Né à Tours [1], il était issu d’une famille d’origine écossaise, noble mais sans fortune, sa mère s’appelait Ourceau, originaire de Tours, et proche parente de messieurs Rouillé, qui sont originaires de Cette ville. Il était le plus jeune fils.
Sa mère dut prendre un emploi de directrice des postes à Tours pour subvenir aux besoins de sa famille. Grécourt, comme cadet, fut destiné à l’Église.
Il fit ses études à Paris sous la direction d’un oncle ecclésiastique dont le crédit lui obtint un titre de chanoine de Saint-Martin de Tours [2] en 1697, alors qu’il n’était âgé que de 14 ans.
Une fois ordonné prêtre, Grécourt eut un grand succès par ses talents de prédicateur, mais on dut mettre un terme à ses prêches après le scandale provoqué par un sermon dans lequel il avait glissé force allusions graveleuses à plusieurs dames de la ville. Son tempérament le portait au demeurant davantage vers la poésie et les plaisirs.
Des positions brillantes lui furent offertes, qu’il refusa toujours, déclinant par exemple les offres de John Law, qui voulait se l’attacher et à qui il répliqua par un apologue [3] en vers, “Le Solitaire et la fortune”.
Tout en restant chanoine, il renonça à la vie ecclésiastique et passa beaucoup de temps à Paris, où il se lia avec le maréchal d’Estrées et avec d’autres seigneurs qui menaient une vie pleine d’excès et de folie. Il finit par s’établir complètement dans la capitale où il fut l’habitué des compagnies les plus libres et les plus galantes et ou il était très courtisé en particulier par les jolies femmes pour sa répartie et ses talents de conteur grivois.
Épicurien [4], amateur de jolies femmes et de bonne chère, il composa beaucoup de contes licencieux et de poésies, souvent libertines, parmi lesquelles on compte un long poème contre les Jésuites “Philotanus” qui contribua le plus à le faire connaître. Cette plaisanterie amusa toute la France ; il n’y eut que les Jésuites qui ne purent la lui pardonner ; aussi lui suscitèrent-ils coup sur coup mille traverses. Ils allèrent même jusqu’à le faire dénoncer au tribunal de conscience sur la fin de l’année 1723. il écrivit aussi des pièces burlesques, des épîtres, des fables, des contes, des épigrammes [5], des madrigaux [6]. Il s’abstenait de les faire imprimer mais les faisait circuler sous le manteau, en donnant des extraits dans des cercles choisis, car il lisait, paraît-il, de manière incomparable.
Il est l’un des principaux auteurs du Recueil de poésies choisies rassemblées par un cosmopolite, imprimé en 1735 à seulement 62 exemplaires pour le duc d’Aiguillon Armand-Louis de Vignerot .
Agé et fatigué de la vie parisienne, il se retira en Touraine [7] et plus précisément chez le duc d’Aiguillon dans le château de Veretz [8].
Il mourut en 1743 en laissant pour lui-même une plaisante épitaphe. Il est inhumé an milieu de la nef de l’église de Saint-Martin de Tours.