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L’histoire pour le plaisir

Apollonios de Rhodes

vendredi 26 juin 2020, par ljallamion

Apollonios de Rhodes (vers 295-vers 215 av. jc)

Poète épique grec du 3ème siècle av. jc

"La grande bibliothèque d'Alexandrie"sur une gravure du 19ème siècle.Disciple de Callimaque de Cyrène et successeur de Zénodote au rang de directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie [1].

Sa vie nous est connue grâce à 2 types de documents, les textes alexandrins et les textes de l’époque romaine ou byzantine. Ces derniers documents procurent des informations plus amples sur la biographie d’Apollonios que les textes alexandrins, ils comportent deux Vies anonymes, des passages de la Souda [2] et un papyrus renfermant une liste des bibliothécaires d’Alexandrie.

L’œuvre d’Apollonios se compose principalement des “Argonautiques”, en quatre livres, qui est l’unique poème épique demeurant entre Homère et Nonnos de Panopolis, et de fragments de compositions en hexamètres [3] sur la fondation des cités d’Alexandrie [4], Naucratis [5], CnideCnide ou Knidos est une ville de la Grèce antique située sur les côtes de Carie, dans l’actuelle Turquie, au nord de l’île de Rhodes., Rhodes [6] et Caunos [7].

Apollonios est né à Alexandrie ou Naucratis, sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, vers 295 av. jc. Son père, qui faisait partie de la tribu ptolémaïque, se nommait Illée ou Sillée, et sa mère Rhodé. Il fut le disciple de Callimaque de Cyrène, qui lui donna des cours de poésie.

Les leçons d’un maître si prestigieux firent s’épanouir le talent du jeune Apollonios, qui pu prendre son envol. Il n’était encore qu’un éphèbe [8] quand il publia la première édition de son poème sur “l’Expédition des Argonautes”. La publication de cet écrit fit apparaître entre lui et son maître une querelle car le thème de cette longue épopée que sont les “Argonautiques” dérive peut-être des “Aitia”, œuvre de Callimaque, et calque et adapte le style, le lexique et les matériaux mythologiques de Callimaque. Ce dernier composa contre Apollonios un pamphlet dans lequel, le désignant sous le nom d’Ibis, grand oiseau très commun en Égypte qui s’alimente de serpents et de scorpions, il déverse sa haine envers Apollonios et prouve l’existence d’un conflit les opposant.

Nous ignorons si Callimaque usa de la faveur dont il jouissait auprès de Ptolémée II Philadelphe pour expulser Apollonios. Ce qui est certain, c’est que ce dernier fut dans l’obligation de délaisser Alexandrie, peu après la publication de son poème. Il dut en effet à la suite de cette querelle avec Callimaque, en étant vaincu et humilié, s’exiler à Rhodes.

Apollonios avait jeté son dévolu sur Rhodes pour nouveau domicile, qui était un centre intellectuel recevant essentiellement des poètes venus de toutes les régions du monde hellénistique et de Rome. Parmi l’abondance de poètes rhodiens, c’est Apollonios qui est le plus connu, il s’installe à Rhodes et en devient citoyen.

Il y fournit un enseignement en littérature et en grammaire et y ouvrit même une école de rhétorique.

Il remania en profondeur son poème des “Argonautiques” et il fut cette fois auréolé de succès, récompensant ses efforts. Cette seconde édition connut un triomphe à Rhodes mais aussi à Alexandrie. Les Rhodiens désignèrent Apollonios pour un de leurs concitoyens et le comblèrent d’honneurs. Ce fut alors que la reconnaissance lui fit prendre le surnom de Rhodien.

Après avoir passé une partie de sa vie à Rhodes, on ne sait pas quelle est la durée de cet exil mais au vu de son activité diversifiée, des honneurs et succès qu’il reçut et le titre de Rhodien qu’il affubla à son nom cet exil dut être assez long. Par la suite, Apollonios fut convié à revenir à Alexandrie.

Cette invitation à un retour à Alexandrie est faite afin qu’il jouisse parmi ses concitoyens d’origine de sa notoriété et des honneurs qu’on lui destinait.

À son retour à Alexandrie, à la suite de sa lecture de la nouvelle édition de son épopée, ses compatriotes le célébrèrent et sa notoriété fut désormais couronnée par le succès des Argonautiques et des honneurs mérités arrivèrent sous peu.

Effectivement, la place distinguée de directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie lui revient. Ce titre de bibliothécaire à Alexandrie indiquait la reconnaissance officielle qui était accordé par le pouvoir politique.

Il a également été le précepteur du futur Ptolémée III.

À sa mort il fut enseveli près de Callimaque. Ce fut un moyen de lui faire partager jusqu’aux derniers honneurs alloués à son maître et vouloir estomper le souvenir de leur querelle.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de M. Sartre, A. Sartre-Fauriat et P. Brun (dir.), Dictionnaire du monde grec antique, Paris, Larousse, 2009.

Notes

[1] La bibliothèque d’Alexandrie, fondée à Alexandrie, en Égypte, en 288 avant notre ère et définitivement détruite au plus tard entre 48 av. jc et 642, était la plus célèbre bibliothèque de l’Antiquité et réunissait les ouvrages les plus importants de l’époque.

[2] La Souda ou Suidas est une encyclopédie grecque de la fin du 9ème siècle. C’est un ouvrage de référence, en particulier pour les citations, très souvent utilisé dans les travaux portant sur l’Antiquité.

[3] L’hexamètre dactylique est un mètre surtout utilisé en grec ancien et en latin. De nombreux poètes y ont eu recours dans différentes langues actuelles. La Renaissance a connu une très importante floraison de vers mesurés « à l’antique » en français, qui a produit de nombreux hexamètres. Par la suite, et jusqu’à ces dernières années, des tentatives ont été faites pour s’en approcher dans des traductions françaises de Catulle, Hésiode, Homère et la Batrachomyomachie notamment.

[4] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[5] Naucratis, est une ville du delta sur la branche canopique du Nil, proche de Saïs, à 72 km au sud-est d’Alexandrie. Elle est identifiée aujourd’hui au site de Kôm Gaef (ou Kom Gieif ou El-Gaïef).

[6] Rhodes est une île grecque, la plus grande île du Dodécanèse. Elle est située au sud-est de la mer Égée, à 17,7 km de la Turquie, entre la Grèce et l’île de Chypre. Le colosse de Rhodes, l’une des sept merveilles du monde, était une statue gigantesque, traditionnellement située à l’entrée du port de la ville de Rhodes.

[7] Caunos est une ancienne cité grecque de Carie en Asie Mineure, à quelques kilomètres à l’ouest de l’actuelle Dalyan (en Turquie) qui surplombe la mer Méditerranée. Selon la mythologie grecque, Caunos est fondée par Caunos, frère jumeau de la nymphe Byblis.

[8] c’est-à-dire âgé de dix-huit à vingt ans