Kenneth II d’Écosse (mort en 995)
Roi d’Écosse de 971 à 995
Fils de Malcolm 1er. Kenneth semble avoir épousé une femme issue de la lignée des Uí Dúnlainge [1] roi du Leinster [2] du nord. Il devient roi après la mort de Culen d’Écosse dans un combat contre les Bretons du royaume de Strathclyde [3] et il règne 24 ans et 2 mois.
Kenneth doit faire face pendant plusieurs années aux prétentions au trône d’ Amlaíb , un frère de Cuilén, reconnu comme “rí Alban” par les Chroniques d’Irlande [4], qu’il tue en 977, mettant ainsi fin à 2 décennies de conflits et de rivalités entre 2 lignées de la famille royale ; les descendants de Constantin 1er , l’ancêtre de Kenneth et ceux du roi Aed, à laquelle appartient Cuilén son prédécesseur. Ses places fortes, à l’instar des autres monarques de sa branche de la maison de Kenneth Mac Alpin, se situent principalement au nord de la Tay.
Kenneth entreprend immédiatement des expéditions de pillage contre le royaume de Strathclyde, mais selon la Chronique des Rois d’Alba [5] ses forces terrestres subissent un sérieux revers à “Moin Uacoruar” un lieu non identifié.
Il reprend également sa politique d’agression en Angleterre. La Chronique des Rois d’Alba indique qu’il razzie“ la Saxonia” jusqu’à Stainmore [6] et les lacs de Derann [7], Derwentwater [8] et Bassenthwaite [9]. À cette occasion, il capture ou obtient en otage un fils du roi des Saxons identifié comme un fils de Eadwulf Evilcild ealdorman [10] de Bamburgh [11] ou de Waltheof.
Le récit contemporain de la soumission des princes gallois au roi Edgar d’Angleterre à Chester [12] en 973 semble avoir été élaboré par Florence de Worcester de manière à y inclure également Kenneth II comme l’un des rois qui reconnaissent sa suprématie en ramant dans la barque dont Edgard 1er tient symboliquement le gouvernail. Ce qui est par contre certain, c’est que le roi Edgar vers 975 reconnaît formellement l’autorité de Kenneth II sur le Lothian [13] qui avait été annexé sous son prédécesseur par le royaume d’Écosse après qu’Édimbourg [14] soit tombée entre les mains du roi Indulf entre 954 et 962. Il est cependant possible que le Lothian fut temporairement occupé par les comtes de Northumbrie [15] dans la dernière année du règne de Kenneth II en 994–995.
Selon la saga des Orcadiens [16], les mormaers [17] de Kenneth sont engagés, durant son règne, dans un conflit contre Sigurd Digri , Jarl [18] des Orcades [19], pour la possession du Caithness [20] et d’autres districts du nord. Les Écossais n’obtiennent aucun succès durable dans cette lutte.
Kenneth II entre dans un conflit dans le Strathmore [21] qui sera la cause de sa mort. Il est réputé avoir tué à Dunsinane [22] en Gowrie le fils unique de Finguala ou Finella, la fille de Conchobar ou Conchar, comte d’Angus [23]. Par vengeance, Finguala organise le meurtre de Kenneth II en 995 à Fettercairn [24] dans les Mearns [25] pas très loin de Fetteresso où avait été tué son propre père Malcolm 1er, ce qui permet de penser que l’aristocratie locale était favorable au parti d’Indulf.
De son épouse irlandaise, Kenneth laisse au moins un fils, Malcolm II, roi des Scots [26] de 1005 à 1034.
Notes
[1] Les Uí Dúnlainge appartenaient à une dynastie irlandaise du Leinster, qui faisaient remonter leur lignée jusqu’à Dúnlaing mac Énda Niada. On le disait cousin d’Énnae Cennsalach, ancêtre éponyme de leurs rivaux, les Uí Cheinnselaigh. Leurs prétentions à la royauté du Leinster ne rencontrèrent pas d’opposition après la mort d’Áed mac Colggen à la bataille de Ballyshannon le 19 août 738. La dynastie se divisa alors en trois branches qui se partagèrent la royauté en alternance entre 750 et 1050
[2] Le Leinster est une des quatre provinces traditionnelles de l’Irlande. Recouvrant la partie orientale de l’île
[3] Le Strathclyde est l’un des royaumes celtes brittoniques qui résista aux Anglo-Saxons, aux Pictes, aux Scots et aux Vikings durant le haut Moyen Âge avant d’être réuni au royaume des Pictes et des Scots vers le milieu du 11ème siècle.
[4] Les Chroniques d’Irlande est le nom moderne donné à une présumée collection d’annales ecclésiastiques, ayant enregistré les événements en Irlande entre les années 432 et 911. Plusieurs annales anciennes, existant encore maintenant, rapportent les événements dans le même ordre et avec des mots identiques jusqu’en 911, date à partir de laquelle elles poursuivent des narrations différentes.
[5] La Chronique des Rois d’Alba, ou Chronique Écossaise, est une brève chronique relatant les règnes des rois d’Alba, qui couvre la période allant de l’époque de Kenneth MacAlpin (Cináed mac Ailpín) jusqu’au règne de Kenneth II (Cináed mac Maíl Coluim) qui règne de 971 à 995. William Forbes Skene la dénommait Chronique des Rois des Scots, et d’autres l’appellent la Vieille Chronique Écossaise, mais l’expression Chronique des Rois d’Alba été finalement été retenue par les spécialistes contemporains.
[6] Stainmore est un civil parish (paroisse civile) de Cumbria, en Angleterre, qui regroupe les villages de North Stainmore et South Stainmore.
[7] certainement 2 lacs de Cumbria
[8] Le Derwentwater est un des principaux lacs du Lake District, au nord-ouest de l’Angleterre, dans le comté de Cumbria. Il se trouve dans la vallée de Borrowdale juste au sud de la ville de Keswick. Il est alimenté par le Derwent.
[9] Le lac Bassenthwaite est un des principaux lacs du Lake District dans le nord-ouest de l’Angleterre, dans le comté de Cumbria.
[10] Un ealdorman est la personne qui dirige un comté dans l’Angleterre anglo-saxonne entre le 9ème siècle et le règne de Cnut le Grand (1016-1035). C’est un officier royal et un magistrat de haut rang, qui commande également l’armée de son comté en temps de guerre. Dans certaines chartes du Wessex, le terme est traduit par le latin dux ou præfectus.
[11] Bamburgh est un village et une paroisse civile du Northumberland, en Angleterre. Il est situé sur la côte de la mer du Nord. Au 7ème siècle, Bamburgh est la capitale du royaume anglo-saxon de Bernicie. Au 10ème siècle, Bamburgh retrouve une certaine importance comme siège des seigneurs anglo-saxons qui règnent sur une partie de la Northumbrie, indépendamment du royaume viking d’York. Le château de Bamburgh est mis à sac par une armée viking en 993.
[12] Chester est une ville britannique située dans le Cheshire en Angleterre, proche de la frontière avec le pays de Galles. Traversée par le fleuve Dee, elle a le statut de cité.
[13] Le Lothian est une région traditionnelle d’Écosse, s’étendant entre la rive sud du Firth of Forth et les Lammermuir Hills. Son nom provient du semi légendaire roi breton Loth ou Lot. Au 7ème siècle, il devient la partie nord du royaume saxon de Northumbria. Mais au 8ème siècle les clans pictes la revendiquèrent en profitant de l’affaiblissement de la Northumbrie. Le Lothian est connu en Écosse pour avoir été la seule partie Anglo-saxonne de cette nation, et une des rares où l’écossais n’ait pas pris racine.
[14] Édimbourg est une ville de la côte d’Écosse au Royaume-Uni, et est sa capitale depuis 1532. Elle est le siège du Parlement écossais, qui a été rétabli en 1999.
[15] Le titre de comte de Northumbrie fut un titre de la période anglo-danoise, puis de la fin de la période anglo-saxonne, et enfin du début de la période anglo-normande de l’Angleterre. Le comté de Northumbrie succéda au comté de Bambourg, lui-même étant le successeur d’une Bernicie indépendante. Sous le Royaume viking d’York, il y eut des comtes de Deira. Finalement, toute la Northumbrie fut réunie sous la dynastie bernicéenne. Cette dynastie se maintint en Bernicie jusqu’en 1041, mais à partir de 1016, il y eut d’autres comtes à York qui furent appointés par le roi Knut le Grand pour toute la Northumbrie. Celle-ci fut dissoute au début de la période normande, en comtés d’York et Northumberland, avec une grande partie des terres allant aux princes-évêques de Durham.
[16] La Orkneyinga saga (Saga des Orcadiens, appelée aussi Histoire des comtes des Orcades) est un récit historique sur les Orcades, depuis leur conquête par le roi du Norvège au 9ème siècle jusqu’aux années 1200 environ. La saga n’a « pas son pareil dans l’histoire sociale et littéraire de l’Écosse »
[17] chefs de clan, comtes
[18] Le jarl est en langue scandinave l’équivalent de comte
[19] Les Orcades, sont un archipel situé au nord de l’Écosse à 16 km de la côte de Caithness. Cet archipel compte 67 îles légèrement vallonnées, dont 16 seulement sont habitées.
[20] Caithness est un ancien comté et une région de lieutenance dans les Highlands du nord de l’Écosse, dont la capitale était la ville de Wick.
[21] Strathmore ou An Srath Mòr est un strath ou une large vallée du Sutherland, dans le nord de l’Écosse. Le strath se trouve dans la paroisse de Durness au sud-est du Loch Eriboll. Il s’étend du nord au sud et possède une petite route longeant la rivière Strathmore qui coule le long du fond de la vallée vers le nord dans le Loch Hope
[22] dans ce qui est aujourd’hui le Perthshire
[23] Le titre de comte d’Angus dans la pairie d’Écosse est issu du domaine du mormaer médiéval d’Angus qui correspond à l’une des sept provinces traditionnelles pictes celle d’Eangus et Moerne formée par les fils du mythique roi des Pictes Cruithne mac Cinge
[24] Fettercairn est un village d’environ 250 habitants, situé à proximité de Laurencekirk dans l’Aberdeenshire en Écosse. C’est en ce lieu que le roi d’Écosse Kenneth II fut assassiné en 995. Le village abrite une des plus anciennes distilleries officielles de whisky d’Écosse
[25] l’actuel Aberdeenshire
[26] Les Scots sont un peuple celte originaire de l’est de l’Irlande qui commença à s’établir dans l’île de Bretagne entre les rivières Clyde et Solway aux 3ème et 4ème siècles de l’ère chrétienne. L’Écosse actuelle leur doit son nom (Scotland). Les premiers Scots affrontèrent les Britto-romains lors de raids qui se transformèrent en établissements durables, profitant sans doute d’un dépeuplement précoce des régions où ils effectuaient leur piraterie. Peu avant 500, ces Scots s’établirent sur les côtes du Devon et du pays de Galles, mais ils n’y établirent pas d’ensembles politiques durables. On leur doit toutefois l’introduction de l’écriture oghamique sur l’île. Plus au nord, les Scots devinrent dans un premier temps les voisins immédiats et les rivaux occidentaux des Pictes, les anciens habitants de la Calédonie. Cette région, qui n’avait jamais été conquise par Rome, passa progressivement sous leur contrôle du 6ème au 9ème siècle. Dès le 6ème siècle, les Scots durent cependant résister aux Anglo-Saxons, établis durablement au sud du Forth avant 500, contrairement aux Bretons, les Scots nouèrent de nombreux contacts avec ces nouveaux venus, surtout à l’est avec le royaume septentrional de Northumbrie. Au 7ème siècle, les Scots chrétiens jouèrent en particulier un rôle important dans l’évangélisation des Anglo-Saxons, rôle qui fut ensuite éclipsé par Rome.