Il entra en fonction à l’extrême fin du règne de l’empereur Phocas, renversé et exécuté sur l’ordre d’Héraclius le 5 octobre 610. Il fut ensuite jusqu’à sa mort, pendant vingt-huit ans, l’un des principaux collaborateurs de l’empereur Héraclius, et leurs deux noms sont restés étroitement associés.
Il fut l’une des plus fortes personnalités à avoir occupé la fonction de patriarche de Constantinople.
D’origine syrienne, ses parents appartenaient sans doute à l’Église jacobite [1]. Il avait été diacre de la basilique Sainte-Sophie avant d’être élu patriarche.
Le 5 octobre 610, jour même de l’exécution de Phocas, Serge 1er couronna Héraclius empereur dans la chapelle Saint-Étienne du palais impérial. Aussitôt après, dans le même lieu, il célébra le mariage d’Héraclius et de Fabia Eudocia et couronna cette dernière impératrice. Fabia Eudocia mourut le 13 août 612. Quelque temps plus tard entre 614 et 623 selon les historiens, Héraclius décida d’épouser sa nièce Martine malgré le scandale public et l’interdiction que faisait l’Église des mariages entre parents si proches.
Serge 1er fit quelques remontrances, mais accepta de célébrer le mariage et de couronner Martine.
Le patriarche joua un rôle très important dans les guerres défensives menées à cette époque, à l’est contre les Perses, dans les Balkans contre les Slaves et les Avars. En 618, l’empereur ayant manifesté sa volonté d’abandonner Constantinople comme capitale pour s’installer à Carthage, ce fut Serge 1er qui l’en dissuada. Le 25 mars 624, Héraclius et Martine quittèrent la capitale pour l’Orient afin de diriger de plus près la guerre contre les Perses. Ils n’y revinrent qu’en 628 ou au début de 629, après la victoire contre l’empire rival. Pendant cette période, auprès du très jeune empereur Constantin (futur Constantin III) couronné dès 613, Serge 1er et le maître des offices [2] Bonus exercèrent une régence à Constantinople.
Du 29 juin au 8 août 626, la capitale fut assiégée par une immense armée composée d’Avars et de Slaves, sous le commandement du khan des Avars. Au même moment, une armée perse commandée par le général Schahr-Barâz occupait la rive asiatique du Bosphore [3]. En ce péril extrême, Serge 1er apparut comme l’un des piliers de la résistance. Il promena notamment l’icône de la Mère de Dieu de l’église des Blachernes sur les murailles et dans les rues de la ville. La piété attribua ensuite le salut de la ville à cette image de la Théotokos brandie devant l’ennemi par le patriarche.
Serge Ier accepta également que l’Église de Constantinople prenne sa part de l’effort de guerre, dès 612, le personnel de la basilique Sainte-Sophie fut fortement réduit. En 622, le patriarche céda les objets en métal précieux de son trésor pour les faire fondre.
Serge 1er est surtout resté célèbre par les efforts qu’il déploya pour restaurer l’unité religieuse de l’empire, déchiré par le schisme entre les partisans du concile de Chalcédoine de 451 [4] et ceux du monophysisme [5] notamment l’Église jacobite de Syrie [6] et l’Église copte [7]. Ces tentatives, fortement encouragées par l’empereur Héraclius, paraissaient cruciales pour souder l’empire contre les Perses, puis contre les Arabes.
Dès 616, Nicétas , cousin d’Héraclius et préfet d’Égypte, facilita au moins des pourparlers d’union entre Athanase dit le Chamelier , patriarche jacobite d’Antioche, et Anastase, patriarche copte d’Alexandrie. Il s’agissait donc déjà d’unifier les rangs monophysites, eux-mêmes fortement divisés, et l’accord conclu ne semble d’ailleurs guère avoir survécu à la mort d’Anastase en 619.