Siegfried III von Eppstein ou Sigefroi III de Mayence (vers 1194-1249)
Neveu de Siegfried II von Eppstein par Godefroi, son père, et de Théodoric II, archevêque de Trèves [1], par Theodora de Wied [2], sa mère, il succéda à son oncle paternel dans le siège de Mayence [3] en 1231.
Siegfried III von Eppstein est chanoine de la cathédrale de Mayence [4] depuis 1220, prévôt de la cathédrale Saint-Barthélemy de Francfort [5] et de la collégiale Saint-Pierre et Saint-Alexandre d’Aschaffenbourg [6]. Au plus tôt dans les derniers jours de l’année précédente 1230, puisqu’on a de lui un acte daté du 18 décembre 1231 où il compte encore la première année de son épiscopat. En 1232, étant à la diète d’Aquilée, Siegfried obtient de l’empereur l’abbaye de Lorsch [7], ce qui lui attira, dans la suite, une querelle avec Otton II duc de Bavière palatin du Rhin. La même année ; il fait raser la ville de Wiesbaden [8].
Frédéric II réprime en 1235 la rébellion de son fils Henri, roi des Romains, qu’il fait emprisonner. Il demeure cependant en Allemagne et réunit une majestueuse Diète d’Empire en août 1235 à Mayence, avec l’archevêque Siegfried. L’empereur promulgue là, le 23 août 1235, la Reichslandfriede [9].
Siegfied édifie en 1236 l’Hôpital du Saint-Esprit [10], en vue d’accueillir les malades et les nécessiteux.
En 1238, il suit l’empereur Frédéric dans son expédition d’Italie et le sert de son conseil et de son bras dans les différents combats qu’il eut à livrer. Mais, craignant d’indisposer le pape Grégoire IX en servant un prince qui lui était odieux, il demande la permission de retourner en son diocèse avec tant d’instance que Frédéric la lui accorde.
Ce prince, comptant toujours sur son attachement, lui confia Conrad, roi des Romains à la place du rebelle Henri depuis 1237, pour le ramener en Allemagne, et le nommant en même temps comme régent dans ce royaume sous la tutelle de Siegfried III.
Celui-ci achève le 4 juillet 1239 la nouvelle aile ouest de sa cathédrale, qu’il avait commencée dès son accès au siège archiépiscopal.
Après la mort de Grégoire IX, en 1241, il se déclare ouvertement, avec l’archevêque de Cologne [11], pour le pape contre l’empereur de la dynastie Hohenstaufen*, et poursuit à outrance les partisans de ce prince. La ville d’Erfurt [12] était de ce nombre. Siegfried en chasse les clercs et les moines en 1242, après avoir jeté sur la ville un interdit qui dura depuis le mercredi avant les Rameaux jusqu’au 1er août suivant, et ne fut levé qu’en payant une amende considérable.
Frédéric ayant été déposé par Innocent IV au concile de Lyon tenu en 1245, l’archevêque de Mayence applaudit à ce jugement. L’archevêque de Trèves et celui de Cologne qui étaient dans les mêmes dispositions que lui, s’assemblent avec les évêques de Strasbourg [13], de Metz [14], de Spire [15], et d’autres prélats, à Veitshöchheim [16], près de Wurtzbourg, où ils élisent, le 22 mai1246, Henri le Raspon, landgrave de Thuringe [17] comme roi des Romains.
La mort ayant écarté cet anti-roi, l’année suivante, ils lui substituent Guillaume II comte de Hollande . On voit encore dans la cathédrale de Mayence la statue de Siegfried, ayant à ses côtés celles des 2 rois, ornés de leurs couronnes.
Après la mort de Raspon, il prétend réunir à son église les fiefs laissés vacants en Thuringe, et eut pour adversaires le margarve de Misnie [18] Henri III de Misnie dit Henri III l’Illustre , et Sophie, duchesse de Brabant [19]. Cette querelle dura l’espace de 17 ans. Siegfried, en 1249, se fait autoriser par le pape à s’attribuer toutes les prévôtés de son diocèse, et les meilleures cures qui deviendront vacantes au cours des 2 années suivantes. Il reçoit, dans le même temps, le titre de légat en Germanie. Mais la mort ne lui permit pas de jouir de ces avantages. Ayant accompagné le roi Guillaume dans une expédition, il tomba malade près du palais impérial d’Ingelheim [20], et s’étant fait porter à Bingen, il y termina ses jours le 9 mars 1249, peu regretté de ses diocésains, malgré les éloges que Latomus fait de lui. Il fut inhumé dans la cathédrale Saint-Martin de Mayence.
Notes
[1] Le diocèse de Trèves est une Église particulière de l’Église catholique dans le land de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne. Trêves est la plus ancienne ville d’Allemagne et un diocèse également très ancien élevé au rang d’archidiocèse au 8ème siècle. L’archevêque est l’un des huit Prince-Électeurs de l’Empire. Devenu Français en 1796, il redevient diocèse par le Concordat de 1801, lors de la réorganisation des structures ecclésiastiques Françaises par Napoléon 1er et le pape Pie VII. Il est alors suffragant de l’Archidiocèse de Malines. Le Congrès de Vienne donne Trêves à la Prusse. Le diocèse devient alors et jusqu’à aujourd’hui diocèse suffragant de l’archidiocèse de Cologne. Son église cathédrale est la cathédrale Saint-Pierre de Trèves.
[2] Le comté de Wied est un ancien comté du Saint Empire romain germanique. Situé au confluent de la Wied et du Rhin, son chef-lieu est Neuwied. Le comté émerge au 9ème siècle, et est réuni de 1243 à 1462 à celui d’Isembourg sous le nom d’Isembourg-Wied. Il est partagé deux fois : entre lui-même et le Wied-Dierdorf en 1631, et entre le Comté de Wied-Neuwied et le Comté de Wied-Runkel en 1698.
[3] Le diocèse de Mayence est une église particulière de l’Église catholique latine en Allemagne. Son siège est la cathédrale Saint-Martin de Mayence dédiée à Martin de Tours. Érigé au 4ème siècle, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 8ème siècle. Au 12ème siècle, l’archevêque de Mayence devient prince électeur du Saint Empire romain germanique. En 1803, le siège archiépiscopal est transféré à Ratisbonne.
[4] La cathédrale Saint-Martin de Mayence est le siège du diocèse de Mayence en Allemagne. Son saint patron est Martin de Tours, l’un des Pères de l’Église. Son chœur est dédié à saint Étienne, premier martyr chrétien. La base de sa construction est une « basilique à colonnes » d’architecture romane possédant trois nefs (fin du 10ème siècle), à laquelle ont été ajoutés par la suite des éléments gothiques et baroques.
[5] La collégiale Saint-Barthélemy, souvent appelée « cathédrale de Francfort », est la plus grande église de Francfort-sur-le-Main. Lieu d’élection, dès 1356, et, à partir de 1562, de couronnement de l’empereur romain germanique, elle a joué un rôle important dans l’histoire allemande.
[6] La Collégiale Saint-pierre et Saint Alexandre est une église catholique de Basse Franconie, située dans la ville d’Aschaffenbourg. Par l’élection de deux chanoines à la chaire de l’archevêque de Mayence (Markolf 1141 et Arnold von Selenhofen 1153), puis inversement par l’occupation de la charge de prévôt exclusivement du chapitre de la cathédrale (à partir de 1262), enfin, à partir de 1588, l’archevêque de Mayence devient automatiquement le chanoine prévôt de la collégiale d’Aschaffenburg.
[7] L’abbaye de Lorsch, fondée en 764, fut construite à la périphérie de la ville de Lorsch (Allemagne, Hesse) dans la plaine du Rhin et devint un important centre culturel au Moyen Âge. Seul subsiste son Torhalle (Porche-entrée) qui est l’un des plus importants vestiges de l’architecture préromane en Allemagne et date du milieu du 9ème siècle. Succursale de la cour carolingienne, elle a été fondée par le comte Cancor et sa tante Landrade de Hesbaye et a été occupée par des moines bénédictins venant de Gorze près de Metz. En 885, l’abbaye était nommée Lauressam, le nom actuel est apparu au cours du temps. L’église abbatiale et les bâtiments en bois d’origine étaient situés sur le terrain de l’actuelle cathédrale. La consécration de l’église fut faite par l’archevêque de Mayence Lull vers l’an 774 en présence de Charlemagne. Possédant l’une des plus grandes bibliothèques du Moyen Âge, l’abbaye avait des possessions dans la forêt d’Odenwald, la Bergstraße, la Hesse rhénane, l’Alsace et la Lorraine. L’abbaye devint une possession de l’électorat de Mayence en 1232 puis du Palatinat du Rhin à partir de 1461. L’abbaye fut dissoute en 1564 puis incendiée en 1621 lors de la retraite des Espagnols. Des documents précieux ont été produits ou conservés dans cette abbaye, en particulier l’évangéliaire, le codex, la pharmacopée et les Annales de Lorsch.
[8] Wiesbaden est la capitale et la seconde plus grande ville de la Hesse, après Francfort-sur-le-Main. C’est une des plus anciennes villes thermales d’Europe. Éginhard, le biographe de Charlemagne, évoque dans les années 828-830 pour la première fois le nom de Wisibada (das Bad in den Wiesen - bain dans les prairies). Autour de 1170, les comtes de Nassau vont acquérir des biens impériaux dans et autour de la ville actuelle de Wiesbaden. En 1232, Wiesbaden devient une ville d’Empire (Reichsstadt). Il semble que cela soit la raison qui pousse l’archevêque de Mayence Siegfried III von Eppstein à ordonner la destruction de la ville.
[9] Paix Nationale aussi appelée Capitulations de Mayence, série d’articles ayant rang de constitution
[10] L’Hôpital du Saint-Esprit de Mayence est un ancien hôpital de style roman du 13ème siècle protégé au titre de la convention de la protection du patrimoine culturel. C’est le plus vieil hôpital civil d’Allemagne.
[11] Le diocèse de Cologne, en Allemagne, fut fondé au 4ème siècle et devint archidiocèse métropolitain de rite romain au 8ème siècle. Au 13ème siècle, l’archevêque de Cologne prend le rang prestigieux de Prince Électeur du Saint Empire, le territoire de l’archevêché se muant en Électorat de Cologne.
[12] Erfurt est une ville d’Allemagne, capitale de la Thuringe, évêché catholique et ville universitaire, fondée au 8ème siècle, traversée par la rivière Gera.
[13] Strasbourg est une commune française située dans le département du Bas-Rhin. Préfecture du département. Le développement de l’imprimerie favorise le courant humaniste qui fait jour à Strasbourg et qui va préparer l’avènement de la réforme protestante. En effet, l’humanisme et la Réforme sont les faits marquants de l’époque et Strasbourg est une des premières villes qui appelle au changement. Dès 1519, les thèses de Martin Luther sont affichées aux portes de la cathédrale et les dirigeants de la ville, notamment Jacques Sturm, sont favorables à ce changement. La ville adopte la Réforme en 1525 et devient protestante en 1532 avec l’adhésion à la confession d’Augsbourg. Strasbourg est alors l’un des principaux bastions de la Réforme protestante, ce qui va largement contribuer à son rayonnement. La ville devient une terre d’accueil pour les huguenots, ces protestants chassés de France pour leur croyance. Parmi eux, notamment Jean Calvin qui s’installera plus tard à Genève. Cependant, devenue ville protestante, Strasbourg ne sera pas autorisée à créer sa propre université. La ville propose déjà de nombreux enseignements, notamment en médecine et en théologie depuis 1538 grâce au gymnase de Jean Sturm, mais ceux-ci ne donnent pas lieu à un grade universitaire reconnu
[14] Fondé vers le 3ème siècle, l’évêché de Metz a longtemps été une entité à la fois politiquement puissante et riche. Opposé à la bourgeoisie messine puis soumis à l’influence du royaume de France, il va progressivement perdre son poids économique puis son influence politique. Aujourd’hui l’évêque de Metz a la particularité d’être l’un des deux seuls évêques catholiques au monde à ne pas être formellement nommés par le Pape, mais par un pouvoir temporel (le concordat en Alsace-Moselle confiant au président de la République française la nomination de l’évêque de Metz et de l’archevêque de Strasbourg).
[15] Spire est une ville et un arrondissement au sud du Land de Rhénanie-Palatinat. Spire est une ancienne ville impériale, dont l’imposante cathédrale romane est l’un des monuments majeurs de l’art du Saint Empire romain. Cette cathédrale a été, pendant près de 300 ans, le lieu de sépulture de huit rois et empereurs allemands. Le 27 décembre 1146, Bernard de Clairvaux vient à Spire prêcher la deuxième croisade devant l’empereur Conrad III, qui, séduit par l’homme, se croise aussitôt.
[16] Veitshöchheim est une commune de Bavière (Allemagne), située dans l’arrondissement de Wurtzbourg, dans le district de Basse-Franconie.
[17] Le landgraviat de Thuringe est un ancien État du Saint-Empire romain germanique. Créé vers 1111/1112 sous le règne de l’empereur Henri V, il est attribué à la dynastie des Ludowinges lors de la nomination du landgrave Louis 1er par le roi Lothaire III en 1131. Les landgraves de Thuringe comptèrent parmi les princes les plus puissants de l’Empire, ils devaient cependant se défendre contre la concurrence des archevêques de Mayence (à Erfurt) et de nombreuses familles comtales, telles que les Schwarzbourg, les comtes de Weimar-Orlamünde, la maison d’Henneberg ou la maison Reuss.
[18] La Marche de Misnie ou Margraviat de Misnie était une principauté médiévale, une marche du Saint Empire romain, qui se trouvait dans la région de l’actuel land de Saxe. La Marche de Misnie fut parfois aussi appelée la Marche de Thuringe. Habituellement, ce nom était plutôt utilisé pour désigner la partie orientale de la Marche de Misnie, les territoires situés à l’est de l’Elbe et de la Saale habités par les Slaves, les Milceni ancêtres des Sorabes. Autrefois, la « Marche de Thuringe » était aussi appelée la Marche Sorabe.
[19] Le Brabant est une région géographique à cheval sur la Belgique et les Pays-Bas. Il couvre une surface de 11 308 km². Le titre de duc de Brabant a été créé lorsque l’empereur Frédéric Barberousse éleva en 1183/1184 le landgraviat de Brabant en duché en faveur de Henri 1er de Brabant. En 1190, Henri 1er succède à son père Godefroid III de Louvain comme duc de Basse-Lotharingie (Lothier), mais sans autorité territoriale ou judiciaire en dehors de ses propres comtés. À partir de 1288, les ducs de Brabant deviennent aussi ducs de Limbourg.
[20] Le palais impérial d’Ingelheim est un palais royal de la seconde moitié du 8ème siècle, qui a servi de résidence temporaire aux souverains germaniques jusqu’au 11ème siècle. Ce complexe palatal se trouve dans Nieder-Ingelheim, 15 km à l’ouest de Mayence, sur la parcelle Im Saal, sur un coteau surplombant la plaine du Rhin. De ce château, il ne subsiste que d’imposantes ruines ; mais la plus grande partie des locaux est souterraine. Les fouilles archéologiques ont permis de reconstituer en grande partie l’édifice.