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Hyperbolos

mercredi 2 décembre 2020, par ljallamion

Hyperbolos

Homme politique athénien, démagogue roturier du 5ème siècle av. jc

Fils d’Antiphanès, du bourg Périthoïde, il se rattache au nouveau genre d’hommes politiques apparus pendant la guerre du Péloponnèse [1] en ce qu’il est issu de l’artisanat : il dirige une manufacture de lampes, métier jugé servile. Il succède à Cléon à la tête du parti démocratique.

Thucydide le qualifie “d’homme méprisable” et explique qu’il a été exilé non par peur de son influence et de son prestige, mais parce c’était un malhonnête homme qui déshonorait la cité.

Aristophane, qui ne l’aime pas davantage, le raille dans les “Acharniens et dans Les Nuées”, lui reprochant sa canaillerie mais surtout son métier. Plutarque remarque que de manière générale, Hyperbolos fournissait à tous les poètes comiques, sans exception, une occasion constante de railleries sur les théâtres.

En 418/417 av. jc, il demande l’ostracisme [2] de Nicias et Alcibiade. Bien qu’adversaires, les deux hommes s’unissent contre lui et c’est lui qui est condamné.

Suivant Théophraste, le bannissement d’Hyperbolos fut l’effet des dissentiments d’Alcibiade avec un membre du parti aristocrate, Phéax, et non avec Nicias.

Cet ostracisme truqué marque la fin de cette institution. Hyperbolos est assassiné en 411 av. jc par les oligarques [3] de Samos [4], où il s’était réfugié.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Édouard Will, Le Monde grec et l’Orient, le Ve siècle (510-403), PUF, 1972

Notes

[1] La guerre du Péloponnèse désigne le conflit qui oppose la ligue de Délos, menée par Athènes, et la ligue du Péloponnèse, sous l’hégémonie de Sparte. La guerre du Péloponnèse est la première guerre d’une série de conflits pour l’hégémonie d’une cité sur l’ensemble du monde grec. Ce conflit met fin à la pentecontaetie et s’étend de 431 à 404 en trois périodes généralement admises : la période archidamique de 431 à 421, la guerre indirecte de 421 à 412, et la guerre de Décélie de 412 à 404. La guerre du Péloponnèse se termine par la victoire de Sparte et l’effondrement de l’impérialisme athénien. Cette victoire lui coûte cependant la perte de sa puissance au 4ème siècle av. jc.

[2] Dans la Grèce antique, l’ostracisme était un vote par lequel l’Ecclésia (l’assemblée des citoyens) prononçait le bannissement de l’un de ses citoyens, dont le nom était inscrit sur un tesson de céramique désigné par le terme ostrakon, signifiant coquille d’huître. Durant la période de bannissement, l’Ecclésia conservait ces tessons, ostraca, où figuraient les noms des exilés. Athènes et quelques autres cités, au 5ème siècle av. jc, ont instauré une institution qui permettait de bannir pendant 10 ans un citoyen, sans que celui-ci perdît ses biens. C’était une mesure d’éloignement politique, un simple vote de défiance à l’égard d’un citoyen influent soupçonné d’aspirer au pouvoir personnel : ce n’était pas une peine judiciaire, cette sanction n’étant pas une condamnation pénale : elle ne s’accompagnait pas de peine pécuniaire, et les droits civiques étaient conservés. Cette importante institution apparaît donc marquée d’un esprit d’humanité tant dans la procédure suivie que dans la peine prononcée.

[3] Un oligarque est un membre d’une oligarchie, classe dominante liée au gouvernement d’un pays.

[4] Samos est une île grecque de la mer Égée, proche de l’Asie Mineure et située à 70 kilomètres au Sud-ouest de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie. Elle forme un dème (municipalité) et un district régional de la périphérie d’Égée-Septentrionale. Son chef-lieu est la ville de Vathy ; les deux autres villes sont Chora et Pythagorion (Tigani).