Issu d’une grande famille de Touraine, Sainte-Maure est un clerc qui devient docteur ès-loi. Doyen [1] du chapitre de Tours, il est dans les années 1320 au service du comte Philippe de Valois. En 1327 il est ainsi chargé par son maître d’enquêter sur les finances du Valois.
En 1328, le comte de Valois devient le roi Philippe VI et Sainte-Maure profite de son ascension en devenant Maître des requêtes [2]. Il est à ce titre l’un des plus proches collaborateurs du chancelier Mathieu Ferrand. Il commande plusieurs chartes et s’affirme comme le principal maîtres des requêtes de la cour. Il se rend en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle pour le compte du roi, puis dirige une mission diplomatique envoyée auprès du roi d’Aragon Alphonse IV .
En 1329, Sainte-Maure est nommé chancelier [3] de France à la suite de Mathieu Ferrand. Lors des dix-huit premiers mois de son cancellariat, il n’exerce pas un rôle important au sein du gouvernement royal.
Après la chute de Robert d’Artois en 1331, auquel il a semble-t-il eu sa part, cet homme d’autorité jouit d’une grande influence sur le Conseil royal et, assisté de Pierre Forget et de Martin des Essars , fait office de principal ministre.
Personnage peu scrupuleux et avide, il cumule les prébendes, obtenant ainsi en parallèle la trésorerie de Laon et le doyenné de Saint-Martin de Tours. Pour entretenir sa clientèle, il n’hésite pas à recourir aux pourboires. La fortune qu’il laisse à son décès apparaît très importante et les soupçons de prévarication qui pèse sur sa personne sont nombreux. Le chancelier refuse toutefois en 1331 l’évêché de Noyon [4], après n’avoir pu obtenir de Jean XXII le siège archiépiscopal de Rouen.
Le chancelier Sainte-Maure joue aussi un grand rôle diplomatique et conclut ainsi en 1331 des accords de paix avec l’Angleterre. Il négocie également une alliance avec le duché de Brabant, accord qui manque de mener à une guerre avec le comté de Flandre en août 1334.
Alors que sa situation politique commence à se fragiliser, il meurt opportunément en janvier 1335. Miles de Noyers lui succède comme conseiller principal.
Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Robert-Henri Bautier, Recherches sur la chancellerie royale au temps de Philippe VI, Bibliothèque de l’école des chartes, 1965