Pandolf Tête de Fer ou Pandulf 1er (?-981)
Prince de Capoue de 943 à 981-Prince de Bénévent en 944-Duc de Spolète et de Camerino en 967-Prince de Salerne à partir de 977-978
Il joue un rôle fondamental dans la guerre contre les Byzantins [1] et les Sarrasins [2] pour le contrôle du Mezzogiorno [3] après la perte de l’hégémonie lombarde et carolingienne sur la péninsule.
Jusqu’à sa mort survenue en mars 981, Pandulf étend son emprise sur presque toute l’Italie méridionale, reconstituant pour la première et dernière fois après le capitulaire [4] de 849 de l’empereur Louis II le Jeune, l’unité de l’ancienne Lombardie mineure [5].
À partir de 943, son père Landolf II de Bénévent l’associe au trône de Bénévent [6]. À la mort de Landulf II, Pandolf règne en co-régence avec son frère Landolf III de Bénévent . En 961, lui et son frère, à parts égales, se partagent le pouvoir, même si Pandulf est l’aîné et s’il prend à son compte la plus grande part de la gouvernance. Le Chronicum Salernitanum parle quand même de co-régence et rapporte l’indivisibilité du pouvoir de Bénevent et de Capoue [7].
Pandolf épouse vers 950/955 une certaine Aloara morte en 992, fille d’un comte Pierre et de son épouse
À l’automne 966, le pape Jean XII entreprend une expédition organisée par Rome, Spolète [8] et la Toscane [9] contre les deux frères. Gisolf 1er de Salerne leur apporte son aide et désamorce le conflit armé.
Le pape et Gisolf paraphent un traité de paix à Terracina [10] en 968, année au cours de laquelle Jean, un autre frère de Pandolf, est nommé archevêque de Capoue [11] par le pape Jean XIII. En 967, l’empereur Othon 1er descend en Italie et attribue le duché de Spolète à Pandulf qui reste l’année suivante, le seul prince de Bénévent et de Capoue, Landolf ayant été emporté par la maladie. Celui-ci laisse deux fils, Pandolf II et Landolf de Sainte-Agathe dit Landolf VII de Capoue , l’un futur prince de Bénévent et l’autre de Capoue.
Le Chronicum rapporte que Pandolf Tête de Fer t“enuit principatum una cum suo germanus annos octo” [12].
Landulf disparu, il écarte les neveux du patrimoine et se proclame unique prince, associant au trône son fils Landolf. Il se joint de nouveau à la campagne impériale contre les Byzantins.
Pandulf est chargé par l’empereur Othon de lancer l’assaut contre Bari [13] et il est fait prisonnier à la bataille de Bovino en 969. Il est relâché quelque temps après, grâce à l’accord par lequel l’empereur byzantin Jean Ier Tzimiskès donnait en mariage la future impératrice Théophano à Othon II, le fils d’Othon 1er. Durant son absence, la grande principauté avait été administrée par l’archevêque Landolf de Bénévent et par son jeune fils Landolf assisté de sa mère, Aloara de Capoue .
En 973, à Salerne, le prince Gisolf 1er, le dernier de la lignée des Dauferidi [14] est détrôné par une insurrection religieuse menée par Landolf de Conza , un cousin de Pandolf.
Pandolf Tête de Fer rétablit Gisolf en tant que vassal et hérite de son trône à sa mort survenue sans héritier entre la fin 977 et le début 978. Pandolf devient ainsi prince de Salerne, unifiant de fait tous les territoires de la Lombardie mineure qui s’étaient trouvés dispersés après le capitulaire de 849, paraphé par Siconolf de Salerne et Radelchis 1er de Bénévent en présence de Louis II le Jeune.
Pandulf Tête de Fer meurt en mars 981 et ses biens sont partagés entre ses fils qui vont combattre longtemps pour se disputer l’héritage paternel.
Notes
[1] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 (date de la prise de la ville par les Turcs). Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[2] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.
[3] Le terme de Mezzogiorno renvoie aujourd’hui à l’ensemble de régions du sud de l’Italie péninsulaire et insulaire, caractérisées par un développement économique moindre par rapport au reste du pays, et par une culture et une sociologie particulières. D’un point de vue historique le Mezzogiorno désigne les régions italiennes qui correspondent à l’ancien royaume des Deux-Siciles, intégré à l’Italie en 1861, à la suite de l’Expédition des Mille menée par Garibaldi.
[4] Le capitulaire est un document législatif de l’époque carolingienne. Il est divisé en petits chapitres nommés capitula, d’où le nom de capitulaire.
[5] Lombardie mineure était le nom donné au début du Moyen Âge au territoire sous domination lombarde dans le centre-sud de l’Italie, correspondant aux duchés de Spolète et de Bénévent. Après la conquête du Royaume lombard par Charlemagne en 774, la Lombardie mineure est restée sous contrôle lombard.
[6] La province de Bénévent est une province italienne, dans la région de Campanie. La capitale provinciale est Bénévent.
[7] Capoue, rattachée à Salerne par le traité de 849 entre Salerne et Bénévent parvient à s’en affranchir vers 861.
[8] Le Duché de Spolète avait pour siège Spolète, une ville d’Ombrie en Italie centrale. Ayant conquis la Toscane et l’Ombrie, Alboin érigea ce pays en duché, dont la capitale fut Spolète, qui lui donna son nom. Faroald 1er, capitaine lombard, en reçut l’investiture des mains d’Alboin, en l’an 570, devenant un « dux » (duc). Spolète devint alors le siège d’un assez vaste duché, plus ou moins autonome par rapport aux rois lombards Authari et Agilulf. Siège d’un duché lombard, puis franc et d’une principauté assez importante, Spolète fut finalement incorporée aux États de l’Église en 1213.
[9] La Toscane, dirigée d’abord par des margraves et des marquis aux 9ème et 10ème siècles, devint un ensemble de cité-États à statut républicain-oligarchique. Au 15ème siècle, avec Cosme de Médicis, elle est progressivement réunifiée dans une seule entité politique et passe entre les mains de la famille des Médicis, l’une des plus puissantes durant la Renaissance. Cette famille a gouverné la Toscane du 15ème au 18ème siècle.
[10] Terracine (en italien Terracina) est une ville italienne de la province de Latina dans la région Latium en Italie. Terracine est située sur la côte de la mer Tyrrhénienne. La ville s’est développée entre la mer et des hauteurs qui ne livrent qu’un étroit passage côtier à la via Appia, à mi-chemin entre Rome et les cités de la Campanie. Il semble que Terracine soit entrée dans l’orbite du monde romain dès le vie siècle av. jc. Elle est en effet mentionnée dans le premier traité entre Rome et Carthage, rapporté par Polybe. À la fin du même siècle, cependant, la ville était occupée par les Volsques, qui lui donnèrent le nom d’Anxur
[11] L’ archidiocèse de Capoue est un archidiocèse de l’Église catholique en Italie, suffragant de l’archidiocèse de Naples et appartenant à la région ecclésiastique de Campanie. Selon la tradition, l’archidiocèse de Capoue est christianisée par saint Prisce, un disciple de saint Pierre. C’est l’un des plus anciens diocèses italiens qui date d’avant le milieu du 1er siècle. Son ancienneté se démontre par ses catacombes, ses basiliques paléochrétiennes, son engagement dans les débats doctrinaux toujours aux côtés de Rome ; les lettres, conservées à la bibliothèque diocésaine de l’archidiocèse de Capoue, entre saint Cyprien de Carthage et saint Augustin de Capoue. Le premier évêque historiquement connu est Protasius, qui est présent au concile romain de 313 sous le pape Miltiade, au concile de Rome de 313, au premier concile d’Arles de 314 et les deux autres conciles romains de 315 et 325.
[12] c’est-à-dire qu’il régna sur la principauté avec son frère pendant huit années
[13] Bari est une ville italienne, chef-lieu de la ville métropolitaine de Bari et de la région de Pouilles, sur la côte adriatique. Bari est connu pour être la ville où se trouvent les reliques de saint Nicolas. Ce privilège a fait de Bari et de la basilique de Bari l’un des centres importants de l’Église orthodoxe en Occident. Bari a une forte tradition marchande et est depuis toujours un centre névralgique du commerce et des échanges politico-culturels avec l’Europe et le Moyen-Orient. Son port est actuellement le plus grand port de passagers de la mer Adriatique.
[14] famille de la principauté de Salerne