D’origine, probablement paysanne, il est né en Auvergne près d’Aurillac vers 938, il fait ses études au monastère de Saint Géraud d’Aurillac [1], en Espagne et en Italie. Au cours d’un voyage à Rome, il fut remarqué par le pape et par l’empereur Otton 1er, c’est de cette époque que datent ses liens avec la dynastie saxonne qui règne en Germanie. Avec l’appui de ces éminents protecteurs, il gagne Reims pour y diriger, pendant 10 ans, l’école épiscopale. Il y enseigne l’arithmétique, l’astronomie, la géométrie et la musique. En arithmétique ; sa célébrité attire des élèves fameux, Fulbert, futur évêque de Chartres, Robert le Pieux, futur roi de France.
Il devint l’ami de Otton II, qui le nomma, en 983, abbé de la célèbre abbaye de Bobbio [2], fondée par Saint Colomban. Excellent professeur, il avait acquis à l’école de Cicéron la maîtrise du discours. Loin d’être perdu dans ses pensées, cet homme de petite naissance fréquentait volontiers les « grands » qui faisaient appel à ses talents de diplomate.
Il conseille Adalbéron quand ce dernier, au concile de Senlis en 987, fait élire comme roi, puis sacre Hugues Capet, au détriment des derniers descendants de Charlemagne. Il succède à son protecteur sur le trône archiépiscopal de Reims, ce qui lui vaut des démêlés infinis avec les évêques fidèles à l’Empire, et avec la papauté, dont il conteste l’autorité ; il joue un rôle dominant dans une série de conciles de France, où il se fait le champion de l’indépendance des Églises nationales, notamment pour la nomination des évêques. Il est suspendu et excommunié par le pape pour avoir refusé de quitter le siège de Reims
Otton III le fait évêque de Ravenne, puis, à la mort de son autre protégé Grégoire V, le fait élire pape en 999 sous le nom de Sylvestre II. Il est le premier Français à accéder à cette charge. Comme pape il lutte vigoureusement contre la simonie [3] et cherche à relever de son délabrement le Saint-Siège, jouet des factions aristocratiques de Rome et de la politique européenne. Sylvestre réforma la discipline ecclésiastique et renforça l’autorité papale.
Ses traités savants sur des sujets relevant des mathématiques, de la philosophie et de la physique furent très célèbres. On lui devrait, en outre, l’invention du balancier et l’introduction des chiffres arabes en Europe occidentale. L’opposition romaine l’obligea à quitter Rome en 1001, et la mort d’Otton, son allié de toujours condamne ses rêves de réforme. Il meurt à Rome sans avoir mené à bien son œuvre.
Il fut enterré à Saint Jean de Latran et le pape Serge IV rédigea en vers une épitaphe que l’on peut encore lire, gravée contre un pilier de la basilique, dans laquelle il rappelait la brillante carrière de l’humaniste et de l’archevêque de Reims et de Ravenne devenu pape. Il est l’auteur d’un Traité sur l’astrolabe [4].
Ami des rois et des empereurs, fidèle à la famille ottonienne, il ne fut ni un héros ni un saint. Intelligent, ambitieux, actif, il su exploiter ses dons et toutes les circonstances d’une riche carrière pour s’imposer aux hommes de son temps. Admiré par les uns, redouté et détesté par d’autres, il ne pouvait laisser personne indifférent.