Michel VIII (1227-1282)
Empereur romain et byzantin de 1261 à 1282
Issu d’une illustre famille byzantine, il se présente comme l’héritier des anciens empereurs grecs. Il descend des Comnènes [1] par sa mère et est apparenté à Jean III Vatatzès.
Il se fait associer comme empereur au jeune Jean IV Lascaris , héritier de la dynastie reconnue à Nicée [2]. Puis il bat le despote d’Épire [3] et son allié, le prince latin d’Achaïe [4], Guillaume II de Villehardouin .
Craignant d’avoir affaire à une forte résistance à Constantinople même, il fait appel à la flotte génoise et concède à la république italienne les privilèges dont bénéficiait précédemment Venise, sa rivale de toujours. Le 25 juillet 1261, ses troupes s’emparent de Constantinople. Michel VIII a enfin la satisfaction de se faire couronner par le patriarche orthodoxe à Sainte-Sophie [5]. Selon les bonnes vieilles coutumes byzantines, il ne lui reste plus qu’à déposer et aveugler son co-empereur pour s’approprier la totalité du pouvoir.
En 1273, face au danger musulman, il décide de s’adresser à son synode et propose un rapprochement avec Rome. Il promet au pape, au concile de Lyon de 1274, de reconnaître la primauté de Rome sur le patriarcat (promesse qui n’entrera jamais dans les faits). Enfin, pour obliger le comte Charles d’Anjou, frère de Saint Louis, à renoncer à ses droits sur l’Empire latin d’Orient [6], il encourage les Siciliens à se révolter contre les Angevins en garnison chez eux.
C’en est fini d’un demi-siècle d’occupation latine. Seule va subsister jusqu’à la fin du Moyen Âge une principauté franque dans la presqu’île du Péloponnèse, rebaptisée Morée [7]. En 1281, le pape excommunie Michel VIII et le déclare hérétique.
Au siècle suivant, sous les coups des Turcs, l’empire byzantin va se réduire comme peau de chagrin jusqu’à sa disparition totale le 29 mai 1453.
Notes
[1] La maison Comnène, est une famille de puissants notables de l’Empire romain d’Orient (dit byzantin) dont certains membres devinrent empereurs. Elle est issue de Manuel Comnène, un général qui défendit la ville de Nicée en 978. Son fils Isaac devient empereur après avoir renversé Michel VI, mais abdique ensuite en faveur de Constantin X Doukas. Vingt ans plus tard, en 1081, son neveu Alexis 1er Comnène renverse l’empereur Nicéphore III et s’empare du pouvoir. Ses descendants règnent jusqu’en 1185, année où est renversé Andronic 1er. En 1204, les petits-fils de ce dernier fondent l’Empire de Trébizonde, prenant le titre de Grands Comnène. Ce nouvel empire disparaît en 1461 après la conquête de la ville de Trébizonde par le sultan Mehmed II. Les Comnène se prétendent issus d’un des ancêtres de Constantin. Cette famille a donné six empereurs à Constantinople, un à Héraclée et dix à Trébizonde.
[2] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.
[3] Le despotat d’Épire est un des États successeurs de l’empire byzantin né après la quatrième croisade en Épire, une région qui s’étend sur la côte adriatique entre le sud de l’Albanie actuelle et le golfe de Corinthe. Le terme de despotat est formé sur celui de despote, qui désigne alors à la cour de Constantinople un membre de la famille impériale. Son équivalent le plus proche est prince ; un despotat serait donc une principauté.
[4] La principauté d’Achaïe également écrit Achaye ou de Morée est une seigneurie fondée par Guillaume de Champlitte pendant la quatrième croisade (1202/1204). La principauté, s’étendant au départ sur tout le Péloponnèse, est vassale du royaume de Thessalonique jusqu’à la disparition de celui-ci, date à laquelle elle devient la principale puissance franque de la région. La bataille des îles Échinades en 1427 ouvre la voie à sa reconquête par les troupes byzantines. La Chronique de Morée relate la conquête franque et une partie de l’histoire de la principauté.
[5] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’est plus un lieu de culte mais un musée.
[6] L’Empire latin de Constantinople ou Empire latin d’Orient est un État fondé en avril 1204 sur le territoire de l’Empire byzantin à la suite de la quatrième croisade et la chute de Constantinople aux mains des croisés latins. Il se maintient jusqu’à la reconquête de la ville par l’empereur Michel Paléologue, restaurateur de l’Empire byzantin, en 1261.
[7] Le despotat de Morée était une province de l’Empire byzantin, puis un État grec plus ou moins dépendant de cet Empire, État fondé au milieu du 14ème siècle dans la péninsule du Péloponnèse, ayant pour capitale la cité de Mistra près de l’ancienne Sparte. La taille de son territoire a varié au cours de son existence, mais a fini par inclure presque toute la péninsule. Le territoire était généralement dirigé par un ou plusieurs fils de l’empereur byzantin contemporain, voire à un membre de la famille impériale à qui on donnait le titre de despote. Son équivalent le plus proche est prince, un despotat correspondant donc à une principauté.