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L’histoire pour le plaisir

Nicéphore 1er Doukas

vendredi 24 décembre 2021, par ljallamion

Nicéphore 1er Doukas (vers 1240-vers 1297)

Despote d’Épire de 1267/1268 à 1297

Fils de Michel II Doukas et de Theodora Petraliphaina. Il est marié en 1256 à Thessalonique [1] avec Maria, la petite fille de l’empereur Jean III Doukas Vatatzès de Nicée [2], mais elle meurt en 1258.

Durant les années suivantes, Nicéphore est impliqué dans la lutte de son père contre Michel VIII Paléologue, qui culmine à la bataille de Pélagonie [3], où il fait retraite comme son père.

Après que les forces de l’empire de Nicée aient envahi l’Épire [4], Nicéphore part chercher de l’aide chez son beau-frère Manfred de Sicile. Avec cet appui Nicéphore peut reconquérir l’Épire. Mais en 1264 une autre défaite oblige Nicéphore et son père à céder une partie de son territoire à Michel VIII. Le traité de paix stipule que Nicéphore doit se marier avec Anne Paléologue Cantacuzène , une fille de Jean Cantacuzène et nièce de Michel VIII.

En 1267/1268, Nicéphore se voit obligé de traiter avec Charles 1er de Sicile qui vient d’éliminer Manfred 1er. En 1274, les forces de l’empire byzantin [5], en guerre contre Charles d’Anjou, pénètrent dans le territoire du despotat en violation de l’accord de 1264. Nicéphore réagit en signant un accord avec Charles et conclut une alliance avec lui en 1276.

La coalition de Charles d’Anjou, de Nicéphore, et de Jean 1er Doukas de Thessalie, gagne plusieurs villes incluant Butrinto [6] en 1278. Ironiquement, tout en étant allié avec un monarque catholique et en étant eux-mêmes catholiques, Nicéphore et Jean ont protégé les opposants à l’Union des 2 églises.

En 1279 Nicéphore se reconnaît le vassal de Charles 1er et lui rend Butrinto. Avec la défaite de Charles peu après, Nicéphore perd ses possessions albanaises au profit des Byzantins. La coalition disparaît suite aux Vêpres siciliennes en 1282 [7], qui ont été en partie fomentées par Michel VIII et qui ont fait perdre à Charles 1er d’Anjou la Sicile [8], son autorité n’étant maintenue que dans le royaume de Naples [9].

Après la restauration de l’orthodoxie sous Andronic II Paléologue en 1282, Nicéphore s’est allié avec Andronic par l’intermédiaire de sa femme Anne. En fait Nicéphore a été manipulé par Anne, pour servir les intérêts de la cour byzantine.

En 1284 ils attirent en Épire Michel, le fils de Jean Doukas de Thessalie, avec la promesse d’une alliance dynastique, et ont le fait arrêter et envoyé en prison à Constantinople [10]. Ceci entraîna Nicéphore dans une guerre contre son demi-frère Jean 1er de Thessalie, qui ravagea les environs d’Arta en 1285. Pendant ce temps Anne s’est lancée dans un projet ambitieux, celui d’unir les maisons d’Épire et de Constantinople en mariant sa fille Thamar à Michel IX Paléologue , fils d’Andronic II et coempereur. Bien que ce projet ait échoué, en 1290 son jeune fils Thomas reçoit la dignité de despote [11] par l’empereur.

En 1291, l’aristocratie anti-byzantine épirote persuade Nicéphore d’ouvrir des négociations avec Charles II d’Anjou , ce qui provoque une invasion byzantine. Néanmoins l’intervention de Charles II par l’intermédiaire de ses vassaux, le comte de Céphalonie [12] Riccardo Orsini et le prince Florent d’Achaïe dit Florent de Hainaut , permet de repousser les Byzantins. Nicéphore décide alors de marier sa fille Maria à l’héritier du comté de Céphalonie et son autre fille Thamar au fils de Charles II, Philippe 1er de Tarente. Thamar reçoit alors le droit d’hériter à la place de son frère et Charles II a promis qu’on lui permettrait de conserver la foi orthodoxe. Le mariage a eu lieu en 1294 et a impliqué le transfert de plusieurs forteresses côtières à Philippe comme dot de Thamar.

Philippe simultanément a reçu les droits et les revendications de son père concernant la Grèce. La tension inévitable entre les aristocrates grecs locaux et leur suzerain angevin a créé une occasion pour le neveu de Nicéphore, le gouverneur de Thessalie [13], d’intervenir et de saisir la plupart du temps les forteresses qui avaient été données à Philippe.

Par la suite, la plupart de ces forteresses ont été récupérées par les Angevins et la paix fut signée en 1296. Nicéphore est mort peu de temps après la conclusion de la paix, entre septembre 1296 et juillet 1298. Sa veuve Anne a assuré la succession de leur fils Thomas.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, 1991, 1e éd., 3 vol. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)

Notes

[1] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[2] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.

[3] La bataille de Pélagonia eut lieu en septembre 1259, entre l’empire de Nicée et une alliance entre la principauté d’Achaïe et le despotat d’Épire. Ce fut un événement décisif dans l’histoire du Proche-Orient, assurant la reconquête byzantine de Constantinople et la fin de l’Empire latin de Constantinople en 1261, et le début de la reconquête byzantine de la Grèce

[4] Le Despotat d’Épire fut l’un des États successeurs de l’Empire byzantin après la conquête de Constantinople et la mise en place de l’Empire latin d’Orient sur les terres principales de l’Empire Byzantin par la quatrième croisade en 1204. Fondé par Michel Comnène Doukas, le nouvel État se voulut, à l’instar de l’Empire de Nicée et de l’Empire de Trébizonde, le successeur légitime de l’Empire byzantin. Centre de résistance et havre pour les réfugiés grecs contre les envahisseurs latins après la défaite, il ne réintégra l’empire restauré qu’en 1323. Grec par ses origines, puis italien, serbe et albanais par conquête, il tenta de maintenir son identité jusqu’à sa chute aux mains des Ottomans en 1479. Centré sur la province d’Épire et l’Acarnanie, au nord-ouest de la Grèce, et sur la partie occidentale de la Macédoine grecque, il s’étendait également en une mince bande sur la Thessalie et de la Grèce occidentale jusqu’à Naupacte (aujourd’hui Lépante) au sud. Sous Théodore Comnène Doukas et l’éphémère Empire de Thessalonique, le despotat s’étendit pour incorporer brièvement la partie centrale de la Macédoine ainsi que la Thrace jusqu’à Didymotique et Andrinople (aujourd’hui Edirne).

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] Butrint ou Butrinti est une ville d’Albanie, située à proximité de la ville de Saranda et de la frontière grecque. C’est aussi un site archéologique, autrefois connu sous le nom de Buthrotum.

[7] Les « Vêpres siciliennes » sont un soulèvement et une révolte populaire de l’île de Sicile contre la domination féodale du roi d’origine française Charles d’Anjou, survenu à Palerme et Corleone, le 31 mars 1282, mardi de Pâques. À la suite de ce soulèvement et du massacre des Français, les Siciliens se libèrent du joug angevin en passant sous la protection du roi d’Aragon Pierre III1. L’événement est donc à la fois un moment clef de l’histoire nationale sicilienne et un tournant géopolitique.

[8] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[9] Le royaume naquit de la scission de fait du royaume de Sicile, provoquée par les Vêpres siciliennes de 1282. Le roi Charles d’Anjou, chassé de l’île de Sicile par les troupes de Pierre III d’Aragon, ne se maintint que sur la partie continentale du royaume. Naples devint la capitale de ce nouveau royaume, ce qui provoqua une forte croissance de la ville qui était auparavant supplantée par Palerme. Sous le règne de Robert 1er, le royaume connaît une période de paix et de prospérité. Le roi fit de Naples l’un des centres culturels de l’Italie, invitant à sa cour Giotto, Pétrarque et Boccace. La seconde partie du 14ème siècle vit cependant s’amorcer une période de déclin due à la lutte fratricide entre deux branches adverses de la dynastie angevine pour régler la succession de Robert 1er puis celle de sa fille, la reine Jeanne 1ère. La maison d’Anjou-Duras finit par triompher, avec Charles III, duc de Duras, qui fit assassiner la reine Jeanne en 1382. Son fils, Ladislas 1er, étendit provisoirement le royaume sur une bonne partie de l’Italie centrale, caressant le rêve d’unifier la péninsule. À sa mort sans héritier en 1414 c’est sa sœur, Jeanne II, qui monta sur le trône.

[10] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[11] Le titre de despote apparaît au 12ème siècle dans l’Empire byzantin. Il occupe le sommet de la hiérarchie officielle, juste après celui d’empereur et de coempereur. C’était déjà une épithète indiquant la plus haute noblesse : on le trouve sur les sceaux de sébastokrators et de césars à cette période. Les empereurs peuvent accorder le titre à plusieurs individus simultanément, mais d’abord à leurs fils. Il ne donne toutefois aucune indication sur le droit de succession. Après la quatrième croisade, le démembrement de l’Empire byzantin vit la création de principautés dirigées par un despote : le despotat d’Épire, puis plus tard le despotat de Morée. Après la chute de l’Empire Serbe et la mort du prince Lazar Hrebeljanović 1389, la plus grande partie du territoire serbe pris le nom de Despotat de Serbie.

[12] Le Comté palatin de Céphalonie et Zante fut une principauté fondée en 1185 dans les îles Ioniennes qui fit partie jusqu’en 1479 du Royaume de Sicile. D’abord attribuée à Margaritus de Brindisi par Guillaume II de Sicile en remerciement de ses services, elle passa ensuite à la famille des Orsini jusqu’en 1325 puis brièvement aux Angevins jusqu’en 1357, avant de devenir l’apanage de la famille Tocco, laquelle l’utilisa comme tremplin pour sa conquête du despotat d’Épire. Toutefois, devant l’avance des Ottomans, les Tocco durent progressivement abandonner leurs conquêtes continentales et se retirer dans les iles. En 1479 le comté fut divisé : les Vénitiens prirent le contrôle de Zante, alors que les Ottomans occupèrent Céphalonie jusqu’en 1500.

[13] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.