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Gerbert d’Aurillac d’Aquitaine ou de Reims dit Sylvestre II

samedi 25 avril 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 26 octobre 2011).

Gerbert d’Aurillac d’Aquitaine ou de Reims dit Sylvestre II (938-1003)

Moine clunisien, théologien et savant-139ème Pape de l’Église catholique de 999 à 1003

D’origine, probablement paysanne, il est né en Auvergne près d’Aurillac vers 938, il fait ses études au monastère de Saint Géraud d’Aurillac [1], en Espagne et en Italie. Au cours d’un voyage à Rome, il fut remarqué par le pape et par l’empereur Otton 1er, c’est de cette époque que datent ses liens avec la dynastie saxonne qui règne en Germanie. Avec l’appui de ces éminents protecteurs, il gagne Reims pour y diriger, pendant 10 ans, l’école épiscopale. Il y enseigne l’arithmétique, l’astronomie, la géométrie et la musique. En arithmétique ; sa célébrité attire des élèves fameux, Fulbert, futur évêque de Chartres, Robert le Pieux, futur roi de France.

Il devint l’ami de Otton II, qui le nomma, en 983, abbé de la célèbre abbaye de Bobbio [2], fondée par Saint Colomban. Excellent professeur, il avait acquis à l’école de Cicéron la maîtrise du discours. Loin d’être perdu dans ses pensées, cet homme de petite naissance fréquentait volontiers les « grands » qui faisaient appel à ses talents de diplomate.

Il conseille Adalbéron quand ce dernier, au concile de Senlis en 987, fait élire comme roi, puis sacre Hugues Capet, au détriment des derniers descendants de Charlemagne. Il succède à son protecteur sur le trône archiépiscopal de Reims, ce qui lui vaut des démêlés infinis avec les évêques fidèles à l’Empire, et avec la papauté, dont il conteste l’autorité ; il joue un rôle dominant dans une série de conciles de France, où il se fait le champion de l’indépendance des Églises nationales, notamment pour la nomination des évêques. Il est suspendu et excommunié par le pape pour avoir refusé de quitter le siège de Reims

Otton III le fait évêque de Ravenne, puis, à la mort de son autre protégé Grégoire V, le fait élire pape en 999 sous le nom de Sylvestre II. Il est le premier Français à accéder à cette charge. Comme pape il lutte vigoureusement contre la simonie [3] et cherche à relever de son délabrement le Saint-Siège, jouet des factions aristocratiques de Rome et de la politique européenne. Sylvestre réforma la discipline ecclésiastique et renforça l’autorité papale.

Ses traités savants sur des sujets relevant des mathématiques, de la philosophie et de la physique furent très célèbres. On lui devrait, en outre, l’invention du balancier et l’introduction des chiffres arabes en Europe occidentale. L’opposition romaine l’obligea à quitter Rome en 1001, et la mort d’Otton, son allié de toujours condamne ses rêves de réforme. Il meurt à Rome sans avoir mené à bien son œuvre.

Il fut enterré à Saint Jean de Latran et le pape Serge IV rédigea en vers une épitaphe que l’on peut encore lire, gravée contre un pilier de la basilique, dans laquelle il rappelait la brillante carrière de l’humaniste et de l’archevêque de Reims et de Ravenne devenu pape. Il est l’auteur d’un Traité sur l’astrolabe [4].

Ami des rois et des empereurs, fidèle à la famille ottonienne, il ne fut ni un héros ni un saint. Intelligent, ambitieux, actif, il su exploiter ses dons et toutes les circonstances d’une riche carrière pour s’imposer aux hommes de son temps. Admiré par les uns, redouté et détesté par d’autres, il ne pouvait laisser personne indifférent.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Herodote/ Gerbert d’Aurillac devient Sylvestre II/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 1273

Notes

[1] L’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac est une des plus anciennes abbayes bénédictines et a influencé la fondation de Cluny. Elle a été fondée vers 885 en Auvergne par le comte Géraud d’Aurillac. L’abbaye a été un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge, ayant par exemple formé Gerbert d’Aurillac, tandis que la ville est une des premières sauvetés.

[2] L’abbaye de Bobbio est un monastère fondé en 614 par San Colomban, autour duquel se dressa par la suite la ville de Bobbio, province de Plaisance en Émilie-Romagne. Ce monastère, consacré à son fondateur saint Colomban, fut un haut lieu de la réaction à l’arianisme et possédait au Moyen Âge l’une des plus somptueuses bibliothèques de manuscrits.

[3] La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique. Elle doit son nom à un personnage des Actes des Apôtres, Simon le Magicien qui voulut acheter à saint Pierre son pouvoir de faire des miracles, ce qui lui valut la condamnation de l’apôtre

[4] L’astrolabe est une double projection plane qui permet de représenter le mouvement des astres sur la voûte céleste. Le principe de sa construction est connu depuis l’époque grecque : son invention est attribuée classiquement à Hipparque. Une forme très perfectionnée, datant de 87 av.jc, la machine d’Anticythère, a été découverte au large de l’île du même nom. Mais son utilisation courante n’a été répandue que par les astronomes arabes, à partir du 8ème siècle. D’usage limité pour les observations astronomiques, il sert surtout pour l’astrologie, l’enseignement de l’astronomie, et le calcul de l’heure le jour par l’observation du soleil ou pendant la nuit par l’observation des étoiles. Dans sa forme simplifiée, l’« astrolabe nautique », ce fut le principal instrument de navigation depuis le 16ème jusqu’au 18ème siècle, au moment où fut inventé le sextant.