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Phrataphernès

dimanche 22 septembre 2019

Phrataphernès

Satrape de Parthie et d’Hyrcanie

Il rejoint Darius III peu avant la bataille de Gaugamèles [1] en 331 av. jc à la tête d’un contingent recruté dans ses satrapies [2] de Parthie [3] et d’Hyrcanie [4]. Il accompagne le souverain achéménide [5] dans sa fuite à travers l’Hyrcanie mais à sa mort il se livre volontairement à Alexandre qui l’accueille avec bienveillance et le maintient apparemment à la tête de ses provinces.   Pendant qu’Alexandre est occupé à poursuivre Bessos, à l’automne 328 av. jc, Phrataphernès est chargé d’aller en Arie [6] combattre l’insurrection de Satibarzanès, l’un des assassins de Darius III, avec l’aide d’Artabaze, de Caranos et d’Érigyios. Il participe également à la capture, avec Stasanor , de deux satrapes désignés par Bessos, Arsamès de la Parthie et Baranès de l’Arie.   L’hiver suivant, alors qu’Alexandre se trouve en Sogdiane [7], Phrataphernès est de nouveau missionné, cette fois pour réduire le satrape insoumis de Tapurie [8] et du pays des Mardes [9], mission qu’il accomplit avec succès puisque le chef rebelle est ramené au roi qui le fait mettre à mort.   Il rejoint Alexandre lors de la campagne d’Inde, à la tête d’un contingent de Thraces [10], peu de temps après la bataille de l’Hydaspe [11] en juillet 326 av. jc ; mais il semble être retourné rapidement dans sa satrapie, d’où il envoie son fils, Pharasmanès, à la tête d’un train de bêtes de somme, afin d’approvisionner en Carmanie [12] les troupes d’Alexandre après la terrible traversée de la Gédrosie [13] en 325 av. jc.   A l’issue des accords de Babylone [14] après la mort d’Alexandre en juin 323 av. jc, il est maintenu à la tête de ses satrapies. Il est probablement mort peu avant le nouveau partage de Triparadisos [15] en 321 av. jc, puisque les sources mentionnent que la satrapie de Parthie passe aux mains de Philippe, précédemment satrape de Sogdiane.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Paul Goukowsky, Alexandre et la conquête de l’Orient dans Le monde grec et l’Orient, II, PUF, 1975

Notes

[1] La bataille de Gaugamèles s’est déroulée le 1er octobre 331 av. jc dans la plaine de Gaugamèles, dans le Nord de l’Irak actuel, même si la localisation exacte de la bataille n’est pas clairement établie, on situe généralement le site à l’est de la ville de Mossoul. Elle est l’affrontement décisif entre l’armée d’Alexandre le Grand et celle de Darius III. Par cette bataille, considérée comme l’une des plus importantes de l’Antiquité par les forces impliquées, le royaume de Macédoine a vaincu définitivement l’empire perse achéménide. Cette bataille est parfois, quelque peu abusivement, appelée bataille d’Arbèles en référence à la cité d’Arbèles (Erbil dans le Kurdistan actuel), située à 100 km environ du champ de bataille.

[2] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[3] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc. et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.

[4] L’Hyrcanie est le nom qui dans l’Antiquité est donné aux régions d’Asie situées au sud-est de la Mer Caspienne (anciennement l’Océan Hyrcanien) au nord-est de l’Iran actuel, autour de l’actuelle Gorgan. L’Hyrcanie est une province de la Médie puis de l’empire perse des Achéménides et c’est à la frontière entre cette satrapie et la Parthie que Darius III, en fuite devant Alexandre le Grand, est assassiné en 330 av. jc. Plus tard cette région est englobée dans le royaume des Parthes.

[5] L’Empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières du Pont Euxin ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Irak, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et la Palestine, le Liban et jusqu’au nord de la Libye.

[6] L’Arie est le nom de l’une des satrapies de l’Empire perse Achéménide. Elle était située au Nord de la Drangiane et au Sud-est de la Parthie. Elle correspondait à la partie orientale du Khorāsān Iranien et à la région de Hérat dans l’Afghanistan actuel. Elle bordait principalement la vallée de la rivière Hari (Arios ou Areios en Grec) qui, dans l’antiquité, était considérée comme particulièrement fertile et riche en vin. Cette satrapie fut conquise par Alexandre le Grand en 330 av. jc. qui y fonda la ville d’Alexandrie d’Arie qui correspond à Hérat. Satibarzane, le satrape d’Arie se révolta après avoir fait semblant de se soumettre. Alexandre le Grand dut envoyer deux corps d’armée, dont l’un fut vaincu, pour venir à bout de sa résistance.

[7] La Sogdiane ou Sogdie est une région historique recouvrant en partie l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et l’Afghanistan et englobant les villes historiques de Samarcande et Boukhara et la vallée irriguée de Zeravchan (ancienne Polytimetus). Elle se situe au nord de la Bactriane, à l’est de Khwarezm et au sud-est de Kangju entre l’Oxus (Amou-Daria) et le Jaxartes (Syr-Daria). La Sogdiane fut la 18ème province de l’Empire perse achéménide, selon l’Inscription de Behistun de Darius 1er.

[8] Le Tabarestan est une région ancienne d’Iran. Elle s’étendait du sud et sud-est de la mer Caspienne sur un territoire de 500 km de long sur 70 km de large. Elle correspond aux provinces actuelles de Mazandéran, Gilan, Golestan et au nord de la province Semnan ainsi qu’une petite région du Turkménistan. Ses habitants sont les Tapuriens. Cette région a été soumise par Alexandre le Grand. Elle est connue des Grecs sous le nom de Tapurie.

[9] Les Mardes sont un peuple montagnard d’origine perse constitué d’éléments médo-perses à prédominance mède dont ils forment peut-être le noyau originel. Leur territoire est difficile à définir avec précision, les tribus mardes semi-nomades ayant migré au cours de leur histoire. Originaire du sud des monts Zagros, région qui correspond au Fars actuel (anciennement Perside), une partie des Mardes remontent vers le nord et s’installent dans l’Azerbaïdjan iranien et en Arménie, dans la partie septentrionale des monts Zagros.

[10] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[11] La bataille de l’Hydaspe oppose Alexandre le Grand à Pôros, râja indien du royaume de Paurava, en juillet 326 av. jc sur les rives de l’Hydaspe (ou Hydaspes), la Jhelum moderne, sur le territoire actuel du Pakistan. Les soldats macédoniens sont confrontés pour la première fois à un nombre important d’éléphants de guerre.

[12] La Province de Kerman est une des 30 provinces d’Iran. Cette région peut être considérée comme une des plus anciennes régions d’Iran, et avec le cours du temps, des ruines historiques de grande valeur ont pu être découvertes. Jiroft en est un exemple, où les traces d’une civilisation humaine datant d’environ 2500 ans av.jc ont été découverts par des archéologues.

[13] La Gédrosie est le nom antique d’une région qui correspond aujourd’hui au Balouchistan pakistanais. Elle est située au sud de l’Arachosie et de la Drangiane, à l’est de la Carmanie et à l’ouest de l’Indus. La Gédrosie a été une satrapie de l’empire perse achéménide, avec pour capitale Pura, site de l’actuel Iranshahr. En 325 av. jc, Alexandre le Grand, de retour d’Inde, a traversé la Gédrosie par le désert côtier du Makran, région particulièrement inhospitalière, couverte de marécages salés et comptant peu d’oasis. Cette terrible traversée, qui dure deux mois de la vallée du Purali jusqu’à Pura, aurait tué la moitié de ses effectifs soit 6 000 personnes. Les combats contre les habitants de la région sont d’une violence extrême. Alexandre divise ses troupes en trois corps, un dirigé par Ptolémée, un autre par Léonnatos et le troisième par lui-même, et ravage la région.

[14] Les accords de Babylone ou partage de Babylone ou partition de Babylone désignent l’attribution des territoires d’Alexandre le Grand à ses généraux après sa mort en juin 323 av. jc.

[15] Les accords de Triparadisos, conclus en 321 av. jc, réorganisent le commandement et les satrapies de l’empire d’Alexandre le Grand, mort en juin 323, après les accords de Babylone. Cette réorganisation se déroule au nord de la Syrie suite à la campagne malheureuse de Perdiccas en Égypte contre Ptolémée. Les principaux diadoques qui ratifient cet accord sont Antipater et Antigone le Borgne. Antipater est confirmé comme régent du royaume de Macédoine. Il est aussi attentif à contenir les ambitions de l’épouse de Philippe III, Eurydice. Le principal bénéficiaire de cet accord est Antigone. De rares Orientaux sont présents à la conclusion de ce traité : le nord de l’Inde, les Paropamisades, sont, par exemple, laissés à l’aristocrate bactrien Oxyartès, père de Roxane, elle-même épouse d’Alexandre.