fut célébré à la cathédrale Notre-Dame de Paris [10] le 1er janvier 1537. De santé fragile, Madeleine mourut le 7 juillet 1537, 2 mois après leur retour en Écosse.

Toujours attaché à l’alliance française, Jacques V épousa le 12 juin de l’année suivante à St Andrews Marie de Guise , fille de Claude de Lorraine duc de Guise et d’ Antoinette de Bourbon et veuve de Louis II d’Orléans-Longueville .

Il s’opposa à l’introduction du protestantisme, condamnant le réformateur Patrick Hamilton au bûcher en 1528. Sa haine contre les Douglas ne désarmait pas et il fit condamner en 1537 Janet Douglas, la sœur du comte, accusée de sorcellerie et de complot contre lui. En 1541, il perdit coup sur coup, dans leur première année, son fils ainé Jacques et son cadet Robert, victimes de maladies infantiles.

En novembre 1541, Henri VIII convoqua son neveu à York [11], mais Jacques V, conseillé par le cardinal David Beaton et son favori Oliver Sinclair déclina l’invitation. Vexé, le roi d’Angleterre poussa les Douglas à soulever leurs partisans contre le roi d’Écosse et envoya une armée sous le commandement de Thomas Howard 3ème duc de Norfolk) .

Les Écossais résistèrent à l’invasion. Jacques V pensa alors pouvoir envahir à son tour l’Angleterre, mais la reine était alors enceinte et le roi, malade, laissa le commandement au très impopulaire Sinclair. Son armée fut défaite dans les marais de Solway Moss [12]. Jacques V mourut quelques jours plus tard, le 14 décembre 1542, après avoir appris la naissance de sa fille Marie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Mike Ashley The Mammoth Book of British Kings & Queens Robinson (Londres 1998) (ISBN 1841190969) « James V »/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 728

Notes

[1] La bataille de Flodden ou de Flodden Field se déroula dans le comté de Northumberland, dans le Nord de l’Angleterre, le 9 septembre 1513. Il mit aux prises une armée d’invasion écossaise, commandée par le roi Jacques IV d’Écosse, et une armée anglaise, commandée par Thomas Howard, comte de Surrey. Elle s’acheva par une sanglante défaite des Écossais, et elle fut la plus grande bataille, en matière de participants, entre ces deux nations

[2] L’archevêque de Glasgow est le chef ecclésiastique de l’archidiocèse de Glasgow, en Écosse. Ce titre, aboli au sein de l’Église d’Écosse en 1689, est rétabli en 1878 au sein de l’Église catholique. Les deux premiers évêques de Glasgow connus, Magsuen et Johannes Scotus, sont attestés au milieu du 11ème siècle. Ils auraient été consacrés par l’archevêque d’York Cynesige. L’évêché est élevé au rang d’archevêché par le pape Innocent VIII en 1492.

[3] La Vieille Alliance, souvent désignée en français comme en anglais par son nom en scots, Auld Alliance, est une alliance nouée entre les royaumes de France et d’Écosse contre l’Angleterre. Bien que le traité d’Édimbourg de 1560 ait mis fin de fait à la plupart de ses dispositions, l’alliance et ses prolongements ont marqué les relations franco-écossaises de 1295 jusqu’à l’époque contemporaine.

[4] Le clan Douglas est un clan écossais historique originaire des Lowlands écossais et tirant son nom du village de Douglas, dans le South Lanarkshire. Ses membres ont ensuite essaimé dans les Scottish Borders, l’Angus, le Lothian et au-delà. Le clan n’a actuellement pas de chef qui soit reconnu par le droit écossais et le Lord Lyon. Les Douglas ont été par le passé le plus puissant clan d’Écosse. Ses chefs portaient les titres de comte de Douglas (Black Douglas), comte d’Angus (Red Douglas) et, à un moment, comte de Morton. Beaucoup de Douglas se sont mariés avec des membres de maisons nobles ou royales écossaises ou européennes, assurant le pouvoir du clan en Écosse par le moyen de leur richesse ainsi accumulée. Le siège ancestral du clan est le château de Douglas, dans le Lanarkshire, mais ses membres ont ensuite occupé divers domaines à travers l’Écosse.

[5] Le palais de Falkland est un ancien palais des rois d’Écosse situé à Falkland dans la région du Fife. Entre 1501 et 1541, les rois Jacques IV et Jacques V d’Écosse transformèrent le vieux château en un magnifique palais royal, un des plus beaux palais Renaissance de Grande-Bretagne. Jacques V, déjà malade, y mourut le 14 décembre 1542, après avoir appris que sa femme venait de donner naissance à une fille, Marie 1ère d’Écosse, la semaine précédente. Tous les monarques Stuart apprécièrent cette résidence, où ils pratiquaient la fauconnerie et utilisaient les vastes forêts environnantes pour chasser le cerf et le sanglier.

[6] Situé dans la ville de Stirling en Écosse, le château de Stirling est l’un des plus grands et des plus importants châteaux d’Écosse, et même d’Europe occidentale, tant du point de vue historique qu’architectural. Érigé sur la "colline du château", un crag volcanique, il est entouré sur trois côtés par des falaises à pic, ce qui le rend facile à défendre. Cette caractéristique, ainsi que sa position stratégique, ont fait de lui une importante place forte dès l’origine, objet de lutte entre Écossais et Anglais. Plusieurs rois et reines d’Ecosse y sont nés, morts ou y ont été sacrés.

[7] Le château de Tantallon est une forteresse du milieu du 14ème siècle, située à 5 kilomètres à l’est de North Berwick, dans l’East Lothian en Écosse. Il se dresse sur un promontoire donnant sur le Firth of Forth, au sud de l’île de Bass Rock. Dernier château entouré d’une courtine à avoir été construit en Écosse, Tantallon ne possède en réalité qu’un seul mur d’enceinte protégeant l’accès au promontoire, les trois autres côtés étant naturellement défendus par des falaises donnant sur la mer. Il fut construit vers le milieu du 14ème siècle par William Douglas, 1er comte de Douglas. Il fut transmis à son fils illégitime, fait comte d’Angus par la suite, et malgré de nombreuses vicissitudes demeura la propriété de ses descendants durant une grande partie de son histoire. Il fut notamment assiégé en 1491 par le roi Jacques IV, puis en 1528 par Jacques V, son successeur, qui le détruisirent en grande partie.

[8] Il est estimé que St Andrews devint un évêché au 9ème siècle, sous le règne du roi Constantin II lors de la fusion des Églises écossaises et pictes en 908, la primauté religieuse écossaise a été transférée de Dunkeld à l’évêque de St Andrews, par la suite connu simplement sous le nom de « évêque » ou de « haut évêque de l’Écosse » (ardepscop Alban). C’est devenu un archevêché sous le règne de Patrick Graham.

[9] juridiction suprême d’appel, perçu comme une atteinte à l’autonomie judiciaire des seigneurs

[10] La cathédrale Notre-Dame de Paris, communément appelée Notre-Dame, est l’un des monuments les plus emblématiques de Paris et de la France. Elle est située sur l’île de la Cité et est un lieu de culte catholique, siège de l’archidiocèse de Paris, dédiée à la Vierge Marie. Commencée sous l’impulsion de l’évêque Maurice de Sully, sa construction s’étend sur plus de 2 siècles, de 1163 au milieu du 14ème siècle.

[11] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.

[12] La bataille de Solway Moss opposa les armées anglaises et écossaises à Solway Moss sur les bords de l’Esk, aux confins de l’Écosse le 24 novembre 1542.