Claudius Postumus Dardanus
Préfet du prétoire des Gaules du début du 5ème siècle
Dardanus est issu d’un milieu modeste et doit à ses études et à ses capacités le fait d’atteindre le statut de patrice [1].
Dardanus a eu une carrière réussie qui le mena aux plus hautes fonctions. Questeur [2], il accède au poste très important de maître des archives. Il est ensuite gouverneur de Viennoise puis nommé préfet du prétoire des Gaules [3], vraisemblablement une première fois en 401-404 ou en 406-407. Il est rappelé en 412-413 après le transfert en 407 du siège de la préfecture du prétoire des Gaules de Trèves [4] à Arles [5].
Lors de son second mandat, il se déclara contre Jovin, considéré comme usurpateur de l’autorité impériale et à qui il fit subir le dernier supplice après la défaite de Jovin à Valence contre le roi des Goths [6] Athaulf.
Dardanus se convertit ensuite au christianisme et se retire dans les Alpes où il entreprend des relations épistolaires avec saint Jérôme et saint Augustin. Il appartient à une vague de cadres de l’Empire convertis au christianisme.
Admirateur de saint Augustin avec lequel il avait noué des liens épistolaires, il est à l’origine de la fondation d’un établissement appelée Théopolis [7], établi sur son domaine, pour lequel il fit construire une route menant à l’actuel village de Saint-Geniez [8] depuis Sisteron, et entoure Théopolis de murailles.
Cette cité est connue par une longue inscription latine gravée sur un rocher à Saint-Geniez, appelé la Pierre écrite, dans laquelle sont mentionnés ses titres, le nom de son frère Claudius Lepidus, et de sa femme Naevia Galla
Notes
[1] c’est-à-dire au patriciat, qui est plus une fonction honorifique au Bas-Empire que l’acquisition du statut effectif de sénateur
[2] Dans la Rome antique, les questeurs sont des magistrats romains annuels comptables des finances, responsables du règlement des dépenses et de l’encaissement des recettes publiques. Ils sont les gardiens du Trésor public, chargés des finances de l’armée et des provinces, en relation avec les consuls, les promagistrats et les publicains. Maintenue sous le Haut Empire avec son rôle comptable, cette fonction se réduit sous le Bas-Empire à une magistrature honorifique et coûteuse exercée uniquement à Rome.
[3] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.
[4] Ancienne colonie romaine, elle est fondée à l’époque romaine, en l’an 16 av. jc sous le nom d’Augusta Treverorum, sur le site du chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires. Le pont romain en pierre qui franchit la Moselle est édifié en 45 ap. jc, en remplacement d’un premier pont de bois : c’est le plus ancien pont d’Allemagne encore debout. Colonie romaine et place-forte très importante dans la défense contre les « Barbares », elle est dotée d’une enceinte abritant la plus grande surface urbaine de Gaule (282 hectares). Il subsiste de cette enceinte la Porta Nigra, monumentale porte fortifiée devenue le symbole de la ville, ainsi que quelques fondations des murs d’enceinte. Grande métropole marchande à partir du 2ème siècle, devenue l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du 3ème siècle et siège d’un atelier monétaire impérial à partir de 294, Trèves est alors qualifiée de « seconde Rome » ou Roma Secunda. Au début du 5ème siècle, au cours des invasions germaniques, Trèves est attaquée et pillée plusieurs fois par les Francs. Peu auparavant, la préfecture des Gaules est transférée de Trèves à Arles
[5] Le nom d’Arles dérive d’Arelate, mot d’origine celtique signifiant lieu situé près de l’étang, par référence aux terrains marécageux qui entourent la cité. Durant l’âge du fer, Arles constitue l’un des principaux oppida de la Celtique méditerranéenne. Vers 50 av. jc, Jules César appelle encore la cité Arelate dans ses Commentaires sur la Guerre civile. Cette ville, dont les habitants sont appelés Arlésiens, a en effet plus de 2 500 ans. Des monuments remarquables ont été construits pendant l’Antiquité à l’époque romaine, comme le théâtre antique, les arènes, les Alyscamps ou encore le cirque romain.
[6] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.
[7] Cité de Dieu
[8] Dans l’Antiquité, les territoires des communes de Chardavon et de Saint-Geniez font partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud des Baronnies à la Durance, et recouvre une partie du massif des Monges. Les Sogiontiques sont fédérés aux Voconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au 2ème siècle, ils sont détachés des Voconces et forment une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron). Le territoire était habité sous le Haut Empire romain, comme l’attestent les découvertes de surface (aucune fouille entreprise). Chardavon est un des emplacements avancés pour la cité de Théopolis fondée par Dardanus, un préfet du prétoire du Bas-Empire romain, le site étant isolé et protégé par les montagnes.