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Artaxias ou Artasès 1er

mercredi 18 décembre 2019, par lucien jallamion

Artaxias ou Artasès 1er

Roi d’Arménie de 190/189 à 159 av. jc

Artaxias ou Artasès 1er Roi d'Arménie de 190/189 à 159 av. jcIl est traditionnellement considéré comme le fondateur de la dynastie artaxiade [1], bien que des inscriptions en araméen [2] découvertes dans le marz [3] de Syunik [4] le disent fils d’un Zariadrès de la dynastie orontide [5].

Selon Moïse de Khorène, il aurait épousé une fille d’un roi des Alains [6], Satenik, qui lui aurait donné 6 fils.

Général d’Antiochos le Grand, il se rend maître de l’Arménie, dont il est stratēgós [7], et en fait un État indépendant en 189 av. jc après la défaite du Séleucide [8] à Magnésie [9].

Marquant son indépendance par rapport à Rome, il donne asile à Hannibal, lorsque celui-ci, réfugié à la cour séleucide après la bataille de Zama [10], n’y est plus en sécurité. Sur ses conseils, Artaxias bâtit sa nouvelle capitale, Artaxate [11], sur les rives de l’Araxe [12]. Au niveau du royaume, il fait procéder au bornage de propriétés, et mène une politique d’intégration linguistique.

Vers 165 av. jc, Artaxias est défait par le roi séleucide Antiochos IV et fait prisonnier, il ne recouvre sa liberté qu’en reconnaissant la suzeraineté du Séleucide.

Il règne jusque à environ 159 av. jc, non sans avoir tenté, en sollicitant l’aide d’Ariarathe V de Cappadoce, de mettre la main sur la Sophène [13], après la mort de Zariadrès, et encouragé la rébellion du satrape [14] Timarque en Médie [15].

Selon Moïse de Khorène, les obsèques d’Artaxias s’accompagnent de la mort volontaire de ses femmes, concubines et serviteurs

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat,‎ 2007 (1re éd. 1982), 991 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-7089-6874-5).

Notes

[1] Les Artaxiades ou Artašesian sont des rois d’Arménie qui ont régné sur ce royaume d’environ 189 av. jc à environ 12 après jc. Sous cette dynastie, le pays subit deux influences majeures : une influence perse, qui poursuit son action, et une influence hellénistique croissante ; il s’ouvre en outre au commerce international. Sous l’un des rois artaxiades, Tigrane II, l’Arménie va connaître son expansion maximale, avant de devenir un enjeu, sous ses successeurs, entre Parthes et Romains. À la fin de cette dynastie, au début de l’ère chrétienne, le royaume est au bord de l’anarchie et sera pendant plusieurs décennies gouverné par des souverains étrangers, avant de connaître l’avènement d’une nouvelle dynastie, la dynastie arsacide.

[2] L’araméen appartient à la famille de langues chamito-sémitiques (appelées également langues afro-asiatiques). Son nom vient d’Aram, une ancienne région du centre de la Syrie.

[3] Les régions de l’Arménie sont des unités administratives de la République d’Arménie et sont au nombre de dix. Ces marzer sont : Aragatsotn, Ararat, Armavir, Gegharkunik, Kotayk, Lorri, Shirak, Syunik, Tavush, Vayots Dzor. Erevan a un statut spécial car elle est la capitale du pays. Le dirigeant de chaque région est un marzpet (« gouverneur »), désigné par le gouvernement d’Arménie.

[4] Le Syunik (en français Siounie) est le marz le plus méridional d’Arménie, et le plus riche en minéraux. Sa capitale est la ville de Kapan. Il est bordé au nord-ouest par le marz de Vayots Dzor, au nord et à l’est par l’Azerbaïdjan (territoires contrôlés par le Haut-Karabagh), au sud par l’Iran, et à l’ouest par le Nakhitchevan (république autonome d’Azerbaïdjan). Son origine remonte à l’ancienne région historique de Siounie, existant depuis le 3ème siècle.

[5] Les Orontides, Ervandouni ou Yervandouni sont les membres d’une dynastie royale d’Arménie issue d’Orontès 1er, satrape d’Arménie. Les Orontides ont également régné sur les royaumes de Commagène et sans doute aussi de Sophène.

[6] Les Alains étaient un groupe de nomades scythes. Les Alains forment un peuple scythique, probablement originaire d’Ossétie. D’ailleurs, les Ossètes d’aujourd’hui se présentent comme les descendants directs des Alains. Ce sont des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches des Iazyges, des Roxolans et des Taïfales.

[7] gouverneur

[8] Les Séleucides sont une dynastie hellénistique issue de Séleucos 1er, l’un des diadoques d’Alexandre le Grand, qui a constitué un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre, allant de l’Anatolie à l’Indus. Le cœur politique du royaume se situe en Syrie, d’où l’appellation courante de « rois de Syrie ». Les Séleucides règnent jusqu’au 2ème siècle av. jc sur la Babylonie et la Mésopotamie dans la continuité des Perses achéménides.

[9] La bataille de Magnésie se déroula durant l’hiver 190-189 av. jc. Elle eut lieu probablement au début de l’an 189. Elle opposa les Romains, dirigés par le consul Scipion l’Asiatique, et les Séleucides, dirigés par le roi Antiochos III. Ce fut la bataille décisive de la guerre antiochique, qui dura de 192 à 189 av. jc. La bataille eut lieu dans une plaine, au confluent du fleuve Hermos et de la rivière Phrygie, non loin de la cité de Magnésie du Sipyle, en Asie mineure (Turquie actuelle), à quarante kilomètres au nord-est d’İzmir. Notre connaissance de la bataille repose essentiellement sur les textes de trois auteurs : le romain Tite-Live, le grec Appien, et le byzantin Zonaras. Du point de vue de l’histoire militaire, Magnésie fut avec, Cynoscéphales et Pydna, une des trois grandes victoires que les armées romaines ont remportées sur les armées hellénistiques au 2ème siècle av.jc. On considère généralement que ces victoires sont dues en partie à la supériorité de la légion romaine sur la phalange de type macédonien.

[10] La bataille de Zama fut, en 202 avant l’ère chrétienne, un affrontement décisif de la deuxième guerre punique. Elle vit s’affronter les armées romaines, dirigées par Scipion l’Africain et le roi Numide massyle Massinissa, et carthaginoise d’Hannibal et l’autre roi numide massaessyle Syphax, qui y perdit la guerre. Peu après celle-ci, le sénat carthaginois signa un traité de paix qui mit fin à 20 ans de guerre. Zama se trouve à Siliana (nord-ouest de la Tunisie).

[11] joie d’Artaxias

[12] L’Araxe est une rivière prenant sa source sur le haut plateau arménien, à proximité d’Erzurum et se jette dans la Koura à 121 km de son embouchure sur la mer Caspienne

[13] La Sophène est un ancien royaume arménien situé dans le sud-est de l’actuelle Turquie. L’annexion de la Sophène en 90 av. jc marque le début de la première vague d’expansion de l’Arménie de Tigrane II. Néanmoins, son alliance avec Mithridate VI du Pont, ses démêlés avec les Romains et les intrigues de son fils Tigrane le Jeune finissent par lui coûter. Face à la pression de Pompée et de ses légions, Tigrane II cède la Sophène à son fils en 66 av.jc. Ce dernier s’y maintient à peine une année. En 54, Néron détache la Sophène de l’Arménie et fait de Sohaemus d’Émèse son roi, jusqu’après 60 (probablement jusqu’au traité de Rhandeia en 63), lorsqu’elle retourne à l’Arménie.

[14] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[15] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.