Il est l’auteur “de la Consolation de la philosophie” [1], une œuvre néoplatonicienne [2] dans laquelle la poursuite de la sagesse et l’amour de Dieu sont décrits comme les véritables sources du bonheur. Il est le contemporain de Cassiodore et de Clovis et un témoin des derniers feux de l’Empire romain. Il fut le transmetteur de la logique aristotélicienne en Occident et une source fondamentale de la philosophie médiévale.
Il appartient à la gens Anicii, chrétienne depuis environ un siècle, et dont est issu l’empereur Olybrius. Son père, Flavius Manlius Boetius, est nommé consul en 487 et meurt peu après. Boèce est ensuite élevé par Quintus Aurelius Symmaque dont il épouse la fille, Rusticiana.
Il passe son enfance à Rome pendant le règne d’Odoacre, et reçoit une bonne éducation, notamment en grec. Il devient un ami intime de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths [3], et est nommé consul en 510.
Ses travaux sont consacrés à traduire en latin les œuvres complètes d’Aristote avec commentaire, ainsi que celles de Platon, puis d’effectuer une restauration de leurs idées en une unique harmonie. Il effectue ainsi la traduction de “l’Organon d’Aristote” accompagné de gloses grecques. Il traduit également “l’Isagogè de Porphyre de Tyr”, une “introduction à la logique aristotélicienne” avec un double commentaire. Boèce compose également “De differentiis topicis” [4]
Il met ensuite en pratique son étude de la logique dans “quatre opuscules sur la Trinité et la nature du Christ, et contre Nestorius et Eutychès”. En utilisant la terminologie des catégories d’Aristote, il décrit l’unité de Dieu en termes de substance, et les trois personnes divines en termes de relation.
En 520, il devient “magister officiorum” [5] sous le règne de Théodoric. Ses deux fils sont nommés consuls en 522. Mais sa bonne fortune ne dure pas.
Suite à un schisme avorté entre Rome et l’église de Constantinople, Boèce et plusieurs sénateurs sont suspectés de communiquer avec l’empereur byzantin Justin. Ce dernier est orthodoxe, tandis que Théodoric est arien.
Boèce défend ouvertement le sénateur Albinus, et par la suite est accusé d’avoir écrit à l’empereur Justin contre le règne de Théodoric. Cette charge, aggravée par une accusation de magie, le conduit à la prison de Pavie [6].
C’est pendant cette période d’isolement qu’il écrit “la Consolation de la philosophie”. Ses biens sont confisqués, et après une longue période de détention, il est finalement mis à mort en 524, une décennie avant le grand changement climatique de 535-536 qui va faire régresser durablement l’Europe.
Quelques siècles après sa mort, Boèce est considéré comme un saint et un martyr. Son ouvrage sur la Trinité montre sa lutte active contre l’arianisme de Théodoric. Bien que reconnu traditionnellement comme un saint, le philosophe romain ne fut pas canonisé.
En 996, l’empereur Othon III ordonne le placement de sa dépouille dans la crypte de la basilique San Pietro in Ciel d’Oro à Pavie [7]. Gerbert d’Aurillac inscrit sur son tombeau une épitaphe dans laquelle il vante les talents, les vertus civiques et le patriotisme de l’illustre Romain.