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L’histoire pour le plaisir

Nicias

mercredi 2 décembre 2020, par ljallamion

Nicias (vers 470-413)

Homme politique

Général athénien durant la guerre du Péloponnèse [1]. Il œuvre pendant le conflit afin de mettre un terme aux combats et d’établir une paix entre les belligérants, puis en tant que général après la reprise des hostilités.

Après la mort de Périclès, il devient l’un des plus importants meneurs d’Athènes, à la suite de la mort de Cléon , et est élu stratège [2] à plusieurs reprises. Modéré, il s’oppose à l’impérialisme agressif des démocrates athéniens, et préside aux négociations avec Sparte [3] après la bataille de Pylos [4]. La paix déclarée en 421 est nommée paix de Nicias en référence à son action, et met fin à la première partie de la guerre du Péloponnèse.

Après la reprise des hostilités, il commande l’armée d’Athènes en Sicile et est défait par les troupes de Syracuse [5] commandées par le général lacédémonien Gylippos.

La vie de Nicias et son action pendant la guerre du Péloponnèse sont notamment connues grâce à l’une des vies parallèles de Plutarque, qui lui est consacrée, et l’Histoire de la guerre du Péloponnèse rédigée par son collègue et contemporain, Thucydide.

Membre de l’aristocratie, il est le fils de Nicératos, exploitant de mines d’argent du Laurion [6] propriétaire de nombreux esclaves et de nombreuses terres. Il organise fêtes et évènements sportifs, sa générosité et sa piété deviennent célèbres.

Pendant la première phase de la guerre du Péloponnèse, il est nommé Stratège en 427 et se montre déjà d’une extrême prudence en tant que général, mais courageux en tant que soldat. Après la bataille de Pylos et la capture de soldats spartiates sur l’île de Sphactérie [7], Lachès et Nicias parviennent à établir une trêve avec Sparte, mais l’athénien Cléon et le spartiate Brasidas relancent les hostilités.

Tous deux trouvent la mort lors de la bataille d’Amphipolis [8], permettant à Nicias d’œuvrer à établir une paix plus durable, la Paix de Nicias, qui rétablit la situation d’avant guerre, avec une poignée d’exceptions, et prévoit le retour des prisonniers de Sphactérie à Sparte.

Alcibiade, jeune membre de la famille des Alcméonides [9], propose en 415 d’envahir la Sicile [10] pour soutenir Ségeste [11]. Nicias s’y oppose, redoutant la dispersion des forces de la cité pour une campagne hasardeuse. Le projet ayant été adopté, Nicias en reçoit le commandement, les Athéniens confiant la charge de conduire cette expédition au plus prudent.

Débarqué en Sicile après la fuite d’Alcibiade, il assiège Syracuse qui tente de rallier à elle toutes les cités grecques de Sicile. Lui et ses troupes ont le dessus dans un premier temps, mais ils sont mis en échec par le général spartiate Gylippos, arrivé comme conseiller militaire, qui inflige une défaite complète à l’expédition athénienne en 414, l’obligeant à un siège long et difficile. Refusant de rentrer à Athènes de peur d’être condamné à mort pour son échec, Nicias reste à Syracuse, et, en 413, tente à nouveau de prendre la ville. Il reçoit un renfort de 5000 hoplites [12] menés par Démosthène, mais ne parvient pas à enlever la place. Nicias contracte alors une maladie, l’armée étant établie sur un marais insalubre.

Piégés sur terre par la garnison de la ville et les forces alliées, Nicias et Démosthène tentent une action navale pour briser le barrage de navires les empêchant de s’échapper, et engagent dans leur tentative toute la flotte athénienne qui est coulée dans la rade de Syracuse par la flotte syracusaine.

Les deux stratèges décident la retraite, mais des présages non favorables sont obtenus, et Nicias, décrit comme superstitieux par Thucydide, retarde le départ de l’armée pendant 3 fois 9 jours, selon le conseil de ses devins. L’armée est divisée en deux et se dirige vers le nord, poursuivie par les Syracusains.

Démosthène, encerclé, s’étant rendu, Nicias, acculé sur la rive de l’Asinaros [13], capitule et est exécuté, avec Démosthène, par les Syracusains, malgré les protestations de Gylippos qui voit en Démosthène, vainqueur à Pylos, le plus grand ennemi de Lacédémone [14], et désire donc le ramener comme prisonnier dans le Péloponnèse, et en Nicias un ami de la cité, pour son rôle dans la conclusion de la paix et la libération des otages de Pylos.

Peu favorable aux actions d’éclats, Nicias est critiqué pour sa lenteur, son indécision et pour sa trop grande dépendance aux présages. Il est également suspect en raison de sa volonté de négocier avec Sparte, comme la majorité des partisans de l’aristocratie à Athènes. Pour Thucydide et Plutarque, Nicias et son manque de compétence en tant que meneur et stratège sont en grande partie responsables du désastre de l’expédition athénienne en Sicile. Tous deux reconnaissent cependant que l’invasion de la Sicile, à laquelle Nicias s’était opposé, était vouée à l’échec. Critiqué pour ses actions à la tête de l’armée, il est en revanche loué pour sa piété, son intégrité et son sens du devoir. Thucydide, qui fut stratège avant la paix de Nicias, et, lui aussi, opposé à Cléon, lui rend hommage pour sa vertu et déplore son infortune et sa fin

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Albert Thibaudet, La campagne avec Thucydide, in Histoire de la guerre du Péloponnèse, Paris, Robert Laffont (Bouquins), 2007

Notes

[1] La guerre du Péloponnèse désigne le conflit qui oppose la ligue de Délos, menée par Athènes, et la ligue du Péloponnèse, sous l’hégémonie de Sparte. La guerre du Péloponnèse est la première guerre d’une série de conflits pour l’hégémonie d’une cité sur l’ensemble du monde grec. Ce conflit met fin à la pentecontaetie et s’étend de 431 à 404 en trois périodes généralement admises : la période archidamique de 431 à 421, la guerre indirecte de 421 à 412, et la guerre de Décélie de 412 à 404. La guerre du Péloponnèse se termine par la victoire de Sparte et l’effondrement de l’impérialisme athénien. Cette victoire lui coûte cependant la perte de sa puissance au 4ème siècle av. jc.

[2] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.

[3] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse

[4] La bataille de Pylos se déroula en 425 av. jc durant la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte.

[5] Syracuse fut fondée au 8ème siècle av. jc par des colons grecs venant de Corinthe. Elle est aujourd’hui la principale ville de la province de Syracuse. Cicéron la présenta comme la plus grande et la plus belle des villes grecques.

[6] Le Laurion est un massif minier de Grèce, situé au sud de l’Attique, et formant grossièrement un triangle délimité au nord-ouest par le golfe d’Aghios Nikolaos, au nord-est par la baie de Daskalio, et au sud par le cap Sounion. D’une surface d’environ 210 km², la région de Laurion est reliée au reste de l’Attique, notamment les plaines de Keratea et d’Anaphlystos, par le col de Métropési. Elle a donné son nom à une commune grecque de l’Attique, près d’Athènes, cité côtière sur la mer Égée. Les mines d’argent du Laurion ont été exploitées essentiellement dans l’Antiquité, même si elles l’ont été à nouveau à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle par la Compagnie française des mines du Laurion. L’exploitation intense de ces mines a notablement contribué à la puissance d’Athènes à l’époque classique.

[7] La bataille de Sphactérie, en 425 av. jc, pendant la guerre du Péloponnèse, voit une victoire athénienne sur Sparte. C’est une étape importante de l’histoire militaire, puisqu’une troupe d’infanterie légère vainquit une phalange d’hoplites.

[8] Amphipolis est une cité grecque d’Édonie en Macédoine orientale. Elle occupe un haut plateau sur la rive est (gauche) d’une boucle du Strymon, à 4 km au nord de son embouchure dans la mer Égée au niveau du golfe Strymonique. Fondée en 437 av. jc, elle fut abandonnée au 8ème siècle de notre ère.

[9] Les Alcméonides étaient l’une des familles eupatrides (nobles) d’Athènes. Les Alcméonides prétendaient descendre de Nélée, fils de Poséidon et roi mythique de Pylos, et avoir été chassés de leur royaume par l’invasion des Doriens.

[10] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[11] Ségeste est une ancienne cité élyme, aujourd’hui un important site archéologique, situé à l’ouest de la Sicile, en Italie. Il se trouve sur le mont Bàrbaro, sur la commune de Calatafimi-Segesta, à une dizaine de kilomètres de Alcamo et de Castellammare del Golfo.

[12] L’hoplite est un fantassin lourdement armé, par opposition au gymnète et au peltaste, armés plus légèrement.

[13] L’Asinaros, ou Asinaro plus fréquemment transcrit Assinaros, est un fleuve de petite envergure en Sicile situé au sud de Syracuse, qui prend sa source dans les monts Hybléens près de la limite entre les communes de Noto et de Palazzolo Acréide et passe près de la villa du Tellaro. Il est resté célèbre dans l’histoire de la Grèce antique comme le théâtre d’une défaite d’Athènes face à Syracuse lors de l’expédition de Sicile, le 16 septembre 413 av. jc.

[14] Sparte ou Lacédémone est une ancienne ville grecque du Péloponnèse, perpétuée aujourd’hui par une ville moderne du même nom. Située sur l’Eurotas, dans la plaine de Laconie, entre le Taygète et le Parnon, elle est l’une des cités-États les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes.