Né le 18 mars à Vila Viçosa [1], il fut d’abord connu sous le nom de Jean II, 8ème duc de Bragance. Fils de Théodose II de Bragance , et d’Anne de Velasco.
Les ducs de Bragance étaient les plus riches, les plus nobles, et les plus puissants seigneurs de toutes les Espagnes, depuis le début du 15ème siècle. Ils avaient le droit de justice et le droit d’anoblir. Leurs terres étaient hors de l’administration et de la justice royales, et ils nommaient leurs gentilshommes à des charges rétribuées, royales, réservées à cet effet par la couronne.
Ils étaient ducs de Bragance, de Guimarães, de Barcelos, marquis de Vila Viçosa, comtes de Arraiolos, d’Ourém, et de Neiva, etc., et possédaient l’office héréditaire de connétable de Portugal [2]. Leurs terres étaient distribuées largement, partout au Portugal.
Ils étaient aussi à cette époque les seuls à avoir droit à l’appellation d’Excellence, à défaut de celle d’Altesse, réservée a leurs beaux-frères, les princes et les infants légitimes de Portugal. Les ducs avaient ainsi des liens de parenté avec plusieurs familles régnantes européennes, dont les Habsbourg de Vienne et de Madrid, les Parme, et les Savoie, notamment.
Le 1er décembre 1640, Jean II de Bragance accepta la couronne portugaise, et permit la révolution aristocratique qui déposa au Portugal et son empire tricontinental, sans coup férir, le roi Philippe III, aussi Philippe IV de Castille, d’Aragon, de Naples, etc., dit Philippe IV d’Espagne. Il convoqua le parlement portugais au mois de janvier 1641, qui ratifia son élection à la couronne de ses ancêtres, et vota l’argent nécessaire pour la guerre contre les Pays-Bas au Brésil, en Inde et en Afrique, et contre la Castille, en Europe, en Asie, et en Amérique du Sud. En effet, son accession au trône portugais marque l’entrée du Portugal dans la Guerre de Trente Ans [3], qu’il dut mener tant chez lui comme outre-mer, pour récupérer ses possessions attaquées par la Hollande, l’Angleterre et la France, durant la période de la dynastie des Habsbourg dépossédés.
Le roi Jean IV s’était vu offrir le trône par les fidalgos portugais [4] en sa qualité de petit-fils héritier de la princesse Catherine de Portugal , duchesse de Bragance par son mariage, qui était elle la fille du prince Édouard ou Duarte du Portugal , duc de Guimarães, et de sa femme la princesse Isabelle de Bragance , petite-fille du roi Manuel 1er de Portugal.
Jean IV fut un grand roi, il régna de 1640 à 1656, et son règne assista aux premières victoires des armes portugaises contre les castillanes, considérées invincibles jusque-là, et réussit l’expulsion des Hollandais du nord du Brésil, de l’Angola, et de Sao Tomé-et-Principe. Il lutta aussi en Inde, signa la paix en Europe avec la Hollande, et établit l’alliance avec la France contre la Castille, tant que dura le consulat de Cromwell en Angleterre, et jusqu’à la Paix des Pyrénées [5], moment où Mazarin abandonna son allié portugais, qui se tourna vers l’alliance anglaise, avec le mariage de la princesse Catherine. Mais à ce moment-là, Jean IV était déjà mort, et ce fut la reine sa femme, régente, qui continua son œuvre.
Jean IV pris aussi d’importantes mesures de modernité à l’armée, et a l’administration portugaises. Il divisa le gouvernement en secrétariats d’État différenciés, plus tard appelés ministères. Il fit créer le Conselho Ultramarino [6] pour décider toutes les questions administrative et coloniales d’une manière centralisée.
Comme tous les Bragance, de tout temps, Jean IV fut aussi un passionné amateur de musique, dont il ne pouvait se passer, spécialement la musique religieuse. Les maîtres de chapelle, tant au palais de Vila Viçosa que plus tard au Paço da Ribeira [7], demeurèrent fameux. Les compositeurs de son temps lui soumettaient leurs œuvres pour qu’il les corrige.
Jean IV de Portugal reste connu lui-même comme compositeur musical, dont la pièce la plus connue est l’Adeste Fideles, mais qu’on croit passée du Portugal à l’Angleterre avec les musiciens de sa fille, la reine Catherine de Bragance, femme de Charles II, et adoptée par son beau-frère Jacques II d’Angleterre.