Jean 1er (pape) dit Saint Jean 1er (vers 470-526).
53ème Pape de l’Église catholique
Premier pape à s’être rendu à Constantinople [1] durant son pontificat, il fut arrêté à son retour, et emprisonné par le roi arien [2] Théodoric qui le laissa mourir de faim.
Le lieu de naissance du pape Jean 1er est incertain : il pourrait être né à Sienne [3] en Toscane, ou dans le château de Serena( [4]). Son père s’appellerait Constance.
Il suit des études à Florence [5] puis à Rome. Il entre dans les ordres et exerce pendant 30 ans différentes fonctions de la Curie romaine [6] il est remarqué par sa science et sa piété.
Alors qu’il est diacre [7] à Rome, il est connu pour avoir été un partisan de l’antipape Laurent : dans une note au pape Symmaque, en 506, Jean confesse son erreur en anathématisant [8] Pierre d’Altinum et Laurent et demande le pardon de Symmaque.
Il serait le ’diacre Jean’ qui a signé l’ acta des synodes romains de 499 et 502. Il y avait 7 diacres dans l’Église romaine : ce point permet ainsi de l’identifier de façon très probable.
Il serait également le diacre Jean, à qui Boèce dédie 3 de ses 5 traités religieux écrits entre 512 et 520.
Il devient cardinal-prêtre [9] au titre cardinalice de Pammachus [10] par le pape Gélase 1er. Il est nommé archidiacre [11] du pape Hormisdas, auquel il succède le 13 août 523.
Jean 1er est élevé évêque de Rome 7 jours après la mort du pape Hormisdas, le 13 août 523. Le roi ostrogoth [12] arien Théodoric le Grand, qui de Ravenne [13], régnait sur toute la péninsule italienne, envoie le souverain pontife en personne à Byzance [14] avec pour mission de faire pression sur l’empereur et le forcer à modérer sa politique de répression contre les hérétiques et faire adoucir un édit, contre l’arianisme, de l’empereur Justin 1er.
Jean 1er est le premier évêque de Rome reçu à Constantinople : un voyage qui semble avoir eu des résultats de grande importance et serait la cause de sa mort. Le voyage de Jean 1er à Constantinople se fait avec un entourage considérable.
L’accueil fut chaleureux, mais l’ambassade pontificale ne fut pas couronnée de succès. L’empereur Justin reçoit Jean 1er avec les honneurs et promet de faire tout ce que l’ambassade lui demande, à l’exception de la restauration des conversions des chrétiens ariens à leur foi d’origine.
Bien que le pape Jean ait réussi sa mission, quand il retourne à Ravenne, capitale de Théodoric, celui-ci le fait arrêter, le soupçonnant d’avoir conspiré avec l’empereur Justin. Il est emprisonné à Ravenne, où il meurt de négligence et de mauvais traitements : on le laisse mourir de faim.
Son corps est transporté à Rome et enterré dans la basilique Saint-Pierre.
L’ensemble de ses bulles ne contient que deux lettres adressées respectivement à un archevêque Zacharias et aux évêques d’Italie : il est probable que les deux bulles sont apocryphes [15]. Il n’existe aucun mémoire concernant sa façon d’administrer l’Église.
Il a travaillé à l’élaboration du chant romain, préparant ainsi un terrain favorable à la grande œuvre de saint Grégoire le Grand. C’est sous son règne que l’Église romaine fixe la date de Pâques. Il abandonne l’ère de Dioclétien, les années sont alors comptées à partir de la naissance du Christ
Notes
[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[2] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.
[3] Sienne se situe au centre d’une zone collinaire, entre les vallons de l’Arbia au sud, de la Merse au sud-ouest et de l’Elsa au nord, avec les collines du Chianti au nord-est, la Montagnola à l’ouest et les Crete Senesi au sud-est. La place en « coquillage » est le point d’intersection des trois collines qui forment Sienne.
[4] petite forteresse bâtie près du village de Chiusdino par Serena, femme de Stilicon et détruite au Moyen Âge
[5] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870
[6] La curie romaine est l’ensemble des dicastères et autres organismes du Saint-siège qui assistent le pape dans sa mission de pasteur suprême de l’Église catholique. « La Curie romaine dont le Pontife suprême se sert habituellement pour traiter les affaires de l’Église tout entière, et qui accomplit sa fonction en son nom et sous son autorité pour le bien et le service des Églises, comprend la Secrétairerie d’État ou Secrétariat du Pape, le Conseil pour les affaires publiques de l’Église, les Congrégations, Tribunaux et autres Instituts ; leur constitution et compétence sont définies par la loi particulière ».
[7] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.
[8] Le mot anathème désigne une réprobation. Cette réprobation peut concerner une mise à l’index, une personne ou une idée. Ce mot est notamment utilisé en rhétorique dans des expressions telles que « lancer l’anathème » et « frapper d’anathème ». L’origine de ce mot est religieuse et selon les époques désigne une offrande ou un sacrifice, comme chez les Grecs et les Romains. Dans le Christianisme, il signifie généralement une sentence de malédiction à l’égard d’une doctrine ou d’une personne, spécialement dans le cadre d’une hérésie.
[9] Un cardinal titulaires d’une paroisse romaine
[10] Le titre cardinalice de Saint-Jean-Saint-Paul, connu sous l’antiquité sous le nom de Pammachus ou de Byzantis (Bizante était un ami de saint Jacques, père de saint Pammaque et filleul de sainte Paule), a été fondé vers la fin du 5ème siècle. Par la suite il a été connu sous le nom de Pammachii Sanctorum Johannis et Pauli en mémoire des deux prêtres qui en étaient titulaires pendant le pontificat du pape Innocent 1er.
[11] Dans l’Église catholique, un archidiaconé est une circonscription religieuse, subdivision d’un diocèse. Placée sous l’autorité d’un archidiacre nommé par l’évêque pour le représenter. Dans l’ancien diocèse de Paris, on disait archidiaconat. C’est dans ce ressort que l’archidiacre effectuait ses visites archidiaconales dans les paroisses, accomplissant ainsi sa fonction de contrôle des curés par délégation de l’évêque.
[12] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique venu des confins de la Baltique et établi au 4ème siècle en Ukraine et en Russie méridionale, au nord de la mer Noire, l’autre fraction étant celle des Wisigoths. Ils jouèrent un rôle considérable dans les événements de la fin de l’Empire romain.
[13] Ravenne est une ville italienne de la province de Ravenne en Émilie-Romagne. Elle est considérée comme la capitale mondiale de la mosaïque. Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’Empire d’orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’Empire d’orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial. Ravenne fut prise en 752 par Aistolf, roi des Lombards. Deux ans après, Pépin le Bref, roi des Francs, la lui enleva et la donna au Saint-Siège.
[14] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[15] Se dit d’un texte qui n’est pas authentique ; faux : Testament apocryphe.