Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt

mercredi 15 septembre 2021, par ljallamion

Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt (1683-1743)

Poète français

Né à Tours [1], il était issu d’une famille d’origine écossaise, noble mais sans fortune, sa mère s’appelait Ourceau, originaire de Tours, et proche parente de messieurs Rouillé, qui sont originaires de Cette ville. Il était le plus jeune fils.

Sa mère dut prendre un emploi de directrice des postes à Tours pour subvenir aux besoins de sa famille. Grécourt, comme cadet, fut destiné à l’Église.

Il fit ses études à Paris sous la direction d’un oncle ecclésiastique dont le crédit lui obtint un titre de chanoine de Saint-Martin de Tours [2] en 1697, alors qu’il n’était âgé que de 14 ans.

Une fois ordonné prêtre, Grécourt eut un grand succès par ses talents de prédicateur, mais on dut mettre un terme à ses prêches après le scandale provoqué par un sermon dans lequel il avait glissé force allusions graveleuses à plusieurs dames de la ville. Son tempérament le portait au demeurant davantage vers la poésie et les plaisirs.

Des positions brillantes lui furent offertes, qu’il refusa toujours, déclinant par exemple les offres de John Law, qui voulait se l’attacher et à qui il répliqua par un apologue [3] en vers, “Le Solitaire et la fortune”.

Tout en restant chanoine, il renonça à la vie ecclésiastique et passa beaucoup de temps à Paris, où il se lia avec le maréchal d’Estrées et avec d’autres seigneurs qui menaient une vie pleine d’excès et de folie. Il finit par s’établir complètement dans la capitale où il fut l’habitué des compagnies les plus libres et les plus galantes et ou il était très courtisé en particulier par les jolies femmes pour sa répartie et ses talents de conteur grivois.

Épicurien [4], amateur de jolies femmes et de bonne chère, il composa beaucoup de contes licencieux et de poésies, souvent libertines, parmi lesquelles on compte un long poème contre les Jésuites “Philotanus” qui contribua le plus à le faire connaître. Cette plaisanterie amusa toute la France ; il n’y eut que les Jésuites qui ne purent la lui pardonner ; aussi lui suscitèrent-ils coup sur coup mille traverses. Ils allèrent même jusqu’à le faire dénoncer au tribunal de conscience sur la fin de l’année 1723. il écrivit aussi des pièces burlesques, des épîtres, des fables, des contes, des épigrammes [5], des madrigaux [6]. Il s’abstenait de les faire imprimer mais les faisait circuler sous le manteau, en donnant des extraits dans des cercles choisis, car il lisait, paraît-il, de manière incomparable.

Il est l’un des principaux auteurs du Recueil de poésies choisies rassemblées par un cosmopolite, imprimé en 1735 à seulement 62 exemplaires pour le duc d’Aiguillon Armand-Louis de Vignerot .

Agé et fatigué de la vie parisienne, il se retira en Touraine [7] et plus précisément chez le duc d’Aiguillon dans le château de Veretz [8].

Il mourut en 1743 en laissant pour lui-même une plaisante épitaphe. Il est inhumé an milieu de la nef de l’église de Saint-Martin de Tours.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIIIe siècle, nlle. édition revue et mise à jour sous la direction de François Moureau, Paris, Fayard, 1995

Notes

[1] Tours est une commune de l’ouest de la France, sur les rives de la Loire et du Cher, dans le département d’Indre-et-Loire, dont elle est le chef-lieu. Ancienne Caesarodunum cité des Turones, fondé par Auguste, capitale de la 3ème Lyonnaise avec un des plus grands amphithéâtres de l’empire romain. Sanctuaire national avec saint Martin, Grégoire de Tours et Alcuin sous les Mérovingiens et les Carolingiens, avec l’adoption par les Capétiens de la monnaie locale la livre tournois qui deviendra la monnaie du royaume. Capitale du comté de Tours qui deviendra la Touraine, le jardin de la France. Première ville de l’industrie de la soie, voulu par Louis XI, capitale royale sous les Valois avec ses châteaux de la Loire et ville d’art avec l’École de Tours. Capitale de loyauté pour Henri III et Henri IV pendant les guerres de Religion

[2] La basilique Saint-Martin de Tours est un édifice religieux situé à Tours, dont la crypte abrite le tombeau de Martin de Tours. L’ancienne église collégiale Saint-Martin de Tours, qui datait essentiellement du 11ème siècle, fut désaffectée, vandalisée et transformée en écurie en 1793, puis démolie à la suite de l’effondrement des voûtes en 1797, seules deux tours étant conservées. La basilique actuelle, nettement plus modeste, a été construite entre 1886 et 1902 dans le style néo-byzantin par l’architecte Victor Laloux.

[3] L’apologue est un court récit narratif démonstratif et fictif, à visée argumentative et rédigé principalement en vers dont on tire une morale pratique.

[4] L’épicurisme est une philosophie qui se vit : elle propose d’atteindre le bonheur en évitant tout ce qui peut troubler la quiétude ; le bonheur est alors défini comme l’absence de troubles (ataraxie). Philodème suit ce précepte, tout en assouplissant la règle et en étendant le champ d’application de cette philosophie à des domaines que le fondateur de l’école, Épicure, n’avait pas abordés ou tenait comme mineurs : l’esthétique, et notamment la musique, la politique.

[5] À l’origine, une épigramme est une inscription, d’abord en prose, puis en vers, qu’on gravait sur les monuments, les statues, les tombeaux et les trophées, pour perpétuer le souvenir d’un héros ou d’un événement. À partir du 4ème siècle av. jc, l’épigramme devient une petite pièce de poésie sur un sujet quelconque, imitant par sa brièveté les inscriptions, offrant une pensée ingénieuse ou délicate exprimée avec grâce et précision. Les plus anciennes épigrammes ne revêtent qu’un caractère pratique, visant à identifier le propriétaire ou la personne dédiant l’objet.

[6] Le madrigal est une forme ancienne de musique vocale qui s’est développée au cours de la Renaissance et au début de la période baroque (16ème siècle - début 17ème siècle).

[7] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[8] Par mariages successifs, la terre de Véretz échoit au Marquis Armand-Louis de Richelieu, qui, après son mariage avec Anne de Crussol en 1718, obtient du Roi le titre de Duc d’Aiguillon. De 1736 à 1780, de très nombreux travaux et aménagements, tant intérieurs qu’extérieurs du chateau, sont effectués par le Duc d’Aiguillon et par son fils le Duc Emmanuel d’Aiguillon, Lieutenant Général de Bretagne, puis Ministre des Affaires Etrangères du Roi Louis XV.