Charles Coffin (1676-1749)
Recteur de l’université de Paris-Janséniste et écrivain français
En 1693 il achève ses études, commencées à Beauvais [1], à Paris au collège du Plessis [2]. Il est remarqué par Charles Rollin , qui l’appelle à une chaire au collège de Beauvais.
Vers la fin de 1712, Rollin ayant dû quitter l’administration du collège de Beauvais en raison de sa sympathie pour le jansénisme [3], le premier président de Mesmes désigne Coffin comme successeur. Celui-ci dirige avec succès cette école résolument janséniste, tout en restant un proche de son prédécesseur.
En 1718, l’université de Paris [4] le choisit comme recteur. Son rectorat est notamment marqué par l’homogénéisation des traitements des professeurs et l’établissement de l’instruction gratuite dans tous les collèges de Paris, que le cardinal de Richelieu avait appelée de ses vœux quelques décennies auparavant.
Cet effort de gratuité fut financé par le vingt-huitième effectif du prix du bail général des postes et messageries, dont la France devait originairement la création à l’université de Paris. Coffin eut une grande part au succès de cette négociation délicate. Il encouragea également l’usage de la langue française dès les premières années d’université en lieu et place du latin.
Atteint d’une pneumonie en 1749, il décède le 20 juin, à l’âge de 73 ans. Le curé de la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont [5] lui refuse cependant les derniers sacrements pour avoir été un des piliers du jansénisme au sein de l’université de Paris et pour n’avoir pas renié par écrit ces convictions.
Le Parlement essaye d’intervenir en faveur de l’ancien recteur, mais l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont , reste intransigeant. Ses obsèques sont célébrées en grande pompe et on l’enterre en présence de 4000 personnes.
Notes
[1] Beauvais est une commune française située dans le département de l’Oise, dont elle est la préfecture, elle se trouve au nord du bassin parisien, sur les rives du Thérain, affluent de l’Oise.
[2] Le collège du Plessis est un collège de l’ancienne université de Paris qui était situé au no 115 de la rue Saint-Jacques, à droite du collège Louis le Grand. Ses bâtiments furent détruits en 1864 et sur son emplacement a été construit la partie nord du lycée Louis le Grand actuel (cours Molière). Il était situé à côté du collège de Marmoutiers. Le Collège du Plessis est fondé par Geoffroy du Plessis, protonotaire de France, rue Saint-Jacques en 1322, pour les écoliers pauvres des diocèses de Tours, Saint-Malo, Évreux, Rouen, Sens, Reims. Richelieu transfère son administration au collège de Sorbonne en 1642. Son enseignement est réorganisé quatre ans plus tard par lettres patentes. Charles de Lignières y enseigne le latin moderne et l’écrivain et historien François-Joseph Bérardier de Bataut enseigne au collège du Plessis au milieu du 18ème siècle.
[3] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine
[4] L’université de Paris était l’une des plus importantes et des plus anciennes universités médiévales. Apparue dès le milieu du 12ème siècle, elle est reconnue par le roi Philippe Auguste en 1200 et par le pape Innocent III en 1215. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la philosophie et de la théologie. Constituée comme l’association de tous les collèges parisiens situés sur la rive gauche, elle assurait la formation de tous les clercs, c’est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d’État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts, etc.) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés).
[5] L’église Saint-Étienne-du-Mont est une église située sur la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5ème arrondissement de Paris, à proximité du lycée Henri-IV et du Panthéon. Remplaçant un édifice du 13ème siècle, elle est construite à partir de la fin du 15ème siècle, et sert de paroisse aux habitants du quartier situé autour de l’abbaye Sainte-Geneviève. Le chantier, commencé par le chevet et le clocher en 1491, est achevé par la façade en 1624. En 1790, elle est l’une des 51 paroisses urbaines du diocèse de Paris.