Issu d’une famille de hauts fonctionnaires provençaux, son père Isnard de Cabassolle avait été viguier [1] d’Arles et son oncle Jean professeur de droit civil.
Entré tout jeune chez les franciscains [2], il fut ordonné prêtre en 1317, à l’âge de 12 ans. Il devint chanoine du chapitre de la cathédrale de Cavaillon [3] le 22 mars 1328, puis passa à la cathédrale d’Apt [4] où il fut fait archidiacre [5] le 26 août 1330 et prévôt [6] le 18 septembre 1331.
Remarqué à Apt par la famille de Sabran, il fut recommandé à Robert d’Anjou , roi de Sicile et comte de Provence. Dès 1333, à Naples, il fut chargé de diriger la chancellerie de la reine Sanche.
Un an plus tard, le 17 août 1334, il était nommé évêque de Cavaillon et le roi Robert le désignait comme tuteur de sa petite-fille Jeanne de Naples. Le 19 janvier 1343, sur son lit de mort, le souverain lui donnait la charge de Régent de son royaume.
Inquiet de la tournure des évènements napolitains, Clément VI chargea Pétrarque d’une ambassade au cours du mois de septembre 1343. Arrivé sur place, le poète constata que le Royaume était comme un navire que ses pilotes conduisaient au naufrage, un édifice ruiné soutenu par le seul évêque de Cavaillon.
Pétrarque avait connu l’évêque de Cavaillon, en 1337, lors de sa première installation à la fontaine de Vaucluse [7] où le prélat possédait une résidence. Le poète, qui lui dédia son “De Vita Solitaria,” considérait que ce diocèse était un bien petit évêché pour un si grand homme.
Le poète était souvent l’invité de l’évêque qui lui offrait à boire du “Falerne de Bourgogne”. Devenu cardinal de Sabine, Cabassolle resta toujours l’intime du poète vauclusien. Celui-ci s’en félicita quand, en 1374, il nota : Monseigneur de Sabine est le seul qui, depuis 34 ans, soit resté à mon égard dans les mêmes sentiments et n’ait jamais varié sinon de mieux en mieux.
Déjà, en 1338, l’évêque de Cavaillon avait rédigé les statuts du Comtat Venaissin [8]. Le 17 novembre 1362, Urbain V désigna cet homme d’expérience comme recteur du Comtat.
Au cours de son rectorat, il eut l’immense tâche de faire barrage aux mercenaires qui menaçaient les États pontificaux. Agissant en fin politique, le 30 novembre 1363, le recteur signa une alliance défensive avec Foulques d’Agoult, Sénéchal de Provence, Raoul de Louppy, gouverneur du Dauphiné, et la Savoie.
Elle fut utile puisqu’en 1364, il dut faire face au retour des Tard-Venus [9], en 1365, aux menaces des Grandes Compagnies [10] de Bertrand Du Guesclin, et, en 1367, aux armées de Louis d’Anjou, conduites par le même Du Guesclin, qui envahirent la Provence et menacèrent le Comtat. Il s’en tira chaque fois avec réussite et efficacité.
Aussi, lors de son retour à Rome en 1367, Urbain V le nomma Vicaire au temporel pour le Gouvernement des États d’Avignon, du Comtat Venaissin et des terres adjacentes. Philippe de Cabassolle fut très certainement l’un des plus grands, sinon le plus grand, des recteurs comtadins.
Urbain V ne pouvait qu’honorer un administrateur aussi efficient. Le 18 août 1361, il le nomma patriarche de Jérusalem. Ce fut à ce titre que, le 4 mai 1365, il présida le concile d’Apt conjointement avec les archevêques d’Arles, d’Embrun et d’Aix. Si le patriarche considérait Apt comme sa seconde cité, il resta administrateur du diocèse de Cavaillon jusqu’au 23 septembre 1366 date à laquelle il devint évêque de Marseille, charge qu’il occupa jusqu’au 9 décembre 1368.
La pourpre cardinalice lui fut remise lors du consistoire du 22 septembre 1368. Cardinal-prêtre au titre des Saints Marcellin et Pierre, il fut dénommé le cardinal de Jérusalem. Il entra à la Curie le 4 juin 1369 et reçut le titre de cardinal-évêque [11] de contemporaine, les cardinaux-évêques sont choisis par le pape parmi les cardinaux des deux autres ordres (cardinaux-prêtres et cardinaux-diacres), Sabine le 31 mai 1370.
Il participa à la fin décembre 1370 au conclave qui élit Grégoire XI. Le Souverain Pontife le mit tout de suite en charge d’une légation en Ombrie, Toscane et Campanie avec le titre de Vicaire Général de Bologne. Il avait à ses côtés pour le conseiller Guillaume de Gascogne, évêque de Sienne, et comme Capitaine Général des armées pontificales Amanieu de Pomiers, chevalier du diocèse de Bazas [12], dit le Vieux Gascon.
Mais l’âge empêchant le cardinal de Sabine d’agir à sa guise, il fut suppléé le 19 mai 1371 par le cardinal Pierre d’Estaing . Il décéda le 27 août 1372 à Pérouse [13]. À sa demande, il fut d’abord inhumé dans la chartreuse de Bonpas [14]. De nos jours, son tombeau se trouve dans l’église paroissiale de Caumont-sur-Durance [15] dans le Vaucluse.
Philippe de Cabassolle écrivit en 1355 un “Libellus hystorialis Marie beatissime Magedelene” [16]. Cette œuvre est particulièrement intéressante car elle contient des renseignements inédits sur l’auteur et les souverains qu’il a servis. Il représente surtout un précieux document sur les origines et les premiers temps du sanctuaire provençal de sainte Marie-Madeleine à Saint-Maximin dans le Var où fut construit un couvent et une basilique dédiés à la sainte. L’auteur y révèle également son profond attachement à la dynastie angevine de Naples.