Né à Brignoles [1], fils de Charles II roi de Naples dit le Boiteux, et de Marie de Hongrie ainsi que le petit-neveu de Louis IX.
Vers l’âge de 7 ans, il fut confié à un gouverneur d’origine normande, Guillaume de Manerie, et à un prêtre, Jean de Bymaret qui devait devenir chanoine de Forcalquier [2]. Il reçut une éducation digne de son rang de prince, mais fut très jeune attiré par la vie religieuse. Dès qu’il eut une douzaine d’années, deux religieux de l’ordre de saint François [3] s’occupèrent du jeune garçon.
La situation internationale vient bouleverser cette vie régulière. En effet après les vêpres siciliennes [4] du 30 mars 1282 qui avaient chassé les Angevins de la Sicile, le roi Charles d’Anjou veut reprendre possession de l’île rebelle. Dès le mois de mai 1282, il fait entreprendre à Marseille la construction d’une flotte commandée par Jean de Vivaud qu’il envoie à Messine [5]. L’année suivante, l’amiral Barthélemy Bonvin rassemble plusieurs navires mais les résultats sont décevants. Tout d’abord, Guillaume Cornut est battu par les Aragonais le 8 juillet 1283 lors de la bataille de Malte [6], puis la flotte marseillaise et napolitaine est à nouveau défaite le 5 juin 1284 par l’amiral Ruggero de Laura. Au cours de cette dernière bataille, le père de Louis, Charles qui est seulement prince de Salerne mais héritier de la couronne de Naples, est fait prisonnier.
Charles 1er d’Anjou étant mort à Foggia [7] le 7 janvier 1285, le prince de Salerne devient roi de Naples sous le nom de Charles II mais reste en prison.
À la suite du traité d’Oloron [8] de la fin juillet 1287 et après différentes tractations, Charles II est libéré en 1288 mais à la condition que trois de ses fils, Louis, Robert et Raymond Bérenger, soient livrés en otage au roi d’Aragon ainsi que soixante seigneurs provençaux et vingt notables marseillais.
Louis sera donc prisonnier en Catalogne pendant sept ans, soit de l’âge de quatorze à vingt-et-un an. Il fut d’abord emprisonné au château de Moncade près de Barcelone, puis dans celui de Ciurana dans la province de Tarragone. Les conditions de détention dans ce dernier lieu étaient particulièrement dures et il y contracta probablement la tuberculose dont il mourut peu de temps après.
Il fit part de son intention de se faire prêtre à son père qui ne s’y opposa pas. Pendant sa détention, le pape Célestin V le nomma en octobre 1294 évêque de Lyon, mais cette consécration ne fut pas effective.
Grâce à la forte implication du pape Boniface VIII, un traité de paix est signé à Anagni [9] entre le roi d’Aragon et le roi de Naples le 12 juin 1295. Charles II s’apprêtait à se rendre en Catalogne lorsqu’il reçut la terrible nouvelle du décès de son fils aîné Charles Martel qui faisait de Louis d’Anjou l’héritier de la couronne de Naples s’il ne s’était pas désisté au profit de son frère Robert. Le 31 octobre 1295 à Figuières [10], une rencontre eut lieu entre le roi Jacques II d’Aragon et Charles II d’Anjou au cours de laquelle les prisonniers furent libérés.
La libération de Louis ne change pas sa décision de rentrer dans les ordres. De retour en Provence, il visite les églises et couvents, il porte secours aux pauvres et aux prisonniers. Partout il reçoit un accueil chaleureux. Arrivé à Naples, il se retire au château de l’Œuf [11] et y rassemble une communauté de frères mineurs.
Le pape Boniface VIII qui n’avait pas oublié la nomination de son prédécesseur, le nomme évêque de Toulouse. La cérémonie de prise d’habit qui eut lieu le 23 décembre 1296 fut suivie de la consécration par le pape Boniface VIII dans la basilique Saint-Pierre le 30 décembre 1296.
Le 5 janvier 1297, Louis quitte la ville éternelle pour retourner à Naples où sa venue suscita un enthousiasme général. Pour se rendre dans son diocèse de Toulouse, il alla à Florence et Brignoles puis fit un long détour par Paris pour rencontrer le roi de France Philippe IV le Bel. Il rejoignit Toulouse au mois de mars 1297 pour administrer son diocèse. Reçu par les capitouls et les différents corps et corporations, il fait une entrée triomphale. Il transforme son palais et y introduit l’ordre et la simplicité. Il effectue plusieurs visites notamment à Barcelonne.
Persuadé que Boniface VIII l’avait consacré évêque parce qu’il était fils de roi et non parce qu’il était un simple prêtre, il envisage de démissionner. Ayant appris que son grand-oncle Louis IX serait canonisé le 11 août au cours d’une cérémonie à laquelle il était invité, il décide de se rendre à Rome.
Au cours de son voyage, il s’arrête à Tarascon [12] puis à Brignoles, sa ville natale. Là il tombe gravement malade et meurt le 19 août 1297 à l’âge de 23 ans. Le couvent des frères mineurs à Marseille fut choisi pour être sa sépulture.
Sa réputation de sainteté fut si grande que l’évêque de Marseille, Durand de Trésémines , sollicita du pape Clément V un procès de canonisation qui fut confié à Guy de Neufville évêque de Saintes [13], et à Raymond évêque de Lectoure [14].
Le 7 avril 1317, le pape Jean XXII, ancien official de Louis d’Anjou à Toulouse, publie en présence du roi Robert 1er de Naples la bulle de canonisation.
Le 8 novembre 1319 le roi Robert, accompagné de son épouse la reine Sancia de Majorque et de nombreux cardinaux, se rendit à Marseille pour assister au transfert des restes de son frère du caveau où il reposait au maître-autel du couvent des frères mineurs.