Amenhotep III ou Aménophis III (vers 1388 av.jc-
Neuvième pharaon de la XVIIIème dynastie
Pharaon aux alentours de 1391/1390 av.jc à 1353/1352
Il règne 38 ans et 7 mois, mais certains égyptologues pensent à une corégence avec son fils Amenhotep IV à la fin de sa vie.
Fils de Thoutmôsis IV et de Moutemouia , une concubine de son père laquelle assume la régence lorsqu’il monte sur le trône à l’âge de 10 ou 12 ans. Son règne est une période de prospérité et de splendeur artistique sans précédent, alors que l’Égypte atteint l’apogée de sa puissance artistique et internationale. Lorsqu’il meurt, son fils lui succède en tant que Amenhotep IV, mais change ultérieurement son propre nom royal pour Akhénaton.
Amenhotep III compte parmi les plus grands bâtisseurs de l’Égypte ancienne. Sa grande épouse royale est Tiyi , fille de Youya Prophète de Min et de Touya ou Tyouyou . Il l’associe étroitement au pouvoir et à la fin de sa vie alors qu’il est très malade, la reine va l’aider énormément dans la gestion de l’État.
Il épouse aussi, en l’an X de son règne, Giloukhepa ou Gilu-Hepa , la fille de l’empereur du Mitanni [1] Shuttarna II . Il épouse ensuite la sœur du roi de Babylone [2], Tarhoundaradou, la fille du roi d’Arzawa [3], Tadukhipa ou Taduhepa , la fille de Tushratta , nouveau roi du Mitanni autour de l’an 36 de son règne, une fille de Kadashman-Enlil 1er , roi de Babylone, une fille du dirigeant d’Ammia [4] et enfin ses deux filles Iset et Satamon élevées au titre de grande épouse royale durant la dernière décennie de son règne. Il était courant qu’un pharaon épouse des femmes royales de différentes générations afin de solidifier les chances de succession. Ainsi, les mariages d’Amenhotep III à deux de ses filles ne sont pas invraisemblables. Des preuves que Satamon avait déjà été promue à ce titre en l’an 30 de son règne sont fournies par une inscription sur un vase découvert au palais royal de Malqata [5].
Amenhotep III mène l’Égypte à l’apogée de sa puissance. Ce n’est pas un guerrier. Durant son long règne, une seule expédition militaire est attestée en Nubie [6] en l’an 5 de son règne, pour réprimer une révolte.
Amenhotep III va préférer maintenir la supériorité de l’Égypte par la diplomatie et il va chercher à renforcer les relations avec le puissant Mitanni. Des accords commerciaux sont pris avec Chypre : un important quota de bois et de cuivre est fixé pour l’importation en Égypte, ce qui apporte à l’île une exemption de droits de douane.
Quand en l’an 2 de son règne (1406 av. jc), il prend pour épouse Tiyi, qui devient la grande épouse royale, il commande une série de grands scarabées dont le verso relate l’événement et que l’on retrouvera disséminés dans tout l’empire.
Le scribe [7] du roi, Amenhotep fils de Hapou , favori, directeur de tous les travaux du roi [8] est un Premier ministre de fait. Mérymosé devient vice-roi de Koush [9] après Amenhotep. Durant son règne, Bakenkhonsou est grand prêtre d’Amon [10].
La fin de son règne est marqué par une dégradation de la situation internationale. Les princes mitanniens de Syrie, pourtant alliés de l’Égypte, sont attaqués par une nouvelle puissance venue du Hatti [11], en la personne de l’empereur des Hittites [12], Soupilouliouma. Amenhotep n’intervient pas pour venir à leur secours, malgré les appels des princes. L’Égypte, au contraire, signe un traité avec le Hatti.
Le prince de Kadesh [13] et le roi d’Amourrou [14] intriguent pour former une coalition de petits États : là encore, Amenhotep laisse faire. Ces négligences vont laisser à son fils un empire où le désordre s’est installé.
L’Égypte, grâce à l’or nubien, est la première puissance financière du monde. On assiste à un développement des grandes villes en Égypte, surtout celles qui sont résidences royales [15].
Les Shardanes [16], sont employés comme mercenaires d’élite par Amenhotep III.
Il entreprend de nombreux chantiers depuis la Nubie jusqu’au nord du pays. Il fait agrandir considérablement le complexe de Karnak [17] en y faisant construire le temple de Louxor [18] par son architecte Amenhotep fils de Hapou.
On note sous son règne un raffinement des formes de l’art officiel [19].
L’ouverture du pays se poursuit sous le règne d’Amenhotep III et un syncrétisme religieux s’opère entre les dieux d’Égypte et ceux d’Asie. Le roi du Mitanni envoie à Amenhotep la statue miraculeuse de la déesse Ishtar de Ninive.
On considère parfois qu’Amenhotep III est l’un des initiateurs de l’art amarnien [20]. Il est l’introducteur de la religion d’Aton qui va être suivie par son fils.
Sa tombe est située dans la Vallée des singes [21], un ouadi [22] secondaire de la Vallée des rois [23].
Notes
[1] Mitanni (ou Mittani) était un royaume du Proche-Orient ancien dont le centre était situé au nord-est de la Syrie actuelle, dans le triangle du Khabur, à peu près entre le 17ème siècle et le 13ème siècle avant notre ère. Il était peuplé en majorité de Hourrites, peuple qui doit son nom actuel à la région appelée Hurri, qui semble recouvrir une grande partie de la Haute Mésopotamie. Son élite et sa dynastie régnante, bien que hourrites, préservent cependant des traits archaïques indo-aryens qui traduisent peut-être des origines de ce peuple. Le nom du royaume provient peut-être du nom d’un certain Maitta. Ses voisins l’appelaient de différentes façons : Naharina pour les Égyptiens, Hanigalbat pour les Assyriens, ou encore Subartu dans certains cas. À son apogée, le Mitanni domine un vaste espace allant de la mer Méditerranée jusqu’au Zagros, dominant alors de riches royaumes, notamment en Syrie (Alep, Ugarit, Karkemish, Qatna, etc.). Il rivalise avec les autres grandes puissances du Moyen-Orient de la période, les Égyptiens et les Hittites, avant que les conflits contre ces derniers et les Assyriens ne causent sa chute.
[2] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.
[3] L’Arzawa est un royaume et une région de l’Anatolie occidentale du 2ème millénaire av. jc. Son histoire nous est connue uniquement par des sources externes, provenant essentiellement du royaume voisin des Hittites, qui ont maintes fois combattu dans cette région. La localisation exacte de l’Arzawa est encore débattue. On le situe dans le sud-ouest de l’Anatolie, entre la Lycie et la Lydie postérieures. Il pourrait avoir été étendu jusqu’à la mer Égée. L’Arzawa est sans doute un royaume de culture louvite, comme l’attestent les noms des personnes originaires de ce pays et le fait qu’on y vé
[4] en Syrie moderne
[5] Malqata est un lieu situé dans la zone désertique au sud de Médinet Habou, sur la rive occidentale du Nil, face à Louxor en Égypte. C’est à cet endroit qu’était construit le palais d’Amenhotep III.
[6] La Nubie est aujourd’hui une région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, longeant le Nil. Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.
[7] Le scribe désigne dans l’Égypte antique un fonctionnaire lettré, éduqué dans l’art de l’écriture et de l’arithmétique. Omniprésent comme administrateur, comptable, littérateur ou écrivain public, il fait fonctionner l’État de Pharaon au sein de sa bureaucratie, de son armée ou de ses temples. Le scribe royal domine l’administration centrale. Les scribes supérieurs font partie de la cour de pharaon, ils ne paient pas d’impôts et n’ont pas d’obligations militaires.
[8] architecte royal
[9] Le Fils Royal de Koush ou vice-roi de Nubie, est une des fonctions les plus importantes de l’administration royale de l’Égypte du Nouvel Empire soit la troisième après celles des vizirs de Basse et de Haute Égypte. Cette fonction apparaît avec l’annexion de cette région par les pharaons de la XVIIIème dynastie. Parfois attribué à un membre de la famille royale, ce poste qui s’apparente à celui de gouverneur d’une province ou de préfet de région était étroitement lié à l’armée qui contrôlait cette région du Soudan qui fut le théâtre fréquent de rébellions matées le plus souvent lors d’expéditions punitives dont le but était de garantir les routes commerciales et l’accès aux mines d’or de la région, deux poumons économiques capitaux pour la civilisation égyptienne d’alors. L’Égypte d’alors étendait son influence de la 4e cataracte non loin de Kourgous aux rives de l’Euphrate, et seule cette partie nubienne de l’empire, qui subit de fait une véritable colonisation de la part des Égyptiens, fut gouvernée par un tel système. Dans les autres parties de l’empire sous contrôle égyptien, l’administration pharaonique se contenta le plus souvent de favoriser les roitelets locaux un peu sous la forme de protectorats. Avec le temps, le rôle du « Fils Royal » évolua au fur et à mesure des pérégrinations historiques du Nouvel Empire pour disparaître lors de la IIIème période intermédiaire à la suite de l’effondrement du système lors de la XXème dynastie et de la division du pays (anarchie libyenne). La capitale de la Nubie d’alors était Aniba.
[10] Le grand prêtre d’Amon est le plus haut rang de prêtre dans le sacerdoce du dieu Amon. Les premiers grands prêtres d’Amon apparaissent au début de la XVIIIe dynastie. Le sacerdoce d’Amon augmente en puissance au cours de cette dynastie par l’importance des hommages au dieu Amon d’Hatchepsout et surtout Thoutmôsis III.
[11] Hatti est un terme géographique et ethnique concernant l’Anatolie antique, et qui peut avoir plusieurs sens : Au IIème millénaire av. jc, c’est avant tout une région de l’Anatolie centrale, autour de la ville de Hattusha. Ce terme désigne également le peuple non-indo-européen qui est le premier connu à peupler cette région dans les premiers siècles du IIème millénaire av. jc, les Hattis, et leur langue, le hatti.
À partir du 17ème siècle av. jc, la région Hatti devient le centre du royaume dominé par l’ethnie hittite, qui la peuplent alors en majorité et prennent son nom. Ils sont désignés par les peuples voisins, tels les Égyptiens, les Babyloniens ou les Assyriens, comme étant les gens du pays Hatti, et leur royaume est le royaume du pays Hatti, d’où vient le terme contemporain de Hittite. Après la chute du royaume hittite au 12ème siècle av. jc, le terme Hatti subsiste et désigne la région du sud-est anatolien dans lesquels se constituent plusieurs royaumes dit « Néo-hittites », comme Karkemish, Karatepe, Tabal, etc. Ce terme se retrouve beaucoup dans les textes des rois assyriens de cette époque, qui conquièrent peu à peu chacun de ces royaumes du 9ème siècle à la fin du 7ème siècle av. jc. Le terme subsiste encore sous les Empires assyrien et babylonien pour désigner cette partie de l’Anatolie du sud-est ainsi que le nord de la Syrie.
[12] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.
[13] Qadesh ou Kadesh est une ville de la Syrie antique. Elle correspond au site actuel de Tell Nebi Mend, situé à 24 km au sud-ouest d’Homs, en amont du lac Qattina ou lac de Homs, sur la rive ouest de l’Oronte à proximité de la frontière libanaise. Elle fut le lieu de batailles dont la plus célèbre, qui eut lieu au début du 13ème siècle avant notre ère, opposa deux grandes puissances de l’époque : les armées de l’empire hittite menées par Muwatalli II et de l’Égypte menées par Ramsès II.
[14] Liban
[15] Thèbes, Memphis
[16] peut-être originaires de Sardes, en Asie Mineure
[17] Le complexe religieux de Karnak abusivement appelé temple de Karnak ou tout simplement Karnak comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, en Égypte, sur la rive droite du Nil. Le complexe de Karnak, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les pharaons successifs, de Sésostris 1er au Moyen Empire à l’époque ptolémaïque, s’étend sur plus de deux km², et est composé de trois enceintes. Il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité. Temple le plus important de la XVIIIème dynastie, il était consacré à la triade thébaine avec à sa tête le dieu Amon-Rê. Le complexe était relié au temple de Louxor par une allée de sphinx de près de trois kilomètres de long.
[18] Le temple d’Amon à Louxor ou Opet du sud est un temple égyptien voué au culte d’Amon. Situé au cœur de l’ancienne Thèbes, il fut construit pour l’essentiel sous les XVIIIème et XIXème dynasties. Il était consacré au dieu dynastique Amon sous ses deux aspects d’Amon-Rê céleste et d’Amon-Min (divinité ithyphallique). Les parties les plus anciennes actuellement visibles remontent à Amenhotep III et à Ramsès II. Par la suite, de nouveaux éléments furent ajoutés par Chabaka, Nectanébo 1er et les Lagides. À l’époque romaine, le temple fut partiellement transformé en camp militaire. L’édifice, l’un des mieux préservés du Nouvel Empire, a gardé de nombreuses structures en élévation. Outre le grand pylône, le visiteur peut ainsi traverser deux grandes cours à péristyle et la colonnade monumentale qui relie ces deux cours. Le sanctuaire proprement dit, résidence de l’Amon d’Opet, de même que les salles qui précèdent ont conservé une bonne partie de leur couverture en dalles.
[19] statuaire, relief, peinture
[20] L’art amarnien, durant la période amarnienne (1353-1336 avant notre ère), est une forme d’art de l’Égypte antique qui révolutionna les canons artistiques classiques en place depuis plusieurs siècles. C’est sous le pharaon Amenhotep III que le style amarnien naît, style qui se développera surtout sous le règne de son successeur, Akhenaton. C’est surtout dans la nouvelle capitale de ce dernier, Akhetaton, que cet art se développa. On le retrouve par exemple dans les sépultures des nobles qui furent enterrés dans les environs. Le nom arabe d’Akhetaton est Tell el-Amarna, d’où l’adjectif « amarnien ».
[21] La vallée des Singes est le nom donné à un ouadi s’enfonçant dans la montagne libyque, à l’ouest de la vallée des Rois, appelé aussi la vallée de l’Ouest
[22] Un oued ou wadi, est un terme générique désignant un fleuve d’Afrique du Nord et des régions semi-désertiques à régime hydrologique très irrégulier. Surtout présent dans les régions endoréiques, il s’anime lors des rares et fortes précipitations. Le plus souvent à sec, il peut connaître des crues spectaculaires, charriant d’énormes quantités de boue, qui provoquent parfois des changements de lit. C’est pourquoi on dit d’un oued qu’il roule plus qu’il ne s’écoule.
[23] La vallée des Rois est une région d’Égypte située sur la rive occidentale du Nil à hauteur de Thèbes (aujourd’hui Louxor). La vallée est formée d’une faille dans la chaîne Libyque qui débouche sur la vallée du Nil. La vallée des Rois est connue pour abriter les hypogées de nombreux pharaons du Nouvel Empire, mais elle abrite également les tombeaux de certaines épouses et enfants de pharaons, ainsi que celles de nobles dont les pharaons ont voulu récompenser la valeur. C’est à partir de la période du règne de Ramsès 1er que la vallée des Reines est usitée, même si quelques épouses seront encore inhumées avec leurs maris par la suite.